Viadeo, LinkedIn… des relations si utiles ?

"Je suis venu avec les gens de mon réseau Viadeo, afin que vous jugiez quel genre de personne je suis"

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Mais multiplier les invitations et s’inscrire à des groupes suffit rarement à obtenir un coup de pouce. Pour que ces relations virtuelles débouchent sur du réel, l’utilisateur doit s’investir sur le long terme…

"Je suis venu avec les gens de mon réseau Viadeo, afin que vous jugiez quel genre de personne je suis"
« Je suis venu avec les gens de mon réseau Viadeo, afin que vous jugiez quel genre de personne je suis »

Comme tout le monde ou presque, Philippe, responsable commercial dans une PME du secteur automobile, a mis son profil en ligne sur Viadeo et LinkedIn depuis bientôt trois ans. « Je ne suis pas en recherche active d’un autre poste, mais il est toujours pertinent de développer son réseau professionnel », justifie-t-il. Sans y être très actif, Philippe répond aux invitations qu’il reçoit et consulte les profils des personnes qu’il croise dans le cadre de son travail. Concrètement, que lui ont apporté ces réseaux ? Maigre bilan : « Quelques contacts, sans plus », estime le commercial.

Comme lui, ce sont aujourd’hui plus de six millions de Français qui sont inscrits sur LinkedIn et quatre millions sur Viadeo. Dans quel but ? Réseauter, bien sûr, et plus si affinités. « Avant, le business et le networking étaient la première raison d’être de ces sites ; désormais, c’est l’emploi », estime Jean-Christophe Anna, directeur associé et cofondateur de la société Link Humans, spécialisée en recrutement mobile et social.

A une époque où plus d’un salarié sur deux rêve de changer de job, les réseaux sociaux professionnels (RSP) sont devenus le nouvel outil à la mode. Fondés au début des années 2000, LinkedIn et Viadeo, suivis de près par l’allemand Xing en Europe, ont rapidement trouvé leur public et concurrencé les sites d’emploi comme Monster ou RegionsJob. A leur suite sont apparus les RSP organisés par secteur d’activité, tels Expeert, Geeklist, Salezeo…

Le bouche-à-oreille a la peau dure

Mais collectionner les contacts sur les RSP permet-il réellement de donner un coup de pouce à sa carrière ? Dans un débat traitant de la question sur Viadeo, Emilie Fougnie, chargée de mission RH du groupe La Poste, se montre catégorique : « Je ne pense pas qu’ils puissent de manière concrète et régulière permettre de trouver un emploi, estime-t-elle. C’est une aide précieuse, mais qui n’est pas suffisante à elle seule. »

En matière de recrutement, les canaux traditionnels, comme les petites annonces ou le bouche-à-oreille, ont la peau dure : selon un sondage Viadeo/Harris Interactive publié fin 2013, seuls 26% des recruteurs interrogés sont sur les réseaux sociaux professionnels et seulement 8% (!) s’en servent pour recruter. « Même si c’est en train d’évoluer, les employeurs n’ont pas encore totalement intégré à leurs pratiques l’utilisation des réseaux sociaux », admet Claire Romanet, fondatrice du cabinet de recrutement Elaee. « Il y a un temps d’adaptation nécessaire pour ces outils, défend de son côté Jean-Christophe Anna. Il a fallu dix ans pour que les DRH adoptent les sites comme Monster. »

De l’autre côté du miroir, les utilisateurs ne se montrent pas non plus très dynamiques : environ un tiers seulement des inscrits sur Viadeo ou LinkedIn sont des utilisateurs réguliers. Petite question : combien d’entre vous, lecteurs d’Ecoréseau, ont mis leur profil en ligne, puis s’en sont finalement désintéressés ?

Travailler sa lisibilité

Pourtant, bien utilisés, ces réseaux peuvent s’avérer de précieux outils. S’ils ne remplacent pas la recherche active, les RSP permettent au candidat de « façonner son identité numérique », fait valoir Jean-Christophe Anna. Pour un recruteur qui reçoit une candidature, le fait de « googliser » le postulant est devenu un réflexe. 45% des DRH se servent tout de même des réseaux professionnels pour se renseigner sur de potentielles recrues, nous indique l’enquête d’Harris Interactive. Un profil en ligne est un gage de transparence : « un recruteur n’aime pas ne pas trouver d’infos sur un candidat », assure Claire Romanet.

LinkedIn et Viadeo n’intéressent pas que les chercheurs d’emploi : « Ces réseaux sont également un outil commercial, fait valoir Claire Romanet. En y disposant d’une fiche, une entreprise gagne en lisibilité et en reconnaissance. » Un bon moyen, pour les plus futés, de décrocher de nouveaux clients : « Quand une société va chercher un prestataire, ces réseaux permettent de l’identifier rapidement, poursuit la fondatrice d’Elaee. Beaucoup d’entreprises cherchent des fournisseurs de cette façon. »

De manière générale, ces réseaux permettent à leurs utilisateurs de jouer au petit détective : « Un candidat peut chercher les personnes qui ont travaillé au poste qui l’intéresse et les interroger, comparer son profil aux leurs, identifier le N+1 et doubler les cabinets de recrutement… », détaille Jean-Christophe Anna. Les RSP sont aussi un moyen de court-circuiter les fameux six degrés de séparation : « Lorsqu’il a tissé sa toile, l’utilisateur peut chercher dans son réseau qui lui permet de toucher la personne qui l’intéresse », enchaîne le cofondateur de Link Humans.

LinkedIn ou Viadeo, quel réseau privilégier ? Pendant longtemps LinkedIn a eu la réputation d’être plus international, et Viadeo plus franco-français. Mais désormais, ce distinguo « n’a plus lieu d’être », estime Jean-Christophe Anna. Le cofondateur de Link Humans conseille ainsi d’être sur les deux réseaux.

En être, c’est bien, encore faut-il réussir à sortir de la masse. Noyé au milieu de milliers de profils identiques, difficile de tirer son épingle du jeu. Pour optimiser son profil, Claire Romanet conseille de participer à des groupes et des sujets de discussion à caractère professionnel. Autrement dit se faire remarquer, mais dans le bon sens du terme : « Les recruteurs aiment les prises de parole circonstanciées », souligne la fondatrice d’Elaee. Autre conseil, soigner ses contacts : « Le recruteur regarde aussi le réseau du candidat, souligne Claire Romanet. Un communicant qui n’a pas de réseau, par exemple, sera très mal vu. » Et, bien sûr, il s’agit d’obtenir des recommandations. Une possibilité proposée par les deux principaux réseaux, mais LinkedIn permet en plus à ses membres de « recommander les compétences spécifiques d’un candidat », souligne Claire Romanet. Enfin, ne pas oublier d’avoir son profil à jour avec les bons mots-clés (région, métier…), sachant que plus le profil est régulièrement actualisé, plus il apparaît dans le top des recherches. Un investissement chronophage, mais payant sur la longueur.

 

Article réalisé par Catherine Quignon

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