De l’implication écologique dans le monde

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Depuis le début de la pandémie, un nouvel élan environnemental semble se manifester un peu partout dans le monde. Même dans des pays qui autrefois se qualifiaient eux-mêmes de climatosceptiques, comme la Russie ou les États-Unis sous le mandat Trump. Petit tour d’horizon de l’implication écologique des pays à travers le monde.

États-unis : l’écologie d’opposition

Après Donald Trump et son négationnisme légendaire à l’encontre du changement climatique, qu’il aura même qualifié de « hoax » – canular – les États-Unis ne pouvaient qu’aller de l’avant sur la question de leur politique en faveur de l’environnement et de la transition écologique. Joe Biden, dès son élection actée, s’est empressé de revenir sur la sortie des Accords de Paris décidée par Trump en 2019, ainsi que sur une myriade d’autres mesures. Une décision symbolique qui devait préfigurer la volonté du nouveau président de jouer à fond la carte de l’écologie, jusqu’à promettre une neutralité carbone pour 2050. Si le jeu de l’opposition totale mené par Biden l’incite à se placer en nouveau chantre d’une écologie américaine très axée business, il reste toutefois du chemin à parcourir pour que le pays de l’Oncle Sam change véritablement son fusil d’épaule, expression adaptée au continent de citoyens armés. Et ce malgré un plan social et environnemental record de quelque 3 500 milliards de dollars, que l’administration Biden aimerait voir mis en place à l’automne prochain.

Le « bon élève » : malgré les nombreux reproches que l’on peut faire à Apple, la marque a mis le paquet pour que son siège social situé à Cupertino en Californie soit à 100 % alimenté par des énergies renouvelables. Avec des objectifs à horizons étatiques, Apple dit également vouloir atteindre l’impact zéro sur ses produits d’ici à 2030. À surveiller.

Maroc : l’écologie salvatrice

Si l’Afrique est responsable de moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre, elle est aussi l’une des zones les plus touchées par les conséquences du réchauffement climatique. C’est pourquoi la transition écologique au Maroc comme dans d’autres pays du continent, représente une véritable opportunité. De quoi stimuler le développement du pays et créer des emplois. Le projet du pays s’équilibre sur trois grands axes.

Le premier concerne l’énergie, avec la volonté d’ouvrir la production d’énergie verte à la concurrence pour espérer atteindre les 40 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique d’ici à 2035. Autre axe mis en avant par le royaume, celui de la mobilité verte. Il souhaite s’engager dans le développement des mobilités à l’électrique et à l’hybride. Enfin, le secteur de l’agriculture est également au centre du projet marocain. Objectif : se diriger vers une agriculture beaucoup plus solidaire et « familiale ».

Le « bon élève » : la sidérurgie compte pour le secteur particulièrement énergivore du pays. L’opérateur marocain Sonasid a clairement décidé de limiter son empreinte environnementale. Il affiche aujourd’hui un taux de d’énergies renouvelables utilisées à 85 %.

France : l’écologie politique

Malgré une honorable 4e place française dans le classement Green Future Index du magazine MIT Technology Review – il classe les pays selon leur implication environnementale – les efforts de la macronie pour se parer de vert aux abords de l’élection 2022 semblent encore insuffisants. La nouvelle loi Climat, adoptée en juillet, est censée devenir l’outil capable d’abattre de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990, alors même que l’Europe planche plutôt sur une baisse de 55 %. Une loi donc déjà presque obsolète. Pourtant considérée comme « une transformation écologique profonde de la société française » par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Or de nombreux spécialistes du climat la perçoivent comme nettement insuffisante. Le Conseil d’État a d’ailleurs infligé le 4 août 2021 une amende record de 10 millions d’euros aux pouvoirs publics français pour son manque d’action concrète dans la lutte contre la pollution de l’air.

Le « bon élève » : créée en 2012, Spareka est une start-up dont la mission est d’inciter les Français·es à se tourner vers la réparation de leurs appareils plutôt que vers le remplacement. Vente de pièces détachées, tutoriels, solutions de diagnostic en ligne, visios pour accompagner… Si son activité à été fortement boostée depuis le premier confinement, il est fort à parier qu’elle a de beaux jours devant elle. SOS Accessoire, bien plus établie, entre autres boîtes françaises, fonctionne de la même façon.

Russie : l’écologie de facto

Lors de la visite de l’envoyé spécial de la Maison blanche John Kerry à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré que les deux pays partageaient des « intérêts communs » sur la question du changement climatique. D’après les dires du Kremlin, le président russe attache même une grande importance à la réalisation des objectifs des Accords de Paris, et souhaite carrément un « dialogue dépolitisé » sur la question. Sujet aux feux de forêt sibériens, à la fonte du permafrost et à des inondations qui menacent certaines parties de la mère patrie, la problématique écologique semble s’imposer d’elle-même en Russie. Après des années de climatoscepticisme de la part de Poutine, qui est même allé jusqu’à dire que le changement climatique pourrait bénéficier à son pays, il semble que la raison lui soit revenue. Qui sait, la coopération internationale sur le changement climatique souhaitée par Poutine pourrait amorcer des relations plus apaisées avec les États-Unis et le reste du monde. Chiche.
Le « bon élève » : la Banque centrale de Russie serait plus « éthique » que jamais. Elle demande aujourd’hui aux entreprises du pays de partager leurs programmes en matière de RSE, dire craindre pour la santé économique de ces entreprises qui n’attirent plus suffisamment les investisseurs pour cause de manque de politiques solides en matière de respect de l’environnement. Citation : « Il est essentiel d’évaluer les risques liés à ces sujets car il existe une forte probabilité qu’ils se transforment en risques financiers au fil du temps. »

Chine : l’écologie bonimenteuse

Comme à son habitude, la Chine voit plus loin dans le temps que les autres. Elle décide donc de poser ses ambitions vis-à-vis du changement climatique pour 2060, date à laquelle le pays envisage sa neutralité carbone. En attendant cette date, les ambitions du pays sont d’atteindre le point maximum de ses émissions de CO2 avant 2030, avant d’enfin engager une redescente. Mais la Chine demeure le premier pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète. Raison de plus pour tenter de verdir son image à tout prix avec des annonces qui paraissent au choix prometteuses ou mensongères tant elles paraissent irréalisables. L’ironie de la chose, c’est que, dans le même temps, le pays dirigé par l’autoritaire Xi Jinping qui vient d’interdire les jeux vidéos en semaine à la jeunesse chinoise est en train de rouvrir des centrales à charbon afin de répondre à la forte demande en électricité du pays et ainsi soutenir sa croissance. Quinze centrales seront donc rouvertes, mais seulement pour une durée d’un an nous dit-on. Cherchez l’erreur, la propagande et le bras d’honneur à la chinoise au reste du monde…

Le « bon élève » : dans la ville de Chengdu, dans la province du Sichuan, un projet expérimental de huit immeubles végétalisés a vu le jour afin de faire revenir la nature au sein de la ville et tenter de lancer une nouvelle dynamique en termes d’urbanisme. Seul hic, le manque d’entretien des « jardins » couplé à la faune locale a induit la propagation de millions de moustiques… et la grande majorité des familles a dû quitter les lieux.

Jean-Baptiste Chiara

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