Temps de lecture estimé : 3 minutes
“Chomdu killers”
Le taux de chômage endémique et les mutations profondes auxquelles le travail se prépare font naître des initiatives remplies d’espoir aux quatre coins du pays.
En 2017, un travailleur sur dix en France est indépendant. Qu’en sera-t-il ne serait-ce que dans une dizaine d’années ? Sous l’effet de l’automatisation et de la robotisation des tâches, le travail serait d’ores et déjà à l’aube d’un profond bouleversement selon nombre d’observateurs. Si les débats restent ouverts pour ce qui est de l’avenir à long terme, le présent apporte son lot de certitudes : alors que le taux de chômage reste solidement agrippé à la barre fatidique des 10%, des actions concrètes sont menées pour favoriser l’emploi et le travail sous toutes ses formes.
Certaines d’entre elles sont basées sur la pénurie de compétences qui coexiste bel et bien avec le chômage de masse. La dernière enquête annuelle de Manpower Group révèle que 29% des chefs d’entreprise ont des difficultés à trouver les compétences qu’ils recherchent, contre 21% l’année dernière. L’informatique et les nouvelles technologies figurent dans cette catégorie.
Des mécanismes pour prendre le train de l’informatique et des TIC
L’Open Source School (OSS) et sa solution spécifique de Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) ont vocation à faciliter l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi. Il s’agit de la première école informatique spécialisée dans l’enseignement « open source ». Elle est soutenue par les régions dans lesquelles elle dispose d’implantations et par le Programme d’investissements d’avenir. La POE est un dispositif mis en place par l’Etat pour former tout demandeur d’emploi, inscrit à Pôle Emploi, dans le but d’acquérir les compétences requises pour répondre à une offre d’emploi, avant d’être embauché. Pour le demandeur d’emploi et l’employeur, la formation est gratuite. Bordeaux, Montpellier, Nantes, Lyon, Paris et Lille disposent d’implantations de l’OSS. Le campus de Lille se distingue par la mise à disposition d’un espace de co-working et d’un accès à un incubateur d’entreprises, pour favoriser les rapports étroits avec les professionnels du secteur. Une offre de co-working est également disponible sur le site de Lyon.
Le programme de Keley Live, proposé en Île-de-France et soutenu par les pouvoirs publics, a lui aussi un objectif de reconversion professionnelle vers les métiers du numérique. Cette société de conseil et d’ingénierie IT se donne ainsi la mission de mettre le pied à l’étrier à certains profils en s’appuyant sur trois piliers : élargir le profil des candidats recherchés, c’est-à-dire ne pas se limiter aux candidats ayant une formation diplômante, centrer les tests sur les aptitudes intellectuelles et la motivation, accompagner la montée en compétence en se basant notamment sur les cours en ligne tels qu’Openclassrooms et des séances de coaching proposées par la plateforme. La formation suivie avec Openclassrooms est totalement gratuite et s’inscrit dans le cadre d’une POE, avec une promesse d’embauche en CDI à la clé. « La formation continue avec des cours en ligne de ce type représente le futur de l’éducation. Elle permet d’apprendre à un rythme parfaitement adapté à la personne et d’éliminer ainsi la plupart des contraintes relatives aux déplacements, aux horaires fixes par exemple », indique Benjamin Hannache, directeur associé chez Keley. Il ajoute que l’un des avantages est la possibilité de participer à des projets réalisés pour des clients de l’entreprise, tout en poursuivant sa formation.
Des dispositifs territoriaux pour faciliter l’innovation sociale
« Ce n’est pas le travail qui manque. Ce n’est pas l’argent qui manque. Ce ne sont pas les travailleurs qui manquent. » C’est ce constat qui a conduit ATD Quart-Monde à imaginer le dispositif « Territoires Zéro chômeur de longue durée ». L’idée vise à proposer, sur des territoires donnés, à tout chômeur de longue durée qui le souhaite, un emploi à durée indéterminée, adapté à ses compétences, sans surcoût pour la collectivité. Il s’agit d’identifier les savoir-faire des personnes en recherche d’emploi et de créer des postes en concordance avec les besoins recensés sur le territoire. Selon une étude macroéconomique réalisée par ATD Quart-Monde en 2015, les manque-à-gagner (impôts et cotisations sociales) et les coûts induits (aggravation des problèmes de santé liée à la précarité) représentent un coût moyen de 15000 à 17000 euros par an et par demandeur. Le Sénat a depuis adopté une proposition de loi visant à expérimenter l’idée. Concrètement, dans les Deux-Sèvres, le débroussaillage d’espaces publics, des ateliers de lecture, d’initiation à l’informatique, la mise en place d’une collecte de recyclables auprès de personnes âgées sont autant d’activités nouvelles qui en découlent. Dans la Nièvre, à Prémery, c’est une usine désaffectée qui sera remise en état pour créer la première entreprise conventionnée du territoire. On peut également citer l’exemple du Pays de Colombey et du Sud Toulois, en Meurthe-et-Moselle, où un atelier de fabrication de jus de pomme permettra de décliner les savoir-faire identifiés localement.
A Paris, une autre initiative a vu le jour récemment pour améliorer la transparence du marché du travail et proposer plus d’opportunités d’emploi. Il s’agit du rapprochement entre le site de recrutement en ligne KeeWork.com et Pôle Emploi dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. Les demandeurs d’emploi qui le souhaitent pourront créer leur CV sur KeeWork.com à partir de leur CV en ligne sur pole-emploi.fr, tout comme ils peuvent déjà le faire via LinkedIn. Un véritable tremplin pour la jeune structure francilienne. « Quand on s’allie avec un site public d’une telle envergure, on peut raisonnablement s’attendre à un impact positif rapide. Depuis cette intégration, nous enregistrons entre 200 et 300 candidats supplémentaires par jour sur notre site. Nul doute que cela bénéficie aux nombreux recruteurs qui font déjà confiance à notre plateforme », commente Thierry Andrieux, fondateur et dirigeant de KeeWork.com.
Mathieu Neu