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Emmanuel Macron ne pourra pas briguer un nouveau mandat en 2027. Cela n’a échappé à personne. D’abord dans son propre camp.

Comme diraient nos cousins du Québec, les Français sont « tannés » des élections. Mais nos hommes politiques (les femmes ne sont pas en reste) préparent déjà l’après… Le général de Gaulle l’avait signalé en son temps : « Ce qui est à redouter, à mon sens, après l’événement dont je parle (sa mort), ce n’est pas le vide politique, c’est plutôt le trop plein. » Nous y sommes.

Au centre, la succession d’Emmanuel Macron s’est ouverte à demi-mot. Édouard Philippe fait depuis longtemps figure de principal successeur potentiel, il s’est émancipé assez franchement de celui dont il fut le Premier ministre. Une piste trop évidente ? « Ce n’est pas Rocard qui succède à Mitterrand », souligne justement Laurent Wauquiez, le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Édouard Philippe président ? « Oui, si on vote au suffrage censitaire ! », ajoute, grinçant, un sénateur à la parole libre… L’homme à la barbe complètement blanche doit encore faire ses preuves.

Au-delà du maire du Havre et ses « Horizons », d’autres prétendants se pressent. Gérald Darmanin tente de refaire, depuis le ministère de l’Intérieur, le coup qu’avait fait Sarkozy à Chirac. Le tout avec moins de panache et de talent… Bruno Le Maire, lui aussi, pousse son avantage. Il songerait à briguer, en 2024, la succession de la directrice générale du FMI, la bulgare Kristalina Georgieva. Bruno Le Maire n’ignore pas qu’en politique française, le meilleur moyen d’être populaire et d’attirer le désir, c’est tout simplement de ne plus rien dire. Disparaître des médias, gagner Washington (une ville qu’il aime beaucoup), pour jouer à plein d’une stature internationale prestigieuse. Le tout pour mieux revenir ensuite. Évidemment.

Dans l’univers très masculin de la Macronie, une femme, tout de même, a quelques prétentions. Yaël Braun-Pivet. La présidente de l’Assemblée nationale – élue contre la volonté d’Emmanuel Macron, qui poussait un autre candidat, Roland Lescure – s’est affranchie à son tour de la tutelle présidentielle. Respectueuse des oppositions, cette femme encore peu connue des Français essaie de s’afficher en arbitre, au-delà des postures partisanes. Il lui arrive souvent de prendre la défense de ses vice-présidents RN et Insoumis. Elle s’est par exemple publiquement méfiée du « Conseil national de la Refondation » … Face au risque que cette instance contourne le Parlement, elle déclare sur France Inter : « Je serai extrêmement vigilante. » Emmanuel Macron, qui n’a jamais apprécié cette ancienne avocate à l’esprit frondeur, s’est finalement résolu, après des semaines de mépris, à la recevoir une fois par mois. Preuve de l’ambition libérée du quatrième personnage de l’État : Yaël Braun-Pivet se rendra la semaine prochaine en Ukraine et en Pologne, au contact des réfugiés de guerre. Elle y conduira une délégation transpartisane.

Un dernier prétendant. Le président du MoDem. François Bayrou n’a jamais accepté que l’on puisse évoquer au passé ses ambitions élyséennes. Loin de lui l’idée de les recaler au fond du tiroir. Il s’y prépare encore et toujours, inlassable, convaincu de pouvoir incarner, au bout du compte, le rassemblement. Dès aujourd’hui, il n’hésite pas à affronter droit dans les yeux Emmanuel Macron. Son refus d’un « passage en force » sur la réforme des retraites – et la menace agitée d’un vote contre des députés MoDem en cas de 49.3 – le prouve tant que de besoin. Ira t-il jusqu’à faire tomber le gouvernement ? Le Haut-Commissaire au Plan garde de la Présidence de la République une certaine idée : « Être président, c’est donner au pays des raisons de vivre. »

Les indiscrets d’ERB

L’émotion de Marine. Le RN tenait le week-end dernier, à Agde, des journées parlementaires sous le sceau de l’optimisme. Avec 89 députés, un record historique, le parti peut voir venir mieux qu’à l’habitude. Lors du discours de Jordan Bardella, prétendant à la succession de Marine Le Pen, la cheffe du RN, installée au premier rang, semblait au bord des larmes devant le chemin parcouru par son fils politique.

Ciotti et Dati sont sur un bateau. Proximité affichée. Lors de la soirée de rentrée de la section LR de Paris, donnée le 21 septembre sur une péniche parisienne, Rachida Dati et Éric Ciotti se sont attribués mutuellement des lauriers successifs. Un moyen sans doute, pour la maire du VIIe arrondissement, d’afficher son soutien au député des Alpes-Maritimes dans la course à la présidence du parti.

Hidalgo veut tout sauf se retirer. Elle s’agace de ceux qui la croient finie. Malgré ses 1,7 % à la présidentielle, la socialiste est revenue en septembre plus combattive que jamais. Sur le plan parisien, elle tente de reprendre un leadership malmené. Contrairement à son intention première, Anne Hidalgo étudierait, selon certains de ses adjoints, l’option d’une troisième candidature municipale… Et lorgnerait même sur une nouvelle tentative élyséenne. Fromage et dessert. Ambition inassouvie.

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