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Jeunes diplômés créateurs, cession et reprise d’entreprise, psychologie de l’entrepreneur, business angels. Le regard critique de Franck Rouxel, directeur du Salon des entrepreneurs*.

Existe-t-il un profil type d’entrepreneur ?

En France, les créateurs d’entreprise sont à 60-65% des hommes, et leur moyenne d’âge tourne autour de 35-38 ans. 55% d’entre eux créent en auto-entrepreneur, 45% en société. Il n’y a pas une seule motivation, loin de là : certains optent pour l’entrepreneuriat solidaire, d’autres se lancent sans volonté de se développer. Parmi tout les créateurs, l’entrepreneur se démarque par son ambition de développement. Mais ce profil est en réalité minoritaire, il ne représente qu’un cinquième de la population des créateurs d’entreprise, ce qui est relativement faible par rapport à l’Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple.

Pourquoi l’entrepreneuriat n’est-il pas plus développé en France ?

Cela tient surtout à un frein culturel et psychologique. Il n’est pas encore suffisamment ancré dans l’esprit des Français comme un parcours professionnel comme un autre, vis-à-vis de soi-même d’abord, mais surtout pour l’entourage. Mais il n’y a pas de fatalité, on pourrait lever ce frein, par exemple en parlant très tôt de ce parcours à l’école.

La crise favorise-t-elle ou décourage-t-elle les vocations ?

Si l’on se fie aux chiffres, on constate qu’elle ne freine pas la création d’entreprise. En réalité, les créateurs adoptent plusieurs attitudes face aux difficultés de l’époque. Pour certains, on est bien obligé de constater que c’est un choix par défaut, parce qu’ils perdent leur emploi et se trouvent obligés, pour poursuivre leur carrière, d’aller vers la création. Mais d’autres vivent la crise comme une opportunité, car le risque de perdre leur emploi est le facteur déclencheur d’un projet qu’ils avaient déjà envisagé, voire mûri. La crise change aussi l’attitude des créateurs, puisque nous observons que les pré-inscriptions à nos salons sont supérieures de quasiment 10% à l’année dernière. Cela nous laisse penser que les créateurs tiennent compte du contexte et souhaitent se préparer et réunir des informations plus en amont.

Existe-t-il de véritables alternatives aux banques en France ?

Certes, les banquiers sont beaucoup plus regardants aujourd’hui qu’hier sur les dossiers qui leur sont présentés. Mais j’estime que le problème vient aussi, parfois, du manque de préparation de ces dossiers, pas toujours suffisamment ficelés. Heureusement, il existe des sources de financement alternatives, notamment au sein de réseaux d’accompagnement, qui proposent des garanties bancaires ou des prêts d’honneur, pouvant représenter de 5 000 à 40 000 euros, ce qui n’est pas négligeable.

Depuis 5 ou 6 ans, on a aussi observé un développement assez fort de l’activité des business angels en France, soutenus par une politique fiscale intéressante. Mais ces investisseurs ne sont pas moins regardants que les banques. Ce qu’il faut surtout, c’est présenter un bon projet, avec des ambitions en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité.

Les conditions de cession et de reprise d’entreprise sont-elles satisfaisantes ?

On estime que 500 000 à 700 000 entreprises seront cédées dans les prochaines années en France. Le nombre d’emplois concernés est considérable. Malheureusement, la fiscalité qui entoure la transmission est toujours trop lourde, et ne la favorise pas. Une bonne transmission est une transmission préparée, pour assurer la continuité de l’activité de l’entreprise et en optimiser la valeur. Or, à cause de cette lourde fiscalité, bon nombre de chefs d’entreprise y vont à reculons.

Quelles thématiques émergent en 2013 ?

Dans le cadre de cette édition 2013 du Salon des entrepreneurs, nous voulons porter deux thématiques principales : un programme spécial pour les jeunes diplômés et les étudiants porteurs de projets ; le développement commercial de la jeune entreprise, qui peut s’appuyer sur de nouveaux canaux de prospection et les nouvelles technologies notamment. Nous accueillerons aussi 150 modèles de réussites d’entrepreneurs, qui viendront témoigner et donner l’envie d’entreprendre aux nouvelles générations et porteurs de projets actuels.

* 20ème Salon des Entrepreneurs, les 6 et 7 février 2013 au Palais des Congrès de Paris.

Entretien réalisé par Aymeric Marolleau

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