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Chiens robots de la police du Massachusetts, singe augmenté grâce à un implant cérébral, van suréquipé pour télétravailleur nomade, ordinateur quantique commercial en vue… Des entreprises du monde entier se sont déjà mises en ordre de bataille pour répondre aux tendances du futur proche.
États-unis – Boston Dynamic : des robots toutous dans l’armée française ?
En mars, 80 militaires de l’école Saint-Cyr Coëtquidan se sont entraînés pendant deux jours aux côtés du chien-robot Spot de la désormais célèbre firme américaine Boston Dynamics. L’objectif : évaluer l’intérêt de ce toutou mécanique prêt à se sacrifier pour ses maîtres. Aux États-Unis, les chiens robots de Boston Dynamics sont déjà utilisés par la police du Massachusetts dans un cadre d’intervention, et ils sont également en test à New York. Dans le même temps, on apprend qu’un youtubeur a modifié l’un de ces robots toutous pour qu’il repère un verre… et urine de la bière dedans ! Pauvres bots…
Intérêt : on le voit bien, l’important n’est pas la technologie, c’est plutôt de savoir ce que l’on veut en faire.
Neuralink : Musk et son singe à puce (presque) savant
Elon Musk, c’est SpaceX, Tesla et la société d’implants cérébraux Neuralink. Sa vidéo d’un primate amélioré par un implant cérébral qui joue à un jeu vidéo par la pensée a fait le tour du Web. On connaissait déjà cette technologie, mais il y a fort à parier que Neuralink veut l’appliquer de manière concrète et peut-être plus vite que prévu. Musk dit : « Neuralink permettra à une personne paralysée d’utiliser un smartphone avec son esprit plus rapidement qu’une personne normale en utilisant ses pouces. »
Intérêt : le champ d’utilisation de cette technologie qui connecte toujours plus directement la machine à l’homme et qui vise à « l’augmenter », est très large. Elle pourrait apporter beaucoup en termes de santé notamment, mais pourrait aussi se révéler très néfaste si des limites ne sont pas fixées à son utilisation.
Espagne – Manuel Beltràn, le Karl Marx ibérique de la donnée
« Nous sommes devenus des travailleurs 24/7. C’est une forme de travail invisible », prévient cet artiste et activiste espagnol. Pour lui, lorsque nous créons de la donnée en utilisant nos smartphones, nous créons de la valeur, donc nous travaillons. Il a ainsi lancé le premier syndicat des travailleurs de la donnée pour tenter de promouvoir une autre manière de valoriser nos émanations numériques quotidiennes.
Intérêt : Manuel Beltran revendique entre autres un Data Basic Income – revenu de base – versé par les GAFAM à leurs utilisateurs, mais aussi le moyen de décider de l’utilisation qui est faite de nos données, pour les ré-orienter non pas vers la publicité mais le bien commun. Une idée qui va faire écho.
Kenya – Sunculture : en faveur de l’irrigation autonome et solaire
Avec son système de pompe d’irrigation alimentée hors réseau grâce à des panneaux solaires, cette entreprise basée à Nairobi promet d’améliorer considérablement le mauvais rendement des agriculteurs africains – en moyenne 50 % plus faible que dans le reste du monde. Alors que les exploitants sont encore très dépendants d’une eau de pluie trop rare, l’entreprise ouvre l’accès abondant à une eau venue de la terre : 3 000 litres par heure en allant puiser jusqu’à 70 mètres. Grâce à un système de paiement dit Pay-As-You-Grow, les clients achètent ces dispositifs d’irrigation à crédit et leurs versements de remboursements sont très flexibles.
Intérêt : puissant, bien sûr. SunCulture a levé 11 millions de dollars en début d’année pour se consolider.
Angleterre – OnlyFans : le business des relations intimes parasociales
Entre réseau social et site porno, la plate-forme britannique OnlyFans propose aux inscrit·es d’y placer des photos suggestives de soi et d’y accorder accès contre rétribution – en majorité des femmes. Le concept d’OnlyFans est plus soft que le porno, mais aussi beaucoup plus intime, en tout cas en apparence. Car rien n’empêche de profiter de cet échange pour établir une relation dite parasociale – avoir des relations intimes avec quelqu’un qu’on ne connaît pas, de manière unilatérale.
Intérêt : une formule de proximité qui semble très bien fonctionner, tellement elle attire même certaines personnalités, stars des réseaux ou des chartes américaines. Au fil du temps, les réseaux sociaux semblent se métamorphoser pour devenir de plus en plus intrusifs. Jusqu’où iront-ils ?
France – Canal Toys et les mini-influenceurs
Les fabricants de jouets en bois vont s’arracher les fibres quand ils découvriront les « jouets » créés par la marque levalloisienne Canal Toys : elle veut transformer vos enfants en influenceurs de la première heure. Finis les établis de mécano et les stéthoscopes de médecin, ici vous avez le choix entre le kit Studio Creator pour devenir une starlette des réseaux (un fond vert et un trépied avec lumière intégrée) ou du matériel pour tourner des vidéos ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response, ou réponse automatique des méridiens sensoriels)…
Intérêt : dans la tendance, certes, mais rappelons la nécessaire protection des mineurs vis-à-vis des réseaux sociaux. Il est indiqué sur la boîte du Studio Creator qu’il est destiné aux enfants de plus de huit ans. Mais à cet âge, a-t-on raisonnablement accès à ces réseaux ?
Israël – Quantum Machines : les prémices de l’ordinateur quantique pour tous
On nous le dit depuis un moment, « l’ordinateur quantique va tout changer ». Encore faut-il le dompter, lui trouver un langage universel qui fonctionne sur toutes les bécanes quantiques. C’est précisément ce qu’a fait Quantum Machines. Lancé en 2020, son langage universel dit QUA – équivalent de Java pour un ordinateur « classique » – donne aux chercheurs le moyen de coder facilement des algorithmes très complexes, avec un code unifié.
Intérêt : le QUA, qui facilite l’utilisation de ces machines ultraperformantes et ultracomplexes, a donné à Quantum Machines le levier pour lever 17,5 millions de dollars de capital-risque. L’entreprise va notamment agrandir son équipe afin de poursuivre sa participation dans la course à l’ordinateur quantique commercial. Il faudra toutefois encore patienter quelques années.
Japon – Nissan : à la rescousse des nomades numériques
En janvier, la firme nippone a présenté au salon de l’auto de Tokyo un nouveau concept de véhicule qui en dit long sur l’époque. Il s’agit d’un van suréquipé pour télétravailleur. Avec le télétravail habilité, partir sur les routes tout en continuant d’assurer son job et son revenu est désormais possible. On appelle ça le nomadisme numérique.
Intérêt : le van pour télétravailleur est un peu le cousin de la tiny house, elle aussi très en vogue chez les CSP+ actifs en quête de nature. Ces mini-maisons montées sur remorque sont une réinterprétation plus personnelle de la caravane, mais qui inclut quand même tout le confort moderne. Quitte à télétravailler, autant le faire au bord de la plage… non ?
Jean-Baptiste Chiara