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Emmanuel Macron est en visite dans la deuxième ville de France. Véritable tonneau des danaïdes, Marseille semble abonnée à l’inertie. Une douleur pour ses habitants.

Fan de l’OM, Emmanuel Macron rêve de transformer Marseille en laboratoire de certaines de ses politiques. Son ambition ? Rompre avec des décennies de projets sans lendemains…

« Le Brésil est une terre d’avenir et elle le restera toujours », écrivait Stefan Zweig. Nous pourrions dire à peu près la même chose de Marseille. Cité splendide, au potentiel considérable, la ville peine pourtant à se révéler. On ne compte plus les grands discours qui veulent faire de Marseille « la capitale de la Méditerranée » ou encore le grand port de l’Europe du Sud. L’idée est alléchante, convaincante, mais elle échoue toujours dans les ronces. Une sorte de malédiction planerait sur ces lieux. « Que voulez-vous, c’est Marseille », argue-t-on parfois pour justifier l’espèce de désorganisation permanente qui y prévaut.

Ainsi, bien que Marseille soit deux fois et demie plus étendue que Paris, elle ne dispose guère que de deux lignes de métro et trois de tramways. Les fameux « quartiers Nord » sont d’ailleurs largement écartés de ce maigre dispositif. Emmanuel Macron entend doubler l’aide financière de l’État en matière de transports publics. De 256 à 500 millions d’euros. Mailler le territoire, enfin, face à un « retard colossal » ?

Sécurité et dialogue avec les élus locaux

En matière de sécurité aussi, l’État veut impulser. Une idée étrange. La possibilité de payer directement, par carte bancaire ou espèces, les amendes pour possession ou consommation de cannabis. Il est vrai que le taux de recouvrement de cette sanction est inférieur à 35 %.

Emmanuel Macron s’explique dans La Provence : « Les gens qui ont les moyens de consommer de la drogue parce qu’ils trouvent cela récréatif, il faut qu’ils comprennent qu’ils nourrissent des réseaux et qu’ils ont une complicité de fait ». Ensuite, la rénovation de la grande prison de Marseille (Baumettes 3) va augmenter la capacité d’incarcération de 743 places en 2025. Sans doute insuffisant face un taux de suroccupation de 136,5 %.

Dans l’application du plan « Marseille en Grand », Emmanuel Macron doit évidemment composer avec quantité d’acteurs locaux. Tout ce beau monde a d’ailleurs la fâcheuse habitude de se renvoyer les compétences et les responsabilités. Commune, métropole, département, région, État… Ainsi, et cela peut paraître paradoxal, la mairie de Marseille, tenue par l’union des gauches, vient de déclarer un « moratoire » sur la vidéosurveillance…

Malgré tout, il faut saluer le dialogue assez nouveau entre Martine Vassal, présidente LR-LREM de la Métropole et Benoît Payan, maire PS de la ville-centre. Alors que Marseille possède l’étrange particularité d’être une ville pauvre entourée – souvent – de communes riches ; la bonne entente est essentielle pour mener à bien la péréquation.

Le considérable chantier des écoles

Il s’agit également de s’atteler à la mère des batailles : l’éducation. Alors que Marseille possède sur son territoire de nombreuses écoles indignes, insalubres, la situation s’améliore, mais fort lentement. Une société commune, qui rassemble acteurs nationaux et locaux, se charge des chantiers. La société publique des écoles marseillaises (SPEM) doit rénover 174 bâtiments et bénéficie d’une dérogation par rapport aux règles habituelles des marchés publics.

Emmanuel Macron veut également aller vers l’instauration, certes progressive, du collège de 8 heures à 18 heures dans les quartiers d’éducation prioritaire. « L’inégalité scolaire se crée dans ces temps où l’enfant a été renvoyé chez lui […] Au collège, la bataille est de pas décrocher les jeunes en sixième ». Autre annonce, la scolarisation rendue possible dès l’âge de deux ans, toujours dans ces quartiers, qui vont également bénéficier de classes maternelles moins chargées – à l’instar de ce qui se fait déjà au CP avec de bons résultats.

Une visite entre franchise et communication

Terminons avec quelques polémiques. Notons que le service communication du président est accusé d’avoir monté un déplacement « village Potemkine » (quartiers nettoyés avant l’arrivée du convoi, habitants tenus à l’écart derrière des barrières, etc.). Citons par exemple la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer : « Des habitants sûrement triés, la plupart n’habitant pas les Campanules. Triste réalité d’un pouvoir qui a fait du « show politique » sa priorité ».

Enfin, Emmanuel Macron s’est également emporté, face à une mère de famille qui se plaignait des difficultés de son fils à trouver un emploi. « Je fais le tour du Vieux-Port avec vous, je suis sûr qu’il y a 10 offres d’emploi ». La Provence a pris le président au pied de la lettre. Bonne pêche : 13 offres d’emploi ! « Pour la plupart, des contrats de travail de 35 heures au Smic hôtelier, soit 1 966 euros brut par mois, sont à pourvoir pour la saison estivale », indique le quotidien régional.

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