Temps de lecture estimé : 3 minutes

Depuis la fin de la réforme des retraites, l’équipe Borne expédie les affaires courantes. Mais tout le monde a la tête ailleurs. Il y a du jeu sur la ligne.

Madame Borne sort du bois. Elle s’agite, désireuse de prouver son utilité. Oui, elle veut rester, pour réformer, pour gouverner. Mais l’étau se resserre sur la Première.

Faire son travail tout en sachant que votre patron cherche à vous remplacer… Qu’il reçoit des candidats le soir dans son bureau… Parce qu’il veut vous virer ! Dans la vie normale, Élisabeth Borne pourrait sans doute dénoncer Emmanuel Macron aux Prud’hommes. Mais pas de droit du travail au sommet de l’État. Alors, la Première doit convaincre. Tenter de séduire dans les dédales d’une macronie qui lui tourne déjà le dos.

Face aux rictus des députés, à l’indiscipline de ses ministres, aux petites humiliations de l’Élysée, elle courbe l’échine… Et fait retomber la pression sur ses subalternes, éreintés. Le premier d’entre eux, son chef de cabinet Aurélien Rousseau, va quitter ses fonctions après un an seulement. Preuve que l’ambiance est tendue rue de Varenne.

Le coup de boutoir du 14 juillet

Bientôt la fin des « Cent jours », fixés par Emmanuel Macron, comme pour gagner du temps. Le 14 juillet, il rêve d’ouvrir un nouveau chapitre de son aventure. Comme pour marquer le coup, Madame Borne, symbole de l’échec du quinquennat nouveau, pourrait faire ses valises. Vraiment ? Elle compte s’accrocher jusqu’au bout, tout tenter, tout essayer, pour rester en place.

Mais son jeu est bien maigre… Petite télégraphiste du président, elle récite ses discours, rédigés dans le pur style McKinsey. Et se souvient sans doute qu’en octobre dernier, Emmanuel Macron, absent d’un sommet asiatique pour cause de match de football au Qatar, se fit représenter par Olaf Scholz. Oui, l’homme de l’Élysée préféra confier cette mission au chef du gouvernement allemand plutôt qu’à… la cheffe du gouvernement français. Quelle déconfiture !

Denormandie ? Louvrier ? Les rumeurs disent tout d’un pouvoir qui vivote

Elle lit les papiers dans la presse. La « rumeur Denormandie » semble tenir la corde. L’ancien ministre de l’Agriculture, qui a quitté le gouvernement en juillet dernier, reviendrait par la grande porte ? Celui qui est souvent qualifié de « bébé » d’Emmanuel Macron s’occupe officiellement d’une entreprise et d’une ferme piscicole. Rangé des voitures ? Non, à la rentrée, il reviendra en librairie, aux côtés de l’académicien-courtisan Erik Orsenna. Ce jumeau politique du président, présenté comme un « mormon macroniste », est dans les petits papiers du pouvoir.

Comme disait Coluche, « dans les milieux autorisés », on pousse aussi la candidature de Franck Louvrier, maire de La Baule. Ami personnel de Nicolas Sarkozy, ce LR « macron-compatible » pourrait rallier à lui quelques députés. Et augmenter (légèrement) l’espace de la majorité. Tout l’enjeu est là. Pour Emmanuel Macron, il s’agit de mettre le cap à droite. Par conviction profonde ? Non, mais il a besoin des voix des LR pour avancer dans son quinquennat… Et empêcher son cauchemar : l’arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée. S’il devait passer les pouvoirs à sa pire ennemie, en 2027, il ne s’en relèverait pas.

Qui sera le « mouton à cinq pattes » ?

Ainsi, certains au Sénat imaginent une nomination surprise. Larcher ? Retailleau ? Ciotti ? Le président, qui voudrait retrouver l’esprit disruptif des origines, demande à ses proches de préparer un coup. Et si le prochain Premier ministre venait de la société civile ? Ce serait une première depuis la nomination de Georges Pompidou par le Général de Gaulle, en 1962.

Reste à trouver le « mouton à cinq pattes ». Proche d’Emmanuel Macron, mais avec une capacité d’autonomie, charismatique sans lui faire de l’ombre, technique sans être techno, capable de parler à la droite sans crisper la gauche… Emmanuel Macron n’a pas droit à l’erreur. Si son prochain Premier ministre échoue, il sera réduit au rôle du notaire, tout juste bon à déclencher des pluies de 49-3. La démocratie, sous les hurlements des Nupes, n’en sortira pas grandie.

Le marcheur doit choisir. Scénario dit « maximaliste » qui consisterait à un pacte avec LR ? Choix « minimaliste » qui consisterait en la nomination d’un très proche, pour gouverner dos-au-mur ? Option « borniste », avec maintien inattendu de la Première ? Un quatrième scénario, « démocratique », semble pour l’heure ne pas effleurer l’Élysée. Il s’agirait de dissoudre l’Assemblée, pour redonner la parole aux Français. Vox populi, vox dei.


Les Indiscrets d’ERB…

Ces ministres qui risquent la sortie • Ils s’appellent Christophe Béchu, Pap Ndiaye, François Braun, Jean-Christophe Combe… Et bien entendu Marlène Schiappa. Mais aussi Sylvie Retailleau, Hervé Berville, Jean-Noël Barrot, Sonia Backès, Laurence Boone, Chrysoula Zacharopoulou, Bérangère Couillard, Agnès Firmin Le Bodo. Ces ministres invisibles, inaudibles, inutiles, risquent d’être débarqués lors d’un prochain remaniement. 42 membres pour l’équipe Borne, soit le gouvernement le plus pléthorique de l’histoire de France… Preuve d’une bureaucratie lourde et croulante ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.