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Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne et présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, a été la révélation du débat de BFMTV sur la réforme des retraites.

Elle sera peut-être la prochaine candidate de la gauche unie en 2027. Récit du parcours de la présidente du groupe insoumis, femme au style âpre mais qui entretient avec le peuple de gauche un rapport de grande proximité.

La fille d’à côté

Ce pourrait être le scénario d’une comédie feel-good. Le décor serait un lavomatic de banlieue, où chaque dimanche les habitants viennent faire leurs machines, étendre le linge, bavarder un peu à l’occasion. La vie de quartier. On finit par sympathiser un peu, et on se dit que cette Mathilde est drôlement sympa. Elle pourrait être prof, assistante sociale ou comptable. Erreur : elle est députée, présidente du deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Difficile en effet de dresser un procès en déconnexion à Mathilde Panot. L’élue vit toujours à Ivry, banlieue populaire du sud-est de Paris, au cœur de sa circonscription. Le tout en colocation, avec d’autres « potes insoumis » – dont un certain Valentin, qui fait très bien la cuisine.

Depuis juin, c’est elle qui est chargée d’organiser le travail des 84 députés insoumis. Rien de simple, alors qu’ils étaient seulement 17 lors de la précédente législature, et que le caractère de ces têtes dures ne va pas forcément vers la docilité. Le cas Adrien Quatennens a empêtré le groupe dans la boue d’une interminable polémique, qui ressurgit régulièrement, à la façon d’un serpent de mer hargneux.

Elle fait donc face à une crise de croissance, d’autant que le grand chef, Jean-Luc Mélenchon, continue de lui voler dans les plumes. L’ancien trotskiste jouit toujours d’un bureau à l’Assemblée, bien utile pour « surveiller » gentiment ses jeunes amis.

Elle n’a rien lâché pendant le débat

Mardi 24 janvier, c’est elle qui était chargée de représenter la gauche lors du grand débat des retraites. La chaîne BFMTV avait également convié Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, ainsi que Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Le tripôle de la France politique réuni pour un débat économique et social d’ampleur. Si les Français connaissent désormais le jeune Jordan Bardella, très habitué des matinales, et Olivier Véran, l’homme des couvre-feux, ils découvraient pour beaucoup l’insoumise.

Combattive et déterminée, celle-ci a défendu âprement sa position, celle de « la civilisation du bonheur de vivre » – ce qui laisse songeur. Son rêve, justement ? Une France où l’on travaille moins, où les citoyens donnent davantage de leur temps au monde associatif. Sans doute est-ce l’ancienne travailleuse associative d’ATD Quart-Monde et de Voisin malin qui parle.

Il n’empêche, la députée fait mouche lorsqu’elle évoque « la désorganisation complète du monde associatif » qui arriverait inéluctablement en cas de recul de l’âge de la retraite, puisque ce sont justement les jeunes retraités qui font tourner les rouages associatifs. Sans compte les milliers d’heures de garde perdues pour des enfants qui se retrouveront privés de l’affection de leurs grands-parents ; retenus au travail. Explosion des demandes de places en crèche ? Et comment vont faire les plus démunis pour payer une nourrice ? Des arguments valables, quoi qu’on pense, et qui ont laissé M. Véran de marbre, celui-ci répétant à tire-larigot : « vous mentez, vous mentez » à ses deux contradicteurs.

Une femme à poigne

L’insoumise n’est pas du genre à minauder. Lorsqu’on lui coupe la parole, hors de question pour elle de se la jouer Valérie Pécresse ou Anne Hidalgo, en se plaignant de « la non-écoute des femmes » (sic). Elle est plutôt du style Marine Le Pen ou Olivia Grégoire : s’imposer coûte que coûte, avec autorité. Alors, elle proteste et vitupère pour se faire entendre. « Oh ! Ça va maintenant laissez-moi parler ! » ; « Non mais détendez-vous ! » ; « Vous êtes seul monsieur le Ministre. » ; « C’est quoi ce petit sourire sur votre visage Monsieur Véran ? » ; « La grève sans blocage ça s’appelle un congé sans solde » ; « Non mais soyez sérieux ! ».

Olivier Véran peine à s’affirmer. Celui qui confie en privé « vouloir arrêter la politique » est un peu en fin de course… L’auteur de Par-delà les vagues s’était illustré, à la rentrée dernière, par une attaque en règle contre la présidente Panot : « Elle ne vous parle pas, elle vous engueule », s’était-il plaint dans l’émission Télématin. Confirmation. Quant à Jordan Bardella, il n’aura même pas eu droit à la poignée de main dite républicaine, refusée par cette militante radicale qui tient à garder la distance avec ses adversaires.

La présidente Panot peut se montrer inflexible, comme elle l’a démontré aux autorités algériennes, qui en 2019 l’ont tout bonnement chassée du territoire, où elle est désormais persona non grata. Preuve qu’elle n’a pas froid aux yeux… Et que ses yeux peuvent voir rouge.


Les indiscrets d’ERB

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