G20

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Les grandes puissances se sont retrouvées à New Delhi. Un bilan jugé « décevant » par Emmanuel Macron mais qui fut au contraire salué par ses homologues des Brics +.

Le G20 de New Delhi augure l’avènement d’un nouveau monde, libéré de l’hégémonie, vraiment multipolaire, où la souveraineté des nations revient au premier plan.

Au cœur de la fatigue informationnelle, désormais surnommée « infobésité », nous pouvons parfois nous demander ce qui – au milieu du flot continu d’informations qui nous parvient – s’inscrira dans l’Histoire du monde. En clair, il s’agit de trier le bon grain de l’ivraie, de séparer l’instantané de l’essentiel. Le G20 qui vient de se dérouler à New Delhi, sous présidence indienne, restera sans doute comme un événement clef de ce premier quart de siècle. Un moment de bascule ; le premier sommet du nouveau monde. Comprendre, la première rencontre internationale postérieure à la révolution Brics +.

Au cœur de l’été, lors de leur quinzième sommet à Johannesburg, les cinq Brics ont fait le choix, à la surprise générale de l’Occident, de s’ouvrir à six puissances nouvelles. Ainsi, en plus du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, il faudra compter, dès le 1er janvier 2024, sur la présence des nations suivantes : l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie. Les 11 États « Brics + » s’avancent désormais groupés, malgré certaines divisions internes, notamment entre la Chine et l’Inde.

Les Brics + rebattent les cartes

Il faut sans doute voir la main de la Chine derrière cet élargissement massif, que ne souhaitaient ni l’Inde ni le Brésil, plutôt favorables à un maintien « à cinq » pour l’instant. Le choix des nations retenues est particulièrement intéressant. L’arrivée conjointe de l’Iran chiite et de l’Arabie Saoudite sunnite – pourtant rivales centenaires – tient du tour de force. L’Argentine, nation affaiblie par la crise économique, possède toutefois la richesse de sa langue : l’espagnol.

Les Émirats arabes unis, richissimes et militairement puissants, seront un renfort de poids, tout comme l’Égypte. Enfin l’Éthiopie, puissance principale de la corne de l’Afrique et seul pays africain à n’avoir jamais subi la colonisation, apportera sa pierre à l’édifice. Sa capitale, Addis-Abeba, abrite le siège de l’Union africaine. L’Éthiopie est enfin la porte d’entrée de la Chine sur le continent noir.

Notons aussi que d’autres nations ont été « recalées » et devront patienter encore. Comme la Biélorussie, l’Algérie ou des ennemis historiques des États-Unis, Cuba et Venezuela.

Vers un monde vraiment multipolaire

Ainsi, le G20 de New Delhi s’est-il inscrit dans ce cadre nouveau, vraiment multipolaire. L’image forte de ce sommet a sans doute été le moment de recueillement à Raj Ghat, le Mémorial de Gandhi. Pieds nus, les grands dirigeants du monde ont effectué une prière pour la paix. Joe Biden s’est retrouvé à seulement quelques mètres du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Rédiger le communiqué final fut un vrai casse-tête. Il illustre à lui seul la différence de vision entre les pays du G7 (États-Unis, Canada, UE et Japon) et leurs homologues du nouveau monde.

Au sujet de l’Ukraine, toute condamnation de la Russie a été rejetée. L’Inde et le Brésil, toutes deux puissances d’équilibre, ont manœuvré pendant plus de vingt heures pour aboutir à un communiqué commun qui appelle « à la cessation des destructions militaires et autres attaques sur les infrastructures ». Kiev réagit à ce communiqué qu’elle juge trop timoré : « Il n’y a pas de quoi être fier ». Sergueï Lavrov s’estime satisfait : « Nous avons réussi à empêcher l’Occident d’ “ukrainiser” l’agenda du sommet ».

Le rôle pivot du Brésil

Quant au climat, les sept occidentaux se sont là encore heurtés au mur des Brics +. Ces pays, qui pour un certain nombre sont toujours en développement, refusent d’élaborer une stratégie de sortie des hydrocarbures fossiles. Lula résume la position des Brics + : « Sous prétexte de protéger l’environnement, ce néocolonialisme vert impose des barrières commerciales et des mesures discriminatoires ». Emmanuel Macron fait part de sa colère sur le réseau social X : « Je vois naître un discours qui consisterait à dire qu’on pourrait continuer à vivre durablement avec le pétrole tout en réussissant la transition climatique. C’est faux ».

Dernière grande décision du G20 de New Delhi : l’intégration au groupe de l’Union africaine, au même titre par exemple que l’UE. L’entièreté du continent noir pourra désormais dire son mot grâce à l’organisation. L’an prochain, le G20 se déroulera à Rio de Janeiro. D’une puissance des Brics à l’autre…

Lula, qui joue un rôle décisif sur la scène mondiale, souhaite y inviter Vladimir Poutine, bien qu’il fasse l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. En marge du sommet, Lula déclare : « Je peux vous dire que si je suis président du Brésil et s’il vient au Brésil, il n’y a pas de raison qu’il soit arrêté ». Rio de Janeiro sera-t-elle le cadre d’une conférence de paix pour l’Ukraine, où toutes les parties seront représentées pour négocier et faire cesser enfin ce conflit sanglant ? La diplomatie brésilienne s’active en ce sens, appuyée par tous les Brics +. Et demain par la France ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.