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La France peut retrouver la fierté. Face aux risques économiques et à la sinistrose, Léonidas Kalogeropoulos appelle à l’action. Un cri du cœur, forcément optimiste.
Léonidas Kalogeropoulos est le fondateur « d’Entrepreneurs pour la République ». Il dirige le Cabinet Médiation & Arguments.
Que Alexis Karklins-Marchay veuille bien croire que c’est en toute amitié patriotique qu’il m’importe de répondre à sa tribune intitulée « Une honte française » publiée dans Les Échos du 30 mars, dans laquelle il liste les raisons conjoncturelles qui le poussent à ressentir de la honte pour notre pays et qui a meurtri tant de citoyens engagés à porter haut la foi dans notre pays, malgré les heures compliquées qu’il traverse.
La France peut affronter toutes les tempêtes
La France est un paquebot puissant par la force de sa quille, qui lui permet de traverser les tempêtes et le gros temps en retrouvant son équilibre. Ce n’est pas l’agitation du moment qui fait la France, c’est ce qu’elle ne cesse de dire en nous, qui pousse en outre ses forces vives à vouloir reprendre le dessus et à retrouver le cap d’une histoire singulière, qui refuse les déterminismes.
Alors oui, nous avons certes été tristes de ces jours de désordres, de violences et d’outrances, mais la promesse d’une histoire glorieuse continue d’être portée par ceux en qui la France résonne comme une colonne vertébrale d’exigence et d’ambition, et ils sont légion.
Soyons fiers, soyons libres !
Aussi, soyons fiers, que derrière le chaos, des milliers d’entrepreneurs, ces dernières semaines, loin des médias concentrés sur la vie politique, soient venus célébrer la dynamique créatrice et féconde qui anime tant de citoyens, rassemblés chez Go Entrepreneurs ou Tech for future. Voilà qui démontre une soif d’agir pour apporter des solutions concrètes à tous les défis de notre pays ;
Fiers de voir la France continuer à créer des emplois, préservant sa croissance malgré la crise des Gilets jaunes, une pandémie, une inflation inédite et une crise sociale et politique, démontrant la puissance de ses ressorts profonds, stimulés par un État qui a su préserver ses entreprises coûte que coûte, plutôt que de devoir improviser des plans de secours pour ramasser une économie en miettes ;
Fiers de voir que, loin du naufrage du civisme, brocardé par certains, les jeunes veulent en majorité devenir entrepreneurs pour donner du sens à leur vie, en concevant des solutions répondant aux défis collectifs ;
Fiers de voir qu’enfin, la citoyenneté dans notre pays ne se limite plus au seul bulletin de vote, qui a déçu tant de générations d’électeurs, mais qu’elle se décline désormais au travers de la liberté d’entreprendre et la liberté d’association, parce que les citoyens veulent être acteurs de leurs destins, apportant par eux-mêmes des solutions concrètes aux défis locaux, nationaux et planétaires, plutôt que de tout attendre de l’État ;
La nation des entrepreneurs
Fiers de ces combattants qui ont semé tout ce qui a pris tant d’ampleur dans notre pays aujourd’hui : Hervé Novelli, avec sa réforme des autoentrepreneurs, qui a allumé une traînée de poudre impressionnante avec plus d’un million d’autoentrepreneurs aujourd’hui ; Gilles Attaf, qui militait en solitaire pour le « made in France », et qui a imposé le discours devenu dominant aujourd’hui en faveur de la souveraineté industrielle ; Dominique Restino, qui a fait du mentorat entrepreneurial un puissant levier pour accompagner les jeunes entrepreneurs sur tout le territoire en créant le réseau Moovjee ;
Moussa Camara, qui avec les Déterminés a essaimé partout en France l’énergie d’entreprendre faisant ressentir à tant de jeunes que leur soif de créer et d’agir était leur meilleur moyen d’intégration dans le pays où la reconnaissance du mérite devient une promesse tenue ; Marie Ekeland, qui a depuis plus de dix ans, contribué à structurer les leviers de la finance pour les mettre au service des start-up et d’un écosystème innovant ; Aziz Senni, qui en prenant « l’escalier, parce que l’ascenseur social était en panne », a montré le chemin d’une évolution entrepreneuriale qui bouleverse tous les déterminismes de notre pays ; tant d’autres qui ont tracé la voie de l’entrepreneuriat partout en France ;
La France est belle quand elle ose
Fiers de ce que notre État ait su – depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, qui en a posé les jalons, à celle de François Hollande qui en a structuré les contours et les mandats d’Emmanuel Macron, au cours desquels elle a pris ainsi toute son ampleur – doter notre pays de la BPI qui a supplanté les carences d’un système bancaire conservateur, en donnant naissance, sous l’impulsion enthousiaste de Nicolas Dufourcq, à la French Tech, à la French Fab, et qui impulse la croissance innovante, souveraine et décarbonée qui va faire la prospérité industrielle de la France de demain ;
Fiers de voir ce million de nouveaux entrepreneurs par an, faire de la France le pionnier mondial de l’entrepreneuriat, qui ne comptent pas leur temps de travail, mus par leur passion, prêts à transcender tous les obstacles pour réaliser leurs projets, faisant mentir par les actes les quelques égarés qui ont trouvé des micros complaisants pour relayer un prétendu « droit à la paresse » …
Elles sont là, les tripes de la France !
Elles sont là, les tripes de la France ! Et si pour les médias, la destruction du mobilier urbain fait plus de bruit qu’une entreprise qui se crée, il ne faut pas confondre les bourrasques qui agitent le paquebot France, et la puissance de sa quille qui est tout entière cimentée par cet esprit d’entreprendre, qui transforme jour après jour tous nos territoires et toute notre destinée collective.
Nous devons à notre pays de mettre en lumière ces centaines de milliers de solutions aux défis de l’environnement, de l’eau, de l’éducation, de la sécurité, de la qualité de vie au travail… que les entrepreneurs développent, et qui sont autant de réponses aux angoisses de nos concitoyens.
Alors plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à ratiociner la sempiternelle ritournelle de la décadence, Cher Alexis, « prenons en main » – sens premier de ce merveilleux mot français, « entreprendre » – ce défi de réconcilier notre pays autour de tous ses citoyens bâtisseurs, pour convaincre tout un peuple que ce n’est pas en réclamant tout de l’État un jour et en voulant l’abattre le lendemain, que l’on assure la prospérité d’un pays, mais en s’emparant de ce qu’il y a de plus puissant dans son âme collective : la volonté de ses membres de se dépasser pour apporter individuellement une réponse à des besoins collectifs.
De l’énergie individuelle à la force collective
C’est dans cette addition d’énergies individuelles créatrices que peut se fédérer un collectif d’une puissance décuplée, traçant une dynamique enthousiasmante apte à restaurer la fierté partagée d’être français.
Cher Alexis, nul doute que ce chemin nous réunira, parce qu’il est autrement plus prometteur que celui d’une honte passagère et de la tentation furtive de rivaliser avec les régiments de Cassandre qui se complaisent tous les jours à planter des banderilles dans les jarrets de notre pays, ce qui n’entame pas la volonté de ses citoyens entreprenants, déterminés à écrire ainsi l’une des pages les plus glorieuses de notre Histoire.