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« Nous allons rendre 3,2 milliards d’euros aux Français·es », Olivier Dussopt, ministre délégué aux Comptes publics.
Plusieurs candidat·es à la présidentielle ont annoncé leur désir de supprimer la redevance télévision. Une proposition qui ne fait pas l’unanimité, particulièrement au sein des acteur·rices du service public. Parmi eux, la Sacem et ses dirigeant·es, qui s’inquiètent, dans une tribune publiée au Journal du Dimanche, du sort réservé au monde de la culture.
Chaque année, la même rengaine. À l’heure où les Français·es s’affairent dans les commerces à la recherche de cadeaux de Noël pour leurs proches, la douloureuse… Dans chaque boîte aux lettres, l’angoissant courrier des Finances publiques exhortant les possesseurs d’écran de télévision de payer les 138 euros dus à l’audiovisuel public. Bonne nouvelle toutefois, certain·es candidat·es à la présidentielle ont affirmé leur projet de supprimer la « redevance TV », parmi lesquels, l’actuel président de la République, Emmanuel Macron. « Nous allons rendre 3,2 milliards d’euros aux Français·es », a traduit Olivier Dussopt, délégué chargé des Comptes public sur Sud Radio. Oui, mais à quel prix ? La redevance audiovisuelle est une ressource importante du secteur public de la télévision et de la radio. Il finance France Télévisions, Arte France, Radio France, France Médias Monde ou encore l’Institut national de l’audiovisuel. En cas de suppression, les bénéficiaires cités devront trouver un financement alternatif qui n’a, pour l’heure, pas été évoqué par le président candidat. De nouvelles ressources qui pourraient mettre à mal « l’indépendance » des acteur·rices de l’audiovisuel public. Toutefois, le gouvernement sait vivre avec son temps. Il paraît utile de rappeler que la taxe a été mise en place par une loi du 31 mai 1933 et qu’à ce jour, elle s’applique toujours aux seuls détenteur·rices de téléviseurs ou « dispositifs assimilés ». Sont exonérés donc, les propriétaires de smartphones, tablettes et autres ordinateurs. Il y a de quoi voir rouge. Car qui empêche ces internautes d’accéder aux contenus de l’audiovisuel public ? « C’est un impôt qui ne correspond plus à la réalité », argue Emmanuel Macron. « Injuste », ajoute-t-il. Alors, réforme ou suppression, le débat est ouvert.
Monsieur le Président, Monsieur le candidat,
Depuis deux ans d’une pandémie sans précédent, le monde de la culture, et plus particulièrement celui de la musique, avec la fermeture de nombreux lieux de spectacles vivants ou sonorisés, ont été profondément et durablement touchés. En tant que Président de la République, votre politique du « quoi qu’il en coûte », notamment grâce au soutien du Centre national de la musique, a permis d’aider notre secteur à traverser cette crise d’une manière moins dramatique. Et elle a permis à la Sacem de soutenir et d’accompagner ses membres, les créateurs, qui sont souvent les plus fragilisés.
Alors qu’enfin la levée des restrictions s’annonçait et qu’un espoir de retour à une vie normale apparaissait, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a chamboulé une nouvelle fois notre vie, d’une façon la plus terrible. Les conséquences sur le pouvoir d’achat comme sur le moral des Français laissent à la culture, et en particulier à la musique, très peu d’espoir sur leur relance à court terme.
Et pourtant, c’est dans ce contexte, Monsieur le Président, Monsieur le candidat, que vous avez annoncé votre intention de supprimer la contribution à l’audiovisuel public – la « redevance TV » –, allant à l’encontre de la plupart des grands pays européens comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Italie… et alors même que les chaînes et stations de l’audiovisuel public sont plébiscitées par les Français !
Cette contribution permet de garantir le financement de l’audiovisuel public qui joue un rôle majeur dans la promotion et le rayonnement de la création française dans toute sa diversité. Cette contribution constitue également une part importante des ressources des créateurs et des éditeurs de musique, et elle a notamment permis, depuis le début de cette crise, de faire vivre un nombre très important d’entre eux. À titre d’exemple, en 2021, le groupe France Télévision a consacré 50 % de son budget au financement de la création et a continué à s’exporter dans le monde entier. Radio France est le premier média radiophonique dont la part des œuvres françaises et de la diversité dépassent de beaucoup celle d’acteurs privés. Tout ceci est le garant de notre liberté d’expression, de notre diversité et de notre démocratie.
Retrouvez l’intégralité de la tribune sur le site du Journal du Dimanche