BBVA, groupe bancaire espagnol

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Le taux d’inflation espagnol trône fièrement à 1,9 %. Un objectif que tous les autres pays occidentaux n’atteindront qu’en 2024, voire 2025. Alors, nos voisins ibériques sont-ils vraiment les champions de la désinflation ?

Très souvent, ces derniers mois, la gestion de crise inflationniste en Espagne a été pointée du doigt… mais pour de bonnes raisons ! Quand les prix de l’énergie atteignaient des sommets insoupçonnés, nos voisins du Sud ont, par exemple, inventé le « mécanisme ibérique ». Un système ingénieux où l’on subventionne le gaz pour faire baisser le prix de production de l’électricité.

Bien sûr, la méthode a connu quelques détracteurs. Notamment en Allemagne où l’on tenait les Espagnols pour responsables de la hausse des prix du gaz. Mais en temps de crise, tenir ses convictions peut s’avérer payant, et ça les Espagnols l’ont bien compris !

« Il est maintenant temps de se serrer les coudes »

« Taxer les riches ». Si en France ces paroles restent avant tout cantonnées à une chanson militante, les Espagnols, eux, les ont pris au pied de la lettre. Depuis janvier, une taxe exceptionnelle est venue frapper le produit net bancaire (PNB) des plus grands établissements financiers du pays. Comme pour le mécanisme ibérique, cette méthode n’a trouvé que très peu de partisans dans les hautes instances…

À la BCE, on s’inquiétait de voir l’équilibre financier européen vaciller. De leurs côtés, les banques nationales espagnoles ont même déposé deux recours à la Haute Cour d’Espagne pour tenter d’enrayer l’arrêté ministériel. Peu importe pour le gouvernement de Pedro Sánchez, qui a tout fait pour aller au bout de son idée. Envers et contre tous. « Il est maintenant temps de se serrer les coudes », assumait fermement la ministre des Finances, María Jesús Montero. Un peu de courage politique ne fait jamais de mal ! Surtout quand, au total sur l’année, le système espagnol prévoit de récolter trois milliards d’euros via cette manœuvre.

La manne financière servira à aider la population, par exemple en supprimant la TVA sur certains biens et carburants. Cette taxe – que beaucoup considèrent inégalitaire – alimentait jusqu’alors l’inflation. Le contribuable en a fait le sacrifice. À l’heure où la Cour des comptes épingle la France comme très mauvais élève par rapport à l’Italie ou l’Espagne, ce système de redistribution espagnol semble bien plus pertinent…

Véritable magie ou simple tour de passe-passe ?

Tout n’est pas rose pour autant en péninsule ibérique ! Ces mesures, ultra-efficaces sur le papier ne s’encombrent pas du long terme. La suppression de la TVA, qui permet au prix de l’essence de plafonner à 1,60 euro aujourd’hui, n’est pas une mesure viable dans le temps pour le contribuable. La mesure coûterait environ 10 milliards d’euros, si l’on prend en compte l’aide de 200 euros versée en plus à certaines familles. Alors, quand il faudra la réinstaurer, il faudra faire preuve d’autant de courage face à la potentielle colère de la population.

Et surtout, certains experts nuancent ce fameux taux d’inflation avec lequel le gouvernement espagnol parade. Ces 1,9 % de hausse des prix sont calculés sur un an et donc comparés aux prix de juin 2022. Or, en Espagne, cela remonte à une période où l’inflation atteignait des records à 10,2%. Ce résultat exceptionnel est donc à nuancer. D’ailleurs, à la question : « Y a-t-il un miracle espagnol ? », le consultant de BFM Business Emmanuel Lechypre, répond clairement « non » !

Seule la mesure de contrôle sur les salaires pourrait freiner l’inflation sur le long terme. En effet, les Espagnols n’ont pas vu leur rémunération augmenter comme celles des Français ou des Allemands. Le coût du travail ibérique n’a grimpé que de 3 %, soit un ou deux points de moins que pour ses voisins européens. De cette manière, le pays se prémunit de « l’inflation par hausse de salaire » pour se défaire d’un engrenage pernicieux… au détriment, donc, de ses travailleurs.

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