Les cadres, autopsie d’une population en mutation

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La frontière entre cadres et non-cadres s’estompe peu à peu. Mais certains critères restent distinctifs.

Qui sont les cadres ? Dans une étude intitulée Les cadres aujourd’hui, quelles spécificités ? publiée par France Stratégie,  on s’interroge sur les contours d’une catégorie qui peine à se définir. En cause, ses changements perpétuels. Une chose est sûre : ils.elles constituent un groupe professionnel de plus en plus étendu. Si quelques critères restent encore très distinctifs comme le niveau de diplôme, la nature même de la fonction de cadre, elle, a évolué. Analyse.

Pas de définition juridique précise de ce qu’est un.une cadre. D’ailleurs, le terme seul n’existe plus vraiment. Entre les cadres expert.es, les cadres de proximité ou encore les cadres « planneur.es »… la liste s’allonge. Mais la statistique publique, elle, a opté pour l’appellation « cadres et professions intellectuelles supérieures ». Un fourre-tout qui englobe les cadres du secteur privé, du secteur public et les professions libérales. À travers cette définition, le nombre de cadres n’a cessé de s’accroître depuis des décennies. À titre d’exemple, on en comptait 3,6 millions en 2003 contre 4,6 millions en 2016.

Une frontière plus ambiguë
Là où durant les années 1980 les cadres bénéficiaient du pouvoir d’encadrement, ce n’est plus forcément le cas en 2020. De nos jours, un.une cadre n’encadre plus systématiquement, il.elle s’apparente beaucoup plus à un.e expert.e, un phénomène expliqué par le boom des cadres issu.es des filières informatiques et des écoles d’ingénieur.es. Bien sûr, les cadres jouissent encore en priorité du privilège d’encadrement. En 2016, 68 % des cadres d’entreprise supervisaient le travail d’autres salarié.es, mais seulement 34 % d’entre eux.elles le considèrent comme leur activité principale. Á l’inverse, certains managers, amené.es à diriger un groupe de salarié.es, ne relèvent pas obligatoirement du statut de cadre. Les frontières se brouillent.

En matière de responsabilité financière aussi, la distinction s’affine. Le pourcentage de cadres qui déclarent qu’une erreur de leur part pourrait avoir un impact financier important se montre globalement stable entre 1998 et 2013 (77 %), contrairement à celui des ouvrier.ères et employé.es, qui progresse de six points. Même si l’écart entre cadres et non-cadres reste de dix points, le sentiment de responsabilité se rapproche entre les deux groupes.

Des différences encore notables
Plus de mixité chez les cadres. Notamment sur le plan du genre. Contrairement aux ouvriers, catégorie hégémonique masculine – environ 80 % d’hommes –, les femmes s’affichent plus nombreuses chez les cadres. Les deux tiers dans le secteur public. Encore aujourd’hui, les cadres apparaissent plus âgé.es que la moyenne de l’ensemble de la population active (respectivement 43,7 ans contre 41,8 ans). Enfin, le diplôme semble encore jouer un rôle capital de démarcation. Détenir un diplôme de bac + 5 augmente fortement les chances d’être cadre et quasi dès le début de carrière. Bien entendu, encore aujourd’hui les cadres bénéficient d’une plus grande sécurité dans l’emploi : en 2016, 97 % d’entre eux.elles profitent d’un contrat à durée indéterminée. Un gage de stabilité. GW.

 

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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