Marine Le Pen à Hénin
crédits : Twitter @MLP_officiel

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Marine Le Pen est de retour dans le débat public. Portée par les sondages, la cheffe de l’opposition s’élance mezzo voce, veillant à ne pas saturer les ondes médiatiques.

Lors de son discours de rentrée à Hénin-Beaumont, Marine Le Pen s’est livrée à un réquisitoire féroce de la politique gouvernementale.

Elle saute de la voiture. Lève le bras vers le ciel, en signe de salut. Sourire pugnace, poignée de main chaleureuse, attitude rayonnante. Cela se voit : l’été de Marine Le Pen a été bon, profitable, loin des radars médiatiques. Marine Le Pen a été aperçue, voyageant seule à bord d’un vol Transavia en direction des îles grecques. D’habitude, elle préfère pourtant son fief familial de La-Trinité-sur-Mer, au cœur de la Bretagne des légendes. Des vacances qu’elle aime mettre à profit pour se ressourcer en famille, entre amis. L’occasion aussi de lire les livres qui s’accumulent sur son bureau le reste du temps.

Son retour en fanfare

Marine Le Pen fait sa rentrée en deux temps. Samedi 16 septembre, elle sera à Beaucaire (Gard) pour ses traditionnelles « Estivales ». Rendez-vous très politique : elle lancera avec Jordan Bardella la campagne des Européennes. Dimanche 10 septembre, elle réservait la primeur de son retour à ses chers électeurs d’Hénin-Beaumont, dans sa circonscription populaire du Pas-de-Calais. Au programme : la traditionnelle braderie ! Celle d’Hénin-Beaumont est certes moins cotée que sa rivale lilloise, mais elle vaut son pesant d’or et de trouvailles. Les gens du Nord adorent chiner… Et faire la fête sur les tubes des années 1980, que les enceintes crachent en boucle : « Ils m’entraînent au bout de la nuit… Qui ça ?! Qui ça ?! Les Démons de minuit !!! ».

Au bras de son ami Steeve Briois, maire de la ville, « MLP » s’amuse. La députée hèle les habitants, enchaîne selfies et dédicaces sur les casquettes des gamins, entame un pas de danse… Les dames d’Hénin-Beaumont commentent, bras croisés : « Elle a vachement maigri ! ». Pourtant, on l’imaginerait volontiers s’attabler avec les clients de ce petit troquet, commander une bière façon Chirac au féminin. Un peu plus tard, la stratège finit d’ailleurs par céder à l’appel des moules-frites… Enfin de l’ombre, le rafraîchissement d’un Coca-Cola : Hénin-Beaumont est accablée de chaleur.

Un discours centré sur l’Éducation

Après le déjeuner, place aux choses sérieuses. Dans le jardin enserré de briques rouges qui jouxte sa permanence parlementaire, la star revient à ses réflexes de cheffe de l’opposition. Elle attache sa crinière, toujours aussi blonde… Oui, la lionne va cogner.

D’abord, comme un prélude, la bête politique caresse. « Ici, à Hénin-Beaumont, dans cette ville fière et rayonnante, au cœur du bassin minier, nous nous sommes remémorés l’histoire de ces ouvriers, incarnation même de la dignité du travail. Ces héros anonymes ont contribué à la grandeur et à la prospérité nationale. Oui, c’est bien cette force que je suis revenue chercher ici ». Plus loin, elle rend hommage à Steeve Briois, qui vient de faire voter par le conseil municipal un don exceptionnel pour venir en aide aux Restos du Cœur.

Et puis, l’ancienne avocate se fait procureure. Elle va livrer son réquisitoire, forcément féroce. Dans son viseur, les décideurs du moment, qu’elle désapprouve en bloc. « Chaque jour, mille événements nous rappellent l’état de délabrement dans lequel quarante ans d’erreurs stratégiques ont mis notre pays […] Les premiers à qui nous devons redonner de la force, ce sont nos jeunes, qui ont subi l’effondrement de l’école de la République et de l’Enseignement supérieur. En 2022, plus de 4 000 postes d’enseignants n’avaient pas été pourvus au concours de l’Éducation nationale ». La candidate propose des augmentations de salaires pour les enseignants et « un réel retour de l’autorité à l’école, sanctuarisé contre toutes les prédations communautaristes ».

Elle fustige « l’action toxique d’Emmanuel Macron »

Elle poursuit bille en tête, attaquant de front le premier responsable. « Emmanuel Macron incarne un subtil mélange de marketing et de malhonnêteté. Il s’est employé à briser les corps qui contribuaient à donner à la nation sa cohésion. Corps préfectoral ? Désormais, ce sont les amis du président qui sont nommés sans aucune formation. Corps diplomatique aussi, auquel on peut désormais accéder du seul fait de sa proximité avec le monarque ».

Plus loin, la vigoureuse oratrice rejoint les conclusions de Michel-Édouard Leclerc, fustigeant les « profiteurs de l’inflation » ; finances publiques et industrie agro-alimentaire en tête. Marine Le Pen fait état de sa lassitude face au silence de l’équipe Borne : « Aucun de nos arguments n’a été jugé digne d’intérêt ».

Et puis, « MLP » se mue en adversaire inattendue de la French Tech. « Chaque jour qui passe prouve une chose : la start-up nation est d’abord celle où les élites communient dans la spoliation des Français. En fait, la start-up nation est devenue la stop-up nation ». Industrie, commerce extérieur, dette… La Pythie du bassin minier fustige un « effondrement général », et qualifie Emmanuel Macron de « président nonchalant, incapable de protéger les Français face à cette pandémie de violences débridées ».

« Je chéris la France. Sans doute trop, au-delà de moi-même… »

Soudain, elle marque un temps d’arrêt. L’air grave, la favorite des sondages confie son inquiétude : « Je chéris la France. Sans doute trop, au-delà de moi-même… Cet amour de notre pays m’a toujours donné une conscience aiguë de mes devoirs. Je n’ai jamais masqué mon inquiétude face à l’état de notre pays. Mais il y a une dizaine d’années, je pouvais encore affirmer que certains domaines essentiels à la souveraineté nationale demeuraient, peu ou prou, préservés. La situation s’est depuis dramatiquement dégradée ».

Elle conclut : « Face au défaitisme d’Emmanuel Macron, nous répondons par l’ancrage. La France a encore des forces vives. L’espérance est là, grâce à notre formidable jeunesse, qui à corps et à cri réclame son dû : LA FRANCE !!!! ».


Les Perles de la politique

Juppé : confidences d’un vaincu · Ségo, Sarko, Hollande, Jospin… Et maintenant Alain Juppé ! Les ex reviennent en cette rentrée politique. Ancien Premier ministre, ancien maire de Bordeaux, ancien candidat à la présidentielle ; Juppé a beaucoup d’avenir derrière lui. Le hiérarque publie Une histoire française (Tallandier). Un titre d’une platitude remarquable. Ses mémoires, austères, sont pareilles à l’homme, ennuyeux. Chantre de la modération, Alain Juppé ne laisse aucune part à la surprise, en champion de la pensée conventionnelle. Un énarque pur jus, qui dévoile seulement ses ébats amoureux avec quelques maîtresses, croyant se donner une touche originale…

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