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Le G20 de Bali (Indonésie) consacre la prééminence de « l’Univers Pacifique », nouveau centre du monde.

Les grands de ce monde se retrouvent pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre d’Ukraine. Sans Vladimir Poutine, qui a finalement refusé de faire le voyage.

Pas de photo de famille cette année. Ce n’est plus tellement l’esprit du temps. On s’embarrasse moins à faire semblant. Le « Groupe des 20 » se réunit au bout du monde, en Indonésie, sur l’île paradisiaque et luxuriante de Bali, dans un paysage de carte postale qui tranchera, forcément, avec un équilibre mondial en pleine décomposition.

Emmanuel Macron aura l’occasion, durant ces journées cruciales, de s’entretenir avec Xi Jinping, Narendra Modi ou encore Joko Widodo, le président indonésien, hôte et maître des lieux. L’Indonésie est une puissance presque invisible sur la scène mondiale. Elle est pourtant le quatrième pays le plus peuplé du monde, avec 279 millions d’habitants. Appuyée sur une solide tradition de « non-alignée », Jakarta ménage de bonnes relations avec Washington et Pékin. Pour l’instant.

La Russie, pour sa part représentée par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sera évidemment au centre des discussions, même si les pays du Sud  auront à cœur d’imposer leurs priorités. Dernière nouvelle : le hiérarque, homme de confiance du président russe, a été hospitalisé dès son arrivée sur « l’île des Dieux ».

L’Europe de l’Ouest, outre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, sera représentée par Giorgia Meloni et Rishi Sunak, qui feront, à cette occasion, leurs premiers pas respectifs sur la scène mondiale.

En toile de fond, le bras de fer sino-américain

Pour la première fois depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden a l’opportunité de s’entretenir, en bilatéral, avec son homologue chinois, Xi Jinping. Leurs ministres des Affaires étrangères, au mois de juin, se sont rencontrés, en tête à tête, durant plus de cinq heures. Preuve, sans doute, qu’une nouvelle donne se fait jour entre les deux premières puissances mondiales. Par-delà le Pacifique, de Shanghai à Los Angeles, on s’observe, on s’obstine.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères déclare, juste avant le début du sommet : « Nous espérons que les États-Unis se joindront à la Chine afin de gérer de façon appropriée nos divergences, promouvoir une coopération mutuellement bénéfique, éviter les malentendus et les erreurs de jugement et ramener les relations sino-américaines sur la bonne voie d’un développement sain et stable. »

À Washington, tout a été prévu pour alléger, au plus possible, l’agenda de Joe Biden. L’hôte de la Maison-Blanche fêtera dimanche 20 novembre ses quatre-vingts printemps. Le président américain, à la santé mentale chancelante, est-il seulement capable de tenir tête à ses interlocuteurs ? Il a répondu aux critiques, depuis le Cambodge, où son avion faisait étape, en s’appuyant sur l’excellent résultat obtenu par les Démocrates aux élections de mi-mandat : « Je sais que j’arrive plus fort, mais je n’ai pas besoin de cela [la victoire démocrate]. Je connais Xi Jinping, j’ai passé plus de temps avec lui que n’importe quel autre dirigeant mondial. » Pas de chance, quelques minutes plus tard, l’instable confondait le Cambodge et la Colombie… Une gaffe ou un symptôme ?

Déjouer le piège de Thucydide

Entre les deux géants, derrière les sourires diplomatiques, il y a la grande question du « piège de Thucydide ». Cette théorie, développée par le politologue américain Graham T. Allison, s’inspire de la Grèce antique pour expliquer qu’une puissance montante (ici la Chine) et une puissance déclinante (ici les États-Unis) risquent, un jour ou l’autre, d’entrer en conflit ouvert. Selon ses calculs, ce pourrait être dans la décennie 2030. Un exemple qui s’est vérifié maintes et maintes fois, jusqu’aux guerres récentes du XIXe et même XXe siècle. Derrière la guerre en Ukraine, conflit d’actualité qui nous occupe évidemment, il y a la rivalité sino-américaine, capitale et décisive.

La crise de Taïwan, déclenchée en août par la venue de la speaker de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, fut un point de bascule. L’affrontement sino-américain se joue également sur les terrains technologiques, économiques, culturels. Le Pacifique est considéré, depuis l’ère Obama, comme le nouveau pivot de la diplomatique américaine. Le nombril du monde. Pour le pire et le meilleur. L’an prochain, le G20 se déroulera en Inde, autre titan des lieux. Le Pacifique portera-t-il toujours si bien son nom ?

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