Leonidas Kalogeropoulos : « Macron est l’incarnation d’une dynamique entrepreneuriale qui métamorphose la France »

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Dix ans quasiment jour pour jour après l’installation de la Commission pour la libération de la croissance Française présidée par Jacques Attali en juin 2007, celui qui en fut le rapporteur, Emmanuel Macron, accède à la Magistrature suprême au terme d’une épopée qui incarne par son geste cet esprit d’entreprise qu’il s’agissait déjà de libérer.

Il aura fallu dix ans pour que l’intuition qui a inauguré le quinquennat de Nicolas Sarkozy et qui a teinté celui de François Hollande, parvienne enfin à s’imposer en consacrant les objectifs affichés en tête de l’un des chapitres du Rapport Attali et qui sont repris presque mot pour mot dans le programme d’Emmanuel Macron: «supprimer les rentes, réduire les privilèges et favoriser les mobilités».

La société française voit naître 550 000 nouvelles entreprises tous les ans, tous statuts confondus, et la France est devenue la première « productrice » de start-up en Europe.

C’est que cette dynamique, timidement impulsée par l’État, s’est transformée en dix ans en tsunami sous-jacent dans la société française. Le statut d’autoentrepreneur créé par Hervé Novelli en 2008 a été choisi par 1 million de Français qui se sont mis à leur compte, pour surmonter l’atonie et les rigidités du marché du travail. Dans cette dynamique, la société française voit naître 550 000 nouvelles entreprises tous les ans, tous statuts confondus, et la France est devenue la première «productrice» de start-up en Europe.

L’écosystème favorable au développement entrepreneurial s’est enrichi de la BPI, qui avec la Caisse des Dépôts et Consignation sont unanimement reconnues comme remplissant un rôle de défricheurs et de financeurs d’innovations ; Pôle emploi a organisé un mécanisme d’accompagnement des profils les plus entreprenants, pour faire émerger de nouveaux noyaux de production de richesses ; des réseaux innombrables, nationaux, comme locaux, se sont développés sur tout le territoire pour donner les clefs pour entreprendre, à l’image de 100 000 Entrepreneurs dans les Écoles, des Chambres consulaires, des réseaux locaux du MEDEF, des Junior- Entreprises…

C’est l’ensemble de cette dynamique qui s’identifie dans l’arrivée au pouvoir d’un homme qui a donné son nom à une loi qui fut certainement le laboratoire de l’analyse politique qui l’a porté au pouvoir: les plus de 300 articles de la Loi Macron ont tous trouvé dans les deux Chambres une majorité transpartisane pour être votés. En revanche, pour l’adoption de ce texte, il lui fut imposé de se plier à la procédure du 49-3, parce que le Chef du Gouvernement de gauche auquel il appartenait n’entendait pas accepter de comptabiliser des voix de droite pour faire adopter un projet de loi. Cette expérience fut fondatrice.

En effet, entendant dépasser cette sclérose institutionnelle en se présentant comme le candidat de la gauche ET de la droite progressiste, Emmanuel Macron ne s’inscrit pas uniquement dans une volonté théorique de casser les clivages ; il prend acte du fait que la société française a été transmutée par une nouvelle appréhension du phénomène entrepreneurial, qui ne serait plus le lieu de conflit des patrons d’un côté et des salariés exploités de l’autre, mais au contraire l’instrument d’une émancipation qui peut concerner des millions de Français désireux de s’emparer de leur liberté d’entreprendre pour réaliser un projet, ce qui par capillarité sur l’ensemble du territoire, génère une prospérité apte à créer la croissance dont notre pays a besoin pour atteindre le plein-emploi.

Cet engouement pour l’entrepreneuriat constitue la clef de compréhension de la dynamique sociale qui a porté ce jeune Président, fondateur de sa start-up politique, à la tête de l’État.

Cet engouement pour l’entrepreneuriat, qui dépasse les clivages politiques et qui est décliné dans toutes les sphères de la société – des femmes entrepreneurs aux jeunes des quartiers, des territoires en passant par l’ensemble des secteurs d’activité (le numérique, la culture, l’agriculture, l’industrie…) – constitue la clef de compréhension de la dynamique sociale qui a porté ce jeune Président, fondateur de sa start-up politique, à la tête de l’État. Cette élection illustre par les actes la volonté d’une France que l’on disait engoncée dans ses carcans de se libérer de schémas institutionnels et idéologiques qui l’empêchent depuis au moins 25 ans de poursuivre ses ambitions historiques.

La situation de l’emploi, la fracture entre la France des métropoles et celle des périphéries, l’affaissement de nos institutions éducatives, pilier du projet républicain, attestent l’incapacité de nos schémas traditionnels à venir à bout de défis qui ne font que s’intensifier sous nos yeux, quinquennat après quinquennat.

En s’arrimant au dynamisme entrepreneurial qui a mis notre pays en mouvement, Emmanuel Macron fait le pari que l’esprit d’entreprise, en plus de l’esprit des Lumière sur lequel s’est structurée l’Histoire de notre pays, parviendra à remettre sur ses rails l’ambition émancipatrice que la France incarne dans le monde.

Face à cette mutation dont le nouveau Président de la République est désormais l’expression institutionnalisée, la gauche et la droite ne doivent pas se tromper de combat. Il leur faut prendre acte de cette mutation profonde de la société française, et l’aider à accomplir au plus vite les plus fructueuses de ses promesses. Les deux bords partisans peuvent y apporter leur plus-value, en poussant aussi loin que possible le déverrouillage des freins à la croissance pour les uns, en veillant à une protection nécessaire pour ceux qui auront trébuché dans ce nouvel environnement, pour les autres.

Le travail est immense. Mais aborder la tache en se positionnant dès les premiers jours dans une posture d’opposition face à ce projet, c’est prendre le risque d’être tout simplement écarté de la séquence historique qui s’ouvre, alors qu’elle doit être portée au maximum de son potentiel. Les deux partis qui ont structuré l’histoire politique de notre pays depuis les débuts de la cinquième République ont été absents du second tour de la présidentielle, parce qu’ils n’ont pas su lire les phénomènes profonds qui métamorphosent la société française. S’ils ne s’arriment pas aux réformes que veut entreprendre le Président élu le 7 mai pour y apporter une contribution constructive au service de l’intérêt général, ils risquent de disparaître définitivement du paysage politique Français.

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