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Julien Couderc est dirigeant de Deel en France, plate-forme RH spécialisée dans la gestion de tous les collaborateurs. Il revient pour ÉcoRéseau Business sur une tendance qui prend de l’ampleur : le freelancing.
TRIBUNE. Grande démission, guerre des talents, quiet quitting, reconversions… Le monde du travail connaît depuis quelques années des bouleversements majeurs. Pour les salariés, la quête de sens et l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle sont devenus essentiels. Beaucoup font leurs adieux au CDI pour l’aventure du freelancing, plus flexible : une tendance avec laquelle les entreprises vont devoir apprendre à jongler si elles veulent rester compétitives.
Entre 2009 et 2020, une augmentation de 92 % du nombre de freelances en France
Si l’on met de côté les nombreuses casquettes que le freelance doit avoir (comptabilité, prospection, communication, etc.) pour mener à bien sa propre activité, le statut d’indépendant semble ne présenter que des avantages. Il permet d’occuper plusieurs fonctions (les fameux « slashers »), d’avoir plus d’autonomie, de flexibilité horaire et géographique, et souvent lorsque l’affaire fonctionne bien, il n’est pas rare qu’ils gagnent plus qu’un salarié au même poste. En 2022, le salaire médian mensuel brut d’un freelance débutant s’élevait à 3 250 euros tandis que le salaire médian mensuel brut en France est de 2 550 euros. Dans la même tendance, on observe aussi que le statut de micro-entrepreneur a augmenté de 17 % entre 2020 et 2021.
Si certains métiers sont historiquement pratiqués en tant que freelance, comme la photographie ou le design graphique, le statut s’étend auprès de professions moins évidentes et… pénuriques. C’est notamment le cas des développeurs et des ingénieurs, qui de plus en plus optent pour une vie professionnelle en « mode projet ».
Face à la guerre des talents, le freelancing est une aubaine pour les entreprises
Malgré les licenciements dans le secteur de la tech en début d’année 2023, qui tendent d’ailleurs à s’estomper, les entreprises font toujours face à une pénurie de talents sur certains métiers clés qui freinent leur croissance. Ainsi, le freelancing se présente comme une triple opportunité : celle de recruter sur un temps donné un expert de son domaine qui saura répondre à une problématique clé, sans les contraintes et les charges liées au salariat, et sans frontière.
Toutefois, les équipes RH investissent encore peu le freelancing, ou en dernier recours. Pourtant, il est aujourd’hui possible en quelques clics de trouver le profil idéal via des plates-formes spécialisées, dont certaines vont même jusqu’à gérer l’onboarding et la paie pour effacer le poids administratif lié à l’embauche d’un freelance.
Le freelancing, une réponse partielle à la crise du travail ?
Si pour 58 % des Français le travail est avant tout un moyen de subvenir à ses besoins, 42 % estiment que c’est une source importante d’épanouissement. Au vu des avantages qu’offre la position de freelance, nul doute que le nombre d’indépendants devrait augmenter ces prochaines années.
De plus, dans un contexte de réforme des retraites et avec le point noir du recrutement des seniors, le freelancing ouvre aussi la porte à de nouvelles opportunités pour les plus de 50 ans, sans discrimination à l’embauche. Les seniors sont forts de leurs expériences, de leur capacité d’analyse et ont bien souvent une expertise inégalée. Ils disposent également d’un réseau plus étoffé qu’un jeune en début de carrière, et sont moins à la recherche d’un équilibre avec la vie personnelle, la vie de famille leur demandant moins d’investissement. Des profils dont les entreprises auraient tort de se passer en pleine guerre des talents…