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Sébastien Elvira est responsable commercial et porte-parole de Protime France, une entreprise spécialisée dans la gestion des temps et du personnel.
Tribune libre. Avec une crise qui a complètement redessiné les frontières de notre environnement de travail, difficile d’en prévoir l’évolution dans les mois à venir. Et pour cause, entre les mesures sanitaires, les envies et aspirations de chacun et les besoins d’une entreprise, trouver la solution idéale reste relativement complexe. Pourtant, on peut déjà apercevoir une certaine image de ce que pourrait être l’avenir du lieu de travail dans un futur proche. Et ce n’est pas forcément comme on se l’imaginait.
Sommes-nous en train de passer nos derniers jours au bureau ?
La question a de quoi paraître frontale, elle est pourtant complètement justifiée en cette période où le télétravail se révèle fortement recommandé, même complètement obligatoire dans certains pays. Le travail à distance va-t-il devenir la nouvelle norme pour les salariés ? Va-t-il s’imposer dans les nouvelles envies des travailleurs ?
Pas vraiment si l’on observe les résultats de la récente étude menée par l’Institut français d’opinion publique et la Société foncière lyonnaise intitulée Baromètre Paris Workplace-Bureaux, l’heure de vérité, après la crise, où travaillerons-nous demain ?
Avant le confinement vs après le confinement
Un sondage qui interroge un panel de salarié·s parisien·nes avant et après le premier confinement de 2020 afin de mesurer les effets de la crise sanitaire sur leurs rapports au bureau. Voici quelques chiffres qui révèlent les aspirations post-confinement des personnes sondées :
- 63 % attestent vouloir travailler la majeure partie de leur temps au bureau,
- seulement 8 % désirent opter pour un télétravail complet,
- 76 % pensent qu’il y aura bientôt plus de travail à domicile qu’en présentiel au sein de l’entreprise,
- et pourtant, seulement 37 % ont envie de faire cette transition.
L’amitié au bureau, ce facteur phare
Le constat de l’étude est sans appel : oui, les salarié·s interrogé·s désirent télétravailler davantage, mais tout en conservant une part de présentiel au bureau. La principale raison : le lien social que l’environnement de travail représente, notamment la relation avec les collègues. Un aspect « plébiscité » par 47 % des répondants avant le confinement, puis par 55 % juste après.
Un résultat que l’on peut mettre en corrélation avec l’étude menée par les éditions Tissot en 2020 qui révélait que « se faire des amis au bureau est fréquent » pour 93 % des personnes interrogées pendant l’étude. Mais aussi que ces relations amicales sur le lieu de travail permettent « de venir avec plaisir au bureau » pour 92 % des sondé·es.
Plus de flexibilité et de liberté dans la gestion des temps
Une véritable importance accordée aux interactions sociales donc, amplifiée par le contexte actuel et qui reste une des principales raisons de l’arrivée progressive de cet environnement de travail « hybride ». Comprenez un lieu de travail qui serait une combinaison distanciel-présentiel. En d’autres termes, davantage de flexibilité et plus de liberté dans la gestion de leurs temps. Et ce, afin de pleinement répondre à leurs impératifs personnels (vie privée, hobbies, etc.) tout en conservant une partie de travail au sein des bureaux de son entreprise.
S’adapter pour perdurer
Alors non, la situation actuelle ne semble pas être la fin du coworking ou de l’open space. Si l’on en croit les observations de François Pichault, professeur à HEC et directeur scientifique du réseau RH Entreprise & Personnel, on se dirige plutôt vers une « évolution des lieux de travail que nous connaissons ». Lesquels vont s’adapter aux nouvelles normes actuelles comme le besoin plus marqué de distance entre les travailleur·ses ou l’instauration de davantage de règles sanitaires. François Pichault explique notamment que certaines entreprises devraient basculer vers la pratique du flex office. Ces « bureaux flexibles » où les postes de travail attitrés laissent place à des espaces de travail modulables en fonction des besoins. En d’autres termes, on s’installe où on veut quand on le veut !
Non, le travail au bureau n’est pas en train de doucement s’éteindre. Il est simplement en train de changer pour perdurer et mieux répondre aux nouvelles aspirations des travailleur·ses.