Bruno Retailleau

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Bruno Retailleau vise la présidence des Républicains. Plus qu’un ripolinage de façade, il veut tout changer, à commencer par le nom du parti.

Le sénateur de la Vendée affrontera, lundi 21 novembre sur LCI, ses deux concurrents directs. Aurélien Pradié, jeune député du Lot ; et surtout Éric Ciotti, le ténor des Alpes-Maritimes.

C’est l’histoire de deux seconds qui rêvent désormais de jouer les premiers rôles. Ciotti, hier fervent sarkozyste, contre Retailleau, qui fut le lieutenant de Philippe de Villiers puis de François Fillon. Retailleau. Avec un nom pareil, impossible de dissimuler ses racines vendéennes, ce fier département, riche d’une histoire sans pareille, terrible et glorieuse. Bruno Retailleau est depuis toujours l’avocat passionné des bocages, aux côtés de Philippe de Villiers d’abord, qui fut l’homme de sa jeunesse. L’ancien président du département, inarrêtable, fit connaître la Vendée au monde entier, grâce à l’histoire – Le Puy du Fou – et à la géographie, avec le Vendée Globe.

Un entrepreneur aux airs d’artiste

Retailleau, en passionné d’équitation, fut durant 25 ans le responsable de la fameuse « Cinéscénie », le grand spectacle du Puy du Fou. Au programme : comédiens, cracheurs de feu, cascadeurs et jeunes premières. En parallèle, il dirige « Radio Alouette », influent média des Herbiers (autre succès de Philippe de Villiers). Retailleau conduira également la communication de Sciencescom, connue désormais sous le nom d’Audencia – la célèbre école de commerce du Grand Ouest.

 « Le p’tit Bruno de Saint-Malô-du-Bois », comme le surnomme alors affectueusement son mentor, veut aussi en découdre du côté de la politique. Tout naturellement, il rejoint alors, à l’orée des années 1990, le Mouvement Pour la France de… Philippe de Villiers. Conseiller général, conseiller régional, député. Bien qu’en dehors de la majorité RPR-UDF, il est nommé, en 1998, vice-président de la Région Pays de la Loire, par François Fillon, un jeune qui débute… Entre le sarthois et le vendéen, l’entente est plus que cordiale ; la naissance d’une solide amitié. Encore aujourd’hui, bien que rangé des voitures, François Fillon continue de conseiller son ancien lieutenant.

Un prodige que Villiers et Fillon se disputent

2009. François Fillon est Premier ministre. Philippe de Villiers, lui, est en pleine traversée du désert. Bruno Retailleau, entre ses deux amis (ses deux patrons) tente de se frayer un chemin. À chaque remaniement, François Fillon tente de convaincre Nicolas Sarkozy d’admettre Retailleau au gouvernement. Mais « Sarko » se méfie de cette droite régionale, souverainiste et qui ne cache pas sa foi catholique… Pas assez moderne à son goût ! Retailleau n’entrera pas au gouvernement, mais toutes ces manœuvres finissent par agacer Philippe de Villiers, qui décide de rompre.

Retailleau est viré de son petit parti, le MPF, comme du Puy du Fou. Son exclusion spectaculaire du parc fut très rude. Retailleau, qui avait fait de l’aventure puyfolaise ses nuits et ses jours, se retrouve sur la touche, accusé de « trahison », ce qui en Vendée n’est pas un mot à prendre à la légère.

Dans un ouvrage, Retailleau confie avoir eu, alors, l’envie d’en finir : « Les mois qui ont suivi mon exclusion du Puy du Fou ont été difficiles, d’une grande violence. J’avais l’impression d’être au fond du trou, cerné de toute part. Au point d’envisager le pire. Je me souviens de m’être trouvé un jour au volant de ma voiture, sur une petite route de Vendée, et de m’être dit : Si je me plantais là, dans le décor, toute cette tension disparaîtrait. Ce serait fini. Terminé. » Les deux hommes, qui vivent toujours à quelques kilomètres l’un de l’autre, autour du Puy de Fou, ne se parlent plus. Rupture définitive.

Conserver et libérer : son crédo pour les LR

Été 2022. Bruno Retailleau est maintenant pleinement intégré à la famille de la droite. Il dirige, depuis près de dix ans, le groupe Les Républicains au Sénat. En vacances sur l’île d’Yeu, comme chaque année depuis son enfance, il voit son téléphone sonner sans cesse. Du conseiller général à Gérard Larcher, le puissant président du Sénat, de très nombreux élus lui demandent « d’y aller ».

Aller où ? À la présidence des Républicains. Ciotti est déjà sur les rangs, et derrière lui, Laurent Wauquiez, que le maralpin veut imposer comme candidat à la présidence de la République. Retailleau réfléchit. Il se lance finalement.

Quel projet pour la droite, prise en étau entre le centre-droit macroniste et la droite-populaire du RN ? Tout le projet consiste, pour Bruno Retailleau, a faire exister le parti sans se faire manger par l’un ou l’autre camp… Une gageure. Existe-t-il, pour LR, une voie qui ne serait pas celle de l’extrême-onction ?

Sans doute le choix d’un véritable libéralisme, proposition attendue des Français et pourtant refusée par le RN comme par Emmanuel Macron, tous deux partisans de solutions dirigistes, serait sans doute une idée. Bruno Retailleau, qui a repris beaucoup du projet de François Fillon, rêve d’explorer cette voie. Jusqu’en 2027 ? Peut-être bien. Mais les Vendéens n’ont pas eu beaucoup de chance dans la course à l’Élysée… Même Clemenceau y a échoué.


Les Indiscrets d’ERB

Hervé Marseille, un notable courtisé par le gouvernement • Le sénateur Marseille, qui malgré son nom est élu dans les Hauts-de-Seine, n’a jamais été aussi demandé. Alors qu’il s’apprête à présider bientôt l’UDI, petit parti de centre-droit, le gouvernement lui fait des ronds de jambes… C’est que le soutien de la formation historique de Jean-Louis Borloo, jadis affiliée à LR, pourrait venir en appui des macronistes à l’Assemblée.

Muriel Pénicaud : Manpower ! L’ancienne ministre du Travail, éprouvée par la macronie, vient de retrouver, justement, un nouvel emploi. Muriel Pénicaud débarque chez Manpower, en qualité de membre du Conseil d’administration. Le géant de l’intérim va pouvoir compter sur les conseils de notre ancienne ministre. La HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique) a validé son entrée dans l’entreprise. Preuve qu’il y a une vie après la politique.

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