Bpifrance, le culte de l’accompagnement

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Banque publique d’investissement, banque des entrepreneurs, « le meilleur du privé, le meilleur du public, le tout dans une banque », « servir l’avenir » : l’établissement ‒ non bancaire ! ‒ aux mille slogans emmené par l’énergique Nicolas Dufourcq, son DG, a créé, pour la première fois en France, une direction exécutive de l’accompagnement. Un réseau multiforme, sans cesse en mouvement. Nous avons… accompagné son directeur exécutif

Positif : « Depuis 2012, la situation engendrée par la crise de 2008 s’est améliorée : les banques et les investisseurs ont repris confiance et sont revenus sur le financement de l’investissement », décrit Guillaume Mortelier, directeur exécutif Accompagnement chez Bpifrance. Depuis trois ans, la hauteur des crédits disponibles s’avère suffisante. Pourquoi n’observe-t-on pas de retour important à la croissance des entreprises ? « L’une des raisons est que pour croître les entreprises doivent investir. » Guillaume Mortelier popursuit son raisonnement. Nous avons constaté le besoin des dirigeants d’être accompagnés dans leur dynamique de croissance. » Donc, après avoir obtenu des financements, des dirigeants revenaient vers Bpifrance, de façon régulière, avec des questions telles que « comment faire pour acquérir une société à l’étranger, pour repenser sa R&D… ? » Réaction, très vite, Bpifrance se lance dans l’accompagnement des dirigeants. Il devient un axe essentiel de son action – au point qu’en septembre 2018, la « banque » crée ce qui est une première européenne, une direction exécutive de l’accompagnement. « Voilà qui entre dans notre mission de banque publique, estime Guillaume Mortelier. Le métier est aujourd’hui en train de changer : il faut être capable d’offrir un service complet et aller au-delà du financement. »

Conseil, formation et mise en relation

Les dispositifs d’accompagnement de Bpifrance, payants mais le plus souvent cofinancés par l’établissement même, prennent trois formes majeures : le conseil, la formation et la mise en relation. En matière de conseil, « nous sommes des assembleurs : nous prescrivons des freelances capables de travailler avec des PME, et que nous avons sélectionnés, explique Guillaume Mortelier. Nous suivons le lancement de la mission, ce qui nous donne le moyen, notamment, de contrôler la qualité du conseil délivré. » En matière de formation, la banque publique propose aussi bien du présentiel, avec des sessions de durée variable autour de thématiques larges (l’innovation, les RH ou la gouvernance par exemple), que du e-learning au travers de courts modules thématiques. Mais le cœur du dispositif, qui se développe de plus en plus, est la mise en relation. « Nous voulons lutter contre la solitude du dirigeant, souligne Mortelier. Nous organisons des rencontres, par exemple pour les membres du Club Bpifrance Excellence, qui rassemble plus de 5 000 dirigeants sur tout le territoire… » Si tous les sujets sont envisageables, quatre thèmes clés sont mis en avant : l’international, l’innovation, la stratégie et le numérique. Un cinquième gagne en importance : l’industrie du futur, un enjeu majeur.
L’idée est de créer des parcours, soit de point à point – une question entraîne une formation, puis une rencontre, qui amène à une autre question… ‒, soit plus intensif, au travers des programmes Accélérateurs, en constituant des « promotions » de 30 à 60 dirigeants de PME ou d’ETI, qui travaillent ensemble sur des enjeux stratégiques. « Cette notion de promotion est essentielle, souligne Guillaume Mortelier. Nous voulons leur donner des outils, mais surtout un réseau, car c’est lui qui fera en sorte que le dirigeant déverrouille la croissance et mettra en place une dynamique pérenne. » Rien de mieux qu’un réseau pour susciter le dynamisme, entre entraide et esprit de compétitivité… Ces promotions durent deux ans et sont lancées tous les ans. Pour en faire partie, deux critères comptent : les performances ou le potentiel de performance, et la volonté du dirigeant.

Un maillage de rencontres

Le succès est éclatant : en 2015, 60 PME constituaient la première promotion de l’Accélérateur PME. À la fin de cette année, plus de 700 entreprises auront été « accélérées » ou seront en cours d’accélération. Face aux retours très positifs des chefs d’entreprises, Bpifrance, qui agit toujours en partenariat avec des tiers – « nous sommes des assembleurs », décrit Guillaume Mortelier ‒ décline la formule avec les régions et les grandes filières telles que la chimie ou l’aéronautique, jusqu’à créer un véritable maillage, avec l’ambition d’avoir accompagné 4 000 entreprises d’ici à 2021. L’année dernière, l’établissement a lancé une promotion centrée sur la filière aéronautique, en partenariat avec le Gifas (Groupement des industries aéronautiques et spatiales). « Nous allons faire de même avec les 16 filières recensées par le CNI. » Au programme, l’automobile, l’agroalimentaire…
Guillaume Mortelier : « Nous nous appuyons sur notre réseau de 50 implantations régionales. Nous sommes en dialogue permanent avec les régions : nous prenons en compte leurs objectifs de croissance économique, leurs spécificités… » Le maître-mot, la complémentarité, pour construire une offre la plus dense et adaptée possible. Bpifrance lancera dans les prochains mois avec Business France, un Accélérateur international, « sur 18 mois – 6 mois pour déterminer une stratégie, 12 mois pour la déployer ». La multiplication des contacts ne fait que commencer.

Jean-Marie Benoist

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