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Avec 2,4 millions de chômeur·ses, en légère baisse, la France ne devrait pas tant courir après une main-d’œuvre en pénurie qui pèse sur la reprise économique. Mais les chercheur·ses d’emploi en question ne sont pas forcément formé·es ni prêt·es à se ruer dans l’hôtellerie, la restauration ou le bâtiment, secteurs en demande criante. Aujourd’hui, les entreprises – commerces d’abord – ne craignent pas tant la pandémie en retrait que cette impossibilité de « trouver du personnel », formé ou pas, qui restreint leur activité. Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, n’arrête pas de jeter l’alarme : « Je suis très frappé : tous les patrons que j’ai vus cet été, même avant l’été, leur sujet numéro un, ça n’est plus la pandémie, c’est le recrutement », l’a-t-on entendu lancer lors de la REF de Longchamps. D’autant qu’une telle pénurie de main-d’œuvre se révèle facteur de hausse des salaires dans les secteurs demandeurs. La bonne vieille loi de l’offre et de la demande joue cette fois au profit des profils devenus rares pour les hôtels, restaurants, brasseries, BTP…, une liste des établissements en manque de main-d’œuvre qui ne cesse de s’allonger. Les récentes enquêtes de la Banque de France se révèlent éloquentes, qui montrent que les entreprises « en manque » croissent depuis la fin du dernier confinement en avril (37 % en mai à 48 % en juillet). Le président de CCI France, Pierre Goguet, s’inquiète tout autant. « Pour certains secteurs, je pense que ces difficultés vont effectivement représenter un frein. Dans la restauration et l’hôtellerie par exemple, plusieurs établissements ont signalé qu’ils ne pouvaient pas accueillir tous les clients parce qu’ils n’ont pas les capacités de les recevoir correctement », disait-il à La Tribune.
D’où les réactions du président en campagne face aux premiers intéressés, les commerçants indépendants, le 16 septembre, à la Mutualité : « J’ai envie de dire, malheureusement, ça n’est pas un sujet totalement nouveau, mais c’est un sujet qui est en train de s’aggraver et qui, je crois, ne peut pas être compris par nos compatriotes. Est-ce qu’on ne peut pas comprendre qu’on a tant investi pour protéger l’emploi, l’activité économique ? On est en train de repartir et qu’au même moment, on peut avoir des emplois qui ne sont pas pourvus dans des secteurs en tension. Et des artisans, des patrons de TPE, de PME, parfois de plus grands groupes, qui disent : “Je ne peux pas honorer telle ou telle commande ou tel ou tel contrat parce que je ne trouve pas les gens pour travailler.” »
Les solutions avancées ? D’abord un principe réaffirmé : « Il faut qu’à tout moment, dans la vie, on gagne plus quand on travaille que quand on ne travaille pas » (la réforme de l’assurance chômage, bête noire des syndicats), ce qui a valu au discoureur une salve d’applaudissements, ce jour-là. En jeu, le plan Un jeune, une solution, une formation payée par les deniers publics, en adéquation avec la demande. Puis l’investissement « massif » dans la formation des demandeur·ses d’emploi et des salarié·es. « C’est comme ça qu’il faut faire. » Puisqu’il le dit…
Olivier Magnan
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