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Deux salons pour un Master
Le Master of Business Administration – son appellation française de diplôme international d’études supérieures ne s’est jamais imposée – ou le plus haut niveau dans le domaine de la conduite globale des affaires – stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management – poursuit sa mutation. Après une année scolaire bousculée par l’agenda covid, la rentrée 2021-2022 s’orchestre dans la (nouvelle) normalité. Les formats hybrides s’installent et les programmes sont modifiés en profondeur.
2020 restera une année hors normes pour les business schools comme pour les entreprises. Outre les prouesses de contorsionnistes opérées par les dirigeants pour maintenir le cap, non pas de la croissance, mais de la survie, nous avons assisté à la poursuite des grands mouvements de notre écosystème : incendies de forêts, injustices sociales, flux migratoires, contestation sociale… La crise mondiale que nous traversons entraîne des changements durables et profonds. L’offre de MBA de cette rentrée 2021 est à l’image des changements de perspective, d’objectifs, d’aspirations. Du processus d’admission à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes en passant par l’engagement des étudiant·es et l’obtention des diplômes, toutes les facettes du fonctionnement des écoles de commerce ont dû s’adapter aux mesures de sécurité sanitaire, aux exigences de distanciation sociale et aux règlements de quarantaine. Mais c’est aussi et surtout le contenu des enseignements qui est revu en profondeur.
L’eMBA devient incontournable
Le format en ligne est le grand gagnant de l’ère post-covid. Il offre une flexibilité en termes d’horaires, de commodité, d’accessibilité et de coût. La plupart des écoles proposent désormais des programmes de MBA en ligne, alors que le nombre de candidat·es aux programmes traditionnels de MBA à temps plein sur deux ans est en baisse. Grâce aux avancées technologiques déjà en place, les écoles de commerce ont rapidement pu passer à un format d’apprentissage en distanciel, bien que la transition ait soulevé de nombreux défis. Grâce à ce processus, les écoles ont tiré des leçons précieuses sur la façon dont elles peuvent améliorer l’apprentissage.
Le besoin de partager et de se voir
Il semble que les mesures de distanciations sociales aient renforcé le besoin de se rencontrer. Nouveauté 2021-2022, Audencia regroupe dans une même communauté l’ensemble de ses MBA France et international. « Nous souhaitons créer des synergies entre les programmes, entre les cultures, entre les nationalités », explique Mickaël Naulleau, directeur de l’Audencia MBA Community. La communauté regroupe des full time MBA dont la moyenne d’âge est de 30 ans et des executive MBA au profil plutôt senior au nom d’une moyenne d’âge de 40 ans. Tous se retrouveront lors de l’International MBA and DBA Week.
Les offres hybrides se multiplient
Autre tendance lourde au sein de l’offre de MBA, le format hybride. Les business schools s’alignent sur les nouveaux standards des entreprises. La plupart offrent à leurs salarié·es la possibilité de travailler à domicile, au bureau ou les deux. Le format hybride adopté par les écoles de commerce tient compte à la fois des changements requis par la pandémie et de la préparation au futur environnement de travail. Il offre le « meilleur des deux mondes », la flexibilité et l’accessibilité des cours en ligne en association avec les avantages de l’enseignement en présentiel et l’interaction entre le corps enseignant et les étudiant·es. Le format hybride continuera d’évoluer au fil des ans. Chez Audencia, un nouveau programme, l’Executive MBA Chief value officier, vient enrichir la palette. « L’objectif est de penser les questions comptables, pas seulement du point de vue économique, mais aussi social et environnemental », précise Mickaël Naulleau.
Adaptation des programmes : résilience et entrepreneuriat
L’une des évolutions les plus sensibles dans l’enseignement des MBA en 2021 concerne les programmes. Une refonte de leur contenu et de leur orientation est en cours. L’impact de la pandémie se ressent sur le marché de l’emploi et un nombre croissant de cadres souhaite évoluer vers l’entrepreneuriat. Les périodes de confinement, de chômage total ou partiel ont favorisé une remise en question.
Autre thématique apparue dans les programmes au cours des derniers mois, la résilience. Les responsables des programmes MBA souhaitent former des dirigeant·es responsables et, donc, résilient·es, capables de valoriser les différences, de gérer efficacement le changement, d’apprendre des techniques de collaboration virtuelle et de diriger en cas de crise, de perturbation et d’incertitude. Certains programmes intègrent également la gestion des soins de santé, les sciences de la vie, la gestion des risques, les fintechs, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, le développement de vaccins et même la manière de gérer un déficit de médicaments. Parmi les futures attentes de la société envers les entreprises et que les concepteur·rices de programme des MBA intègrent dans leurs cursus, le changement climatique, la prise de décision basée sur la data, la durabilité, la coopération mondiale. Enfin, les candidat·es aux MBA s’intéressent de plus en plus aux questions de gouvernance, de politiques, de RSE, de diversité, d’inclusion et à la manière dont leur travail pourrait servir un objectif supérieur. Pour continuer à remplir leurs amphis, les écoles devront intégrer cette nouvelle donne.
Marie Bernard