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Marine Le Pen prépare – sans vraiment se cacher – sa quatrième candidature élyséenne. Si l’hypothèse de son arrivée au pouvoir est brandie depuis longtemps par la majorité, elle pourrait finir, un jour ou l’autre, par se réaliser. 

La députée du Pas-de-Calais passera samedi 5 novembre le flambeau de la présidence du Rassemblement national à Jordan Bardella, lors d’un congrès organisé à la Mutualité (Paris). Une nouvelle étape.

Marine Le Pen est un drôle d’animal politique. Depuis avril 2013, elle est donnée au second tour de la présidentielle dans tous les sondages (à défaut d’un ou deux, à l’automne dernier, qui ont voulu donner dans le spectaculaire en qualifiant Éric Zemmour). Il faut bien vendre ! Rester aussi haut, aussi longtemps, à l’heure du grand zapping permanent ; voilà qui relève du défi. Sans doute est-ce grâce à la relation particulière, et pour tout dire sans équivalent, qu’elle a su bâtir avec ses électeurs. Lors de sa campagne présidentielle, elle traînait autour d’elle une sorte d’aura mystique étrange.

Une résilience obstinée

Une certaine France, rurale et populaire, semble voir en elle sa championne. Les gens l’acclament par son prénom : « Marine ! Marine on t’aime ! ». Les dames se pressent pour prendre des selfies, et, tremblantes d’émotion, doivent s’y reprendre à trois ou quatre reprises. De jeunes gens, souvent assez sensibles, ont pour elle une fascination inexpliquée. Marine Le Pen sait se faire aimer. Fêtarde, amie des chats, maman, bonne camarade… Lente construction de son personnage médiatique, comme toujours bâti à la glaise du vrai et du faux.

2022 aurait pu constituer, pour elle, l’année du couperet. Le marigot politico-médiatique prononçait presque son extrême-onction. Éric Zemmour, lancé à toute berzingue, devait prendre sa place dans le paysage politique. Plus résiliente qu’imaginée, sous-estimée par ses adversaires, la candidate parvient à éviter le piège et relègue l’ancien chroniqueur télé dans les tréfonds du classement. Sa stratégie, celle du bloc populaire, paye. Le second tour sera d’un autre acabit : elle échoue, une nouvelle fois, face à Emmanuel Macron, avec 41 % des voix.

Bardella, son fils politique, va lui succéder au RN

De manière inespérée, les législatives qui suivent vont la relancer. Avec 89 députés, le RN effectue un retour spectaculaire à l’Assemblée nationale. La candidate fait alors le pari de se consacrer à la présidence du groupe et de laisser celle du parti à son poulain politique, Jordan Bardella. C’est sans compter sur la candidature de Louis Alliot, maire de Perpignan – son ancien compagnon à la ville. Le duel entre les deux hommes se fait mezzo voce, même si quelques philippiques ponctuent la fin de la campagne…

Bardella veut de nouveau ancrer le parti à droite – sans aller pour l’heure jusqu’à constituer des alliances avec d’autres partis comme LR. Alliot représente quant à lui le « marinisme originel », ce « ni droite ni gauche » qu’incarnait jadis Florian Philippot. La victoire politique du premier sur le second ne fait aucun doute. C’est un changement qui n’est pas seulement générationnel. Au contraire des dires du parti, le conflit se fait bel et bien sur la ligne politique.

Peut-elle finalement y arriver ?

Et pour la suite ? Marine Le Pen « prépare 2027 » comme le veut désormais l’expression consacrée. Cette femme, entrée en politique non par la vocation mais par l’exigence de son père, semble finalement chercher le pouvoir, véritablement. Pourtant, chacun sent bien que quelque chose chez elle, au dernier moment, la retient et la fait trébucher. On se souvient du débat de 2017, loupé dans les grandes largeurs. Celui de 2022 fut à peine mieux. Comme un conflit intérieur.

Pourrait-elle dire, comme Chirac, l’éternel candidat : « J’aurai les Français à l’usure » ? 2027 constituerait sa quatrième tentative élyséenne. Mitterrand comme Chirac furent élus à la troisième. Une telle persévérance peut lasser l’électeur ou au contraire le rassurer, comme un gage de stabilité. Pour l’heure, elle s’essaie à un jeu auquel elle n’avait jamais goûté : faire planer le doute sur ses intentions. « Si des circonstances exceptionnelles se présentent… ». L’Élysée fait courir le bruit de l’inquiétude présidentielle. La crainte d’Emmanuel Macron, tel Obama face à Trump, serait de laisser le pouvoir « aux extrêmes ». Il pense à elle.


Les Indiscrets d’ERB…

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