Forum économique de Davos

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Le WEF (World Economic Forum) tient sa réunion annuelle à Davos, station huppée des Alpes suisses.  

Jadis incontournable, l’influence de ce rendez-vous semble désormais en berne… Il ne fait plus très bon s’y afficher. Avec la fin de la « mondialisation heureuse », tout un logiciel est à repenser.

Davos. La simple évocation de ce nom suffit à éveiller, chez beaucoup de Français, un sentiment de colère. Le rendez-vous économique des Grisons est le symbole d’une petite élite politico-financière qui semble se réunir, une fois l’an, pour accorder ses violons… Les « complotistes » (comme on dit) font d’ailleurs du gardien des lieux, l’économiste allemand Klaus Schwab, une sorte de grand manitou mondial. C’est sans doute beaucoup lui prêter… En 1971, ce professeur d’économie à l’université de Genève créait ce grand raout du « management » – appelé à vite changer d’échelle.

Les dérapages de Klaus Schwab

Au fil du temps, l’événement devient une sorte de salon mondial de l’économie – le tout situé en Suisse, pays neutre, ce qui facilite grandement les choses. Le ballet des hélicoptères dans la neige alpine voit s’y succéder les leaders mondiaux. Le tout dans une sorte d’atmosphère étrange, celle d’une bulle en dehors du monde, déconnectée de l’économie réelle.

Tout aurait pu continuer, longtemps encore, sous ces beaux hospices. Mais Klaus Schwab, un brin mégalomane, a voulu changer les codes. Après la crise financière de 2008, cet universitaire transforme Davos en une sorte de cercle de réflexion chargé d’élaborer des synthèses politiques. Chaque année, ses équipes publient de longs textes pompeux, énigmatiques et cryptés, qui se veulent une sorte de vade-mecum globaliste.

En mai 2020, Klaus Schwab dévoile au monde, en compagnie du prince Charles, son grand œuvre : le « Great Reset » (Grande Réinitialisation). Un ouvrage savant où l’économiste propose ses réformes pour une nouvelle économie post-covid. Sa maladresse principale est de présenter la pandémie comme une « fenêtre d’opportunité » à saisir pour changer le monde « de manière radicale ». Les « complotistes » s’empressent d’y voir le signe d’une manipulation d’ampleur.

« Great Reset » : programme bancal et dépassé

Que lit-on vraiment dans ce livre ? Là encore, la différence est énorme entre le fantasme et la réalité… Un enchaînement de vœux pieux et d’élucubrations : « Imaginer un monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivi­ons à l’ère prépandémique ». Alléluia. Rien d’autre que les préceptes modernes éculés. La passion de Schwab pour la dystopie ne l’aide pas… Récemment, il dissertait à voix haute sur une possible cyberattaque mondiale et rêve de « renforcer la coopération mondiale grâce au métavers ». Il ne manquait plus que ça pour lui donner l’allure d’un méchant de James Bond.

En s’érigeant en figure politique, Klaus Schwab a tendu le bâton pour se faire battre. Davos, qui n’a jamais eu bonne presse chez les peuples, est désormais diabolisé. Il ne fait pas bon s’y rendre pour un leader occidental : la popularité en prendrait un coup. Rishi Sunak, Premier ministre britannique, a imaginé un temps y aller cette année avant de renoncer. Trop de coups à prendre pour ce milliardaire non-élu par le peuple et qui fait face à une crise d’ampleur dans son pays. Emmanuel Macron n’y va pas non plus, pas davantage que Bruno Le Maire. Christine Lagarde, en revanche, sera là comme chaque année. En habituée.

Le monde rêvé par Davos s’effondre

Quel programme pour les « happy-few » de cette édition 2023 ? Rien d’éclatant. Il y a bien sûr l’incontournable « moment Zelensky », désormais inévitable pour tout événement qui se respecte. La Première dame d’Ukraine est même venue en personne y délivrer un discours. Ursula Von Der Leyen présentera son « plan de réindustrialisation pour l’Europe » qui sera sans doute aussitôt prononcé qu’enterré. La rencontre avec Olaf Scholz sera peut-être plus intéressante, à l’heure où l’Allemagne prépare son retournement stratégique en matière de Défense.

Les « complotistes » ont décidément tort de s’inquiéter de Klaus Schwab. Fragilisé par une santé incertaine, l’octogénaire, au crépuscule de sa vie, voit s’écrouler ses rêves. « Mondialisation heureuse », « fin de l’Histoire », « politique par le commerce » … Le « nouvel ordre mondial » qu’il appelle de ses vœux arrivera sans doute au cours de ce siècle. Mais ce n’est pas lui qui en fixera les règles.

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