L’œil politique – Pour qui sonne le glas ?

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L’ancien président de la République François Hollande sort un livre, intitulé Bouleversements.

Où un ancien président de la République, en dissertant sur les affaires du monde dans un ouvrage qui ne fera pas date, touche du doigt une vérité ? La démocratie a son talon d’Achille : elle est instable. Un défaut congénital. Comme la faiblesse de sa force…

Bouleversements. Le titre de l’ouvrage que publie l’ancien président de la République aux éditions Stock résume à lui seul le glas d’une époque qui voit surgir le tragique sous ses yeux. La France joue gros alors qu’arrive au loin le Général Hiver. Les canons ne faiblissent pas, dans l’Est lointain. Notre pays, notre continent, est guetté par la rupture. Il vient à nos oreilles comme un discours nouveau, un discours que notre génération n’avait jamais eu, jusqu’alors, la malchance d’entendre. Rationnement, pénuries, restrictions, délestages… Le trépas de la reine d’Angleterre, incarnation superbe de la génération des grands sacrifices, est comme le mauvais présage. Pour qui sonne le glas ?

Nous n’avons pas de reines en France. Seulement des présidents. Bien que nous confondions parfois un peu les deux. Nos présidents vont et viennent, sans jamais très bien savoir quoi faire lorsque le peuple, régicide d’instinct, se décide à les répudier. Un ancien président est comme un roi sans couronne. Forcément désœuvré ; presque en exil intérieur. Nicolas Sarkozy fait vœu de silence, et ne revient que rarement dans l’arène, seulement pour parler de culture, son nouveau dada. Il se confronte aussi à un agenda judiciaire toujours chargé.

François Hollande, lui, professe. Il donne des leçons. Fait jouer son expérience. Si jamais ça peut servir… Il lui reste quelque chose de l’enseignant qu’il fut jadis à Sciences Po (Éric Zemmour fut son élève – ils mangeaient des croissants ensemble).  Dans son nouvel ouvrage, il revient sur ces fameux Bouleversements qui nous secouent. La guerre d’Ukraine d’abord. Au journaliste de L’Express qui lui demande comment « embarquer les Français vers les sacrifices » (bizarre !), l’ancien président s’exclame : « Tout l’enjeu du conflit ukrainien, c’est de démontrer que la démocratie est non seulement supérieure à la dictature, mais plus forte qu’elle ! ». La peur du président Hollande est là. Que de guerre lasse, nos démocraties fatiguées par les crises cèdent finalement aux exigences russes. Les Français refusent évidemment de mourir pour l’Ukraine. Accepteront-ils de s’appauvrir pour elle ? Mystère.

Autre étrangeté. François Hollande trouve Emmanuel Macron « trop flou ». Un comble de la part de « l’homme de la synthèse ». En matière d’indécision sibylline, Emmanuel Macron était à bonne école, lorsqu’il servait le même François Hollande… Ces deux lecteurs de Machiavel s’inspirent-ils mutuellement ?

Le socialiste dissèque la personnalité de Vladimir Poutine. Aussi étrange que cela puisse paraître, le courant ne passait pas si mal entre l’ancien espion du KGB et le social-démocrate corrézien. Autre temps, autres mœurs… Le président Hollande raconte une soirée à l’Élysée, pleine de langueur, occupée à déguster certaines vodkas tout en devisant sur les affres du monde. Il avait reconnu dans le sourire énigmatique du président russe quelque chose de la provocation. « Il sait que le temps joue pour lui. Qu’il restera, tandis que ses interlocuteurs occidentaux se succèdent au rythme des alternances. »

Comparaison n’est pas raison. Lors de la conférence de Potsdam, qui réglait le sort de l’Allemagne sur les ruines fumantes de la Seconde Guerre mondiale, Staline s’approche de Churchill. Le lion anglais est dépité… Un télégramme vient de lui apprendre qu’il a perdu les élections ! Il doit quitter l’Allemagne et remettre au plus vite sa démission au Roi. Il n’a plus de mandat pour négocier au nom du gouvernement britannique. Staline, incrédule devant ce spectacle étrange de la démocratie, s’exclame : « Mais, pourquoi ne trafiquez-vous pas les chiffres ? » Pas si simple, camarade !

Les indiscrets d’ERB

  •           Emmanuel Macron « en off »…

Bel exercice de « journalisme politique à la française ». Lundi 12 septembre, dans l’après-midi, dans une salle de réception quelconque, à Nanterre, Emmanuel Macron s’est confié au gratin de la presse élyséenne. Une rencontre toute « en off », c’est-à-dire avec l’absolue interdiction – pour les journalistes – d’en faire partager quoi que ce soit aux lecteurs… Même par bribes.

  •           Olivia Grégoire à l’offensive pour Paris

« J’ai deux amours, mon pays et Paris… ». Olivia Grégoire fredonne-t-elle cette chanson de Joséphine Baker en se rendant au petit matin à son bureau de Bercy ? La ministre déléguée aux PME compte ravir la capitale aux socialistes, en 2026 pour les municipales. Et devenir la première centriste à  diriger l’Hôtel-de-Ville. Elle devra toutefois contourner l’obstacle Clément Beaune, ministre des Transports, qui lui aussi en rêve la nuit. Les dents longues… Paris à tout prix !

  •          Antoine Pellion, le pilote de l’écologie française

On l’a un peu oublié, mais Élisabeth Borne, en tant que Première ministre, est chargée de coordonner la transition écologique. Emmanuel Macron, durant sa campagne, a en effet voulu placer l’enjeu climatique sous la responsabilité de son Premier ministre. Un acte qui place de facto les affaires vertes au cœur de la vie publique. Aux côtés de Madame Borne, pour défendre le climat malmené, on retrouve donc Antoine Pellion. Il bourdonne à Matignon. Omniprésent, l’administrateur s’assure, pour chaque dossier, de sa bonne cohérence écologique. Ce jeune haut-fonctionnaire de 38 ans ne laisse rien au hasard. Toujours au service de sa puissante patronne… Et de la planète.

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