Borne Première ministre étrange

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Madame Borne sème le doute. Aussi bien chez les Français que dans la majorité. Emmanuel Macron hésite à tourner la page.

Combien de temps cela va encore durer ? Cette semaine, aucun ministre ne s’est déplacé sur le terrain. En leurs ministères reclus, les membres du gouvernement doivent éviter le contact populaire. Trop risqué de sortir alors que la France gronde.

Dans les jardins de Matignon, « la Première » tente de prendre l’air. Respirer un peu. Toute la semaine, elle a enchaîné les réunions avec les costumes gris, sans jamais croiser le moindre « Français du quotidien », pour reprendre la formule un brin méprisante de Yannick Jadot. Son prédécesseur, Jean Castex, ne tenait pas en place, enchaînant avec appétit les déplacements de la Guyenne (forme populaire de l’Aquitaine) aux Vosges, d’hôpital en gendarmerie, d’hélicoptère en TGV. Il fallait bien cela pour incarner le « Premier ministre des territoires » et paraître crédible dans ses oripeaux presque chiraquiens.

Borne, comme son nom l’indique

Borne, pour sa part, demeure tellement plus statique, accrochée à son bureau et à ses fiches. Beaucoup d’acteurs publics font ressortir qu’elle oublie souvent de dire bonjour, de saluer les uns et les autres, comme si elle était prisonnière de ses pensées…

Toute la semaine, le camp présidentiel n’a pas caché ses atermoiements. Voilà qu’à voix haute on se demande : « Est-ce qu’elle peut rester ? ». Emmanuel Macron fulmine et s’inquiète. Le Point rapporte cette colère assez édifiante : « Vous m’avez vendu Élisabeth Borne comme la perle rare et voilà où on en est ! ». Premier visé : Alexis Kohler, le Secrétaire général de l’Élysée, qui a conspiré à la nomination d’Élisabeth Borne. Jusqu’à l’imposer quasiment à Emmanuel Macron – dont la favorite était Catherine Vautrin, la présidente du Grand Reims.

Emmanuel Macron n’a jamais vraiment voulu d’elle

Faut-il rappeler l’étrange vaudeville de ce début de second mandat ? Emmanuel Macron a énormément hésité à sa réélection. Qui nommer à Matignon ? Une femme, assurément. Mais laquelle ? Après avoir proposé à Christine Lagarde (qui a refusé) le président s’est tourné vers la dirigeante de Nexity, Véronique Bédague (refus poli mais net). Alors, pourquoi pas Valérie Rabault, la députée socialiste du Tarn-et-Garonne ? Pas folle la guêpe : elle tourne les talons et révèle l’info aux médias. Caramba, encore raté !

Emmanuel Macron se creuse la tête tandis qu’Alexis Kohler continue de pousser sa championne, Élisabeth Borne. Mais le président semble sceptique face à celle qui fut sa ministre durant cinq ans. Alors, il croit trouver la parade en Catherine Vautrin. Il l’appelle personnellement, l’invite à déjeuner et lui demande de « se préparer ». Dans un étrange revirement de dernière minute, ce sera finalement la placide Borne qui sortira du chapeau. Elle-même n’y croyait plus ! C’est dire à quoi tiennent les choses… Le tout donne l’impression d’une cotte mal taillée. Un bric-à-brac difforme.

Le président regrette-t-il son choix – si l’on peut parler de choix ? Pour l’instant, officiellement, tout va bien. Mais lors de sa « prise de parole » du 13 heures, Emmanuel Macron lui-même n’a pas su cacher son trouble. Entre deux phrases convenues sur le thème « Je renouvelle ma confiance à la Première ministre », il lâche : « J’espère qu’elle y arrivera »… Sa mission désormais ? « Construire les majorités les plus larges ». On voit mal comment celle qui n’a pas su faire bouger les lignes depuis dix mois y parviendrait tout à coup, maintenant, face à la France des colères.

Au petit bal des ambitions…

La semaine prochaine, elle recevra (toujours à Matignon) les représentants de l’intersyndicale. Laurent Berger et les autres ne peuvent qu’être déçus : ils attendaient surtout un face-à-face élyséen avec Emmanuel Macron.

Plus terrible encore est le sentiment qu’Élisabeth Borne inspire aux Français. Une technocrate froide, sans empathie ni personnalité, avec laquelle on ne se sent pas grand-chose de commun. Aucun idéal ne se dessine à l’horizon.

Emmanuel Macron peut-il révoquer « la Première » ? Certains le pressent d’envoyer un coup de barre à droite en plaçant à Matignon Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu ou François Baroin. L’hypothèse Gérard Larcher est même sur la table. Il y a aussi Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée, que Borne surveille comme le lait sur le feu.

En bref, la position de la Première ministre paraît très instable. Bail précaire à Matignon ? Cette tenace qui s’accroche espère faire mentir ceux qui parient sur sa chute prochaine.


Les Indiscrets d’ERB

Comment Cazeneuve veut fédérer le centre-gauche · Cazeneuve planche sur la suite. L’ancien Premier ministre de François Hollande espère fédérer ceux qui à gauche rejettent la Nupes. Avec La Convention, il espère réconcilier les Français avec l’idéal social-républicain. Celui qui fut considéré par GQ comme « l’homme le mieux habillé de France » poursuit sa route loin des micros. Il résume son initiative : « C’est l’abri de tous ceux qui n’en peuvent plus de la politique telle qu’elle s’écrit à gauche ». Allumage des feux !

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