Les acteurs du software à l’épreuve de la sobriété numérique

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Une tribune sur la sobriété numérique signée Grégoire Leclercq, directeur général délégué du Groupe EBP.

Grégoire Leclercq, directeur général délégué du Groupe EBP.

TRIBUNE. La transition climatique concerne aussi le monde de la tech. Face aux impératifs de sobriété, les acteurs du secteur doivent imaginer une nouvelle donne. Objectif : baisser l’empreinte carbone du numérique.

Le numérique produit 3,7 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) sur le globe et représente 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie primaire. Et pourtant, il a longtemps été l’angle mort des politiques environnementales et climatiques. Mais les temps changent ! La raréfaction et l’envolée des prix de l’énergie fossile, l’approvisionnement plus complexe de l’électricité, les Accords de Paris ont fait bouger le monde de la tech ; lui aussi confronté aux enjeux du changement climatique… et donc à la sobriété.

C’est ce que révèle un récent sondage publié par Odoxa. Au-delà de l’inquiétude que ce nouveau contexte suscite, les professionnels se montrent résilients. En effet, 65 % d’entre eux affirment se pencher sur ce dossier, agir, mais estiment que l’État ne leur vient pas suffisamment en aide.

Le Saas, première étape responsable

Dans l’environnement du software, la révolution en faveur du climat n’est qu’à son balbutiement. Tous les éditeurs de logiciels ont entamé le transfert de solution vers le SaaS ou sont en train de le faire. Cette technologie permet à leurs clients de s’inscrire dans une démarche plus responsable, en limitant le nombre de serveurs internes. Et donc leur empreinte carbone.

Cette transition a mené bon nombre de sociétés spécialisées dans l’informatique de gestion à modéliser différemment leurs offres pour répondre aux attentes des clients, désormais plus sensibles aux enjeux environnementaux. Le packaging en rayon ne contient plus de CD-rom pour installer une solution, mais plutôt un code pour en avoir la licence d’utilisation en ligne. De même, l’acquisition d’outils de gestion est en grande partie dématérialisée. Cette composante de l’économie de services s’est entièrement digitalisée et entraîne toute une échelle de mesures plus vertueuses, notamment la fin des tickets de caisse, des factures papier…

Vers le green IT

Dans l’envers du décor, les éditeurs de logiciels tendent à produire des solutions plus durables dans le temps, dont le développement permet de retarder l’obsolescence à son maximum. La multiplication des usages hors ligne est moins consommatrice en énergies.

Tout en sécurisant les données des clients et en assurant un stockage optimal, l’informatique de gestion va progressivement concentrer la data dans des serveurs moins gourmands en électricité, en système de refroidissement et en opération de maintenance.

Ainsi, s’ouvre une nouvelle ère où le software va peu à peu réduire son empreinte carbone numérique. Mais aussi devenir un acteur de l’économie plus soucieux de promouvoir les écogestes numériques. En somme, il a mis les atouts de son côté pour adopter le concept de sobriété numérique qui a déjà séduit 58% des Français.

Vers l’État stratège

Cette démarche n’est pas cosmétique lorsque l’on sait que les data centers émettent 14 % de l’empreinte carbone numérique en France. Par ailleurs, le cloud permet de mutualiser les serveurs. Enfin, l’État, s’il veut être stratège en matière de transition écologique, doit encourager la relocalisation des serveurs en France et les inciter fiscalement vers l’éco-responsabilité.

Cette mesure est en effet indispensable et n’est pas seulement émise pour répondre à un engouement pour le made in France. En 2040, si tous les autres secteurs réalisent des économies de carbone conformément aux Accords de Paris, le numérique pourrait représenter près de 7 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Soit un niveau bien supérieur à celui actuellement émis par le transport aérien. Il faudra du courage politique pour parvenir à un changement de paradigme. Ne vaut-il pas mieux, pour nos dirigeants, apparaître impopulaires plutôt qu’irresponsables ?

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