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Confronté à la défiance des Français, Emmanuel Macron risque de finir son mandat « en inaugurant les chrysanthèmes ».

Si Emmanuel Macron dialogue, c’est avec lui-même. Son intervention télévisée n’a suscité aucun effet chez les Français. Le président est comme ces magiciens dont on connaît d’avance tous les « trucs » …

Ce mercredi 22 mars, nul besoin d’être Benjamin Duhamel de BFMTV, ou sa maman Nathalie Saint-Cricq de France 2, ou son oncle Alain Duhamel (toujours de BFM) pour faire l’exégèse de la « prise de parole » d’Emmanuel Macron. Il suffit de s’attabler dans un café, verre à la main, et d’écouter les Français. « De toute façon on sait déjà ce qu’il va dire » ; « Il va nous la faire à l’envers comme d’habitude » ; « Moi je zappe dès que je vois sa tête ». Nous évitons de reproduire certains commentaires moins polis, moins amènes…

L’habituelle logorrhée du « président blabla »

Emmanuel Macron est l’objet d’une défiance croissante dans la population active. Le front contre la réforme des retraites rassemble une majorité écrasante, qui va de Philippe Martinez à Isabelle Balkany en passant par Jacques Attali, Léna Situations, Florian Philippot et Patrick Bruel.

On ne l’aime pas ? Tant pis. Emmanuel Macron le sait et semble s’en moquer. Il se contente de donner des gages à son socle électoral, ces « 27,5 % » de Français qui lui ont fait confiance au premier tour en 2022. Un électorat assez âgé, assez aisé. Sous le maquillage d’une « volonté de réforme » cet électorat apprécie surtout le statu quo. Comme disait Lampedusa, inventeur sans le savoir de la définition du macronisme, « il faut que tout change pour que rien ne change ».

Charles III va découvrir la France des colères

Emmanuel Macron, fondateur d’En Marche, a mis la France à l’arrêt comme personne. Désormais, le parti s’appelle Renaissance… les mots seront-ils suffisants pour combler un manque criant d’action ? Entre les confinements et les grèves, la vie du pays est régulièrement perturbée voire empêchée. Plus personne ne s’étonne de voir Paris crouler sous les poubelles. Des millions de Français, lesquels il y a encore deux mois ignoraient ou blâmaient les syndicats, sont désormais prêts à faire cause commune avec eux. Cette réforme de technocrates sans technique, basée sur bien des mensonges, est rejetée par 94 % des actifs (Institut Montaigne). Quel tableau pour accueillir dimanche Charles d’Angleterre, le roi mal-aimé.

Chaque soir, Paris est désormais le théâtre d’un nouveau sport, qu’il faudrait songer à transformer en discipline olympique pour les JO de 2024. Il s’agit du « jeu du chat et de la souris » ou policiers et jeunes manifestants, souvent de gauche radicale, se courent après dans un désordre particulièrement burlesque, qui rappelle un peu la Rome du « mai rampant ». De quoi faire les belles heures des chaînes infos, qui se gargarisent jusqu’à une heure du matin en filmant des feux de poubelles.

Borne a perdu sa boussole

Pendant ce temps, la Première ministre reste en poste. « Faute de grives, on mange des merles » dit le proverbe populaire… Emmanuel Macron n’a personne sous la main pour la remplacer.

Humiliée par le « 49.3 » et la motion de censure, Madame Borne se sait menacée par une Assemblée houleuse, où son poste ne tient qu’à neuf ridicules petites voix. Pire, cette semaine, elle s’est fâchée avec ses ministres. Un article du Monde a d’abord fait le plus mauvais effet. Il y est révélé cette phrase perfide, qu’elle prononça devant témoins en mai dernier : « Je suis à la tête d’un gouvernement à moitié composé de débiles ».

Si ce n’est que la moitié… L’Express a ensuite révélé la teneur d’une réunion mardi 21 mars à Matignon, où « la Première » est arrivée très en retard. Agacée, tirant nerveusement sur sa cigarette électronique – malgré l’interdiction de fumer dans les lieux publics – elle presse ses ministres pour leur demander de « faire court ». Lorsque la ministre de la Culture tente de s’exprimer, Borne se lève et déclare sèchement : « De toute façon, tout le monde n’aurait pas eu le temps de prendre la parole, pour ceux qui restent, envoyez-moi des notes ».

Le président comédien doit embrasser un nouveau rôle

Celle qui n’intéresse pas les Français a tout de même reçu le témoignage de la « confiance » du chef de l’État. Au journal de 13 heures, « EM » a réaffirmé (quoiqu’assez mollement) sa volonté de la maintenir en poste. Jamais bon signe…

Le macronisme a fait long feu. Mais Emmanuel Macron, avec sa vision très plastique de la politique, peut encore rebondir s’il parvient à faire sa mue. Ce président à l’âme de comédien veut jouer tous les rôles. Désormais, il devra sans doute embrasser celui de l’arbitre national, en retrait et immobile, occupé seulement à ne pas trop déranger. Devenir une sorte de René Coty ou de Félix Faure. « Inaugurer les chrysanthèmes », jusqu’en 2027… Ou jeter de l’huile sur le feu des colères françaises.


Les Indiscrets d’ERB…

Le Pen contre Mélenchon : l’affrontement final ? • Depuis 2012, ils sont les deux compétiteurs de la présidentielle. Souvent imités, jamais égalés, ils incarnent leurs camps respectifs. Face aux colères, le scénario d’un affrontement au second tour entre l’un et l’autre se fait plus probable que jamais. Retour de l’histoire ou montée aux extrêmes ? Chacun jugera. Seule l’émergence d’un candidat rassembleur au centre pourra éviter ce match. Il peine à apparaître… En 2027, elle aura 58 ans et lui 75.

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