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Une tribune signée Nicholas Mouret, CEO et co-fondateur de Greenmetrics, acteur dédié à la pollution numérique en entreprise.
TRIBUNE. Repenser complètement le monde du travail, notre économie, notre façon de produire et de consommer. La tâche est grande, mais loin d’être impossible. Elle est surtout urgente. Face à la crise climatique et à la dégradation de notre environnement, plus personne ne peut se permettre de fermer les yeux, et d’ignorer la part de responsabilité des entreprises.
Si certains font le choix de l’immobilisme, de se raccrocher à un monde aux ressources infinies, d’autres réalisent l’urgence de réinventer des modèles d’affaires plus vertueux. Et d’embrasser la sobriété sous toutes ses coutures. La défense de notre planète devient ainsi un critère central de notre économie. Décideurs, innovateurs, investisseurs devront prendre des engagements forts, et montrer la voie. Dans trois, cinq ans, ceux qui n’auront pas fait le choix de la transition écologique seront pointés du doigt et délaissés. Par chance, nous assistons à la création d’un vivier d’entreprises françaises en ébullition, à la fois sur le marché du recyclage, de la seconde main, de la mesure d’impact, etc. Une nouvelle ère qui s’accompagne d’un cadre législatif en progression. Bref, un tournant significatif.
Sobriété : un passage à l’action imminent
Si à ses débuts, la RSE a pu être vue comme une contrainte et susciter de nombreux questionnements – plus particulièrement celui de l’impact sur la rentabilité – nous n’en sommes aujourd’hui plus au stade de la prise de conscience, même si le passage à l’action est souvent peu représentatif de l’intérêt pour le sujet. Grands groupes, et TPE-PME savent que leur activité se révèle polluante et qu’ils devront s’atteler à des changements profonds. Les Gafam l’ont aussi compris, les mauvais élèves devront payer cher. Ainsi, Apple initie le business du recyclage à travers l’envoi de pièces détachées et Patagonia cartonne avec son modèle de garantie à vie, et son héritage à la nature.
Des réticences qui ne pourront plus durer longtemps. Et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, un cadre législatif qui prend forme : loi climat et résilience, loi Reen, décret pour les collectivités… le bilan carbone sera bientôt un passage obligé pour toutes les entreprises, et nous verrons petit à petit s’installer des sanctions pollueurs-payeurs.
Un nombre croissant d’entreprises font aujourd’hui le choix d’une stratégie RSE, d’une raison d’être en phase avec les nouveaux enjeux, de la poursuite de label comme B Corp qui démontre leur capacité à s’engager. À travers, entre autres, la création de pôles et de métiers spécialisés dans l’impact, et de formations dédiées. Nous pouvons à ce stade imaginer une montée en puissance des éco-gestes, dans des structures de plus en plus adaptées, équipées par du reconditionné, des hébergements propres…
Nous avons besoin de locomotives, à commencer par les licornes, non seulement capables de créer un véritable mouvement mais aussi forcées de démontrer leur désir d’action et leur inventivité face au plus grand enjeu de notre siècle. La création d’entreprises innovantes et vertueuses passera par l’investissement, toujours plus frileux face à la crise et pourtant indispensable, mais aussi l’apparition progressive de fonds à impact. Sans oublier un cadre réglementaire toujours plus ambitieux, et un exemple initié par les collectivités et le secteur privé. Le marché du green, de la solution et du sens est en devenir. « L’entreprise responsable » prend forme. Elle mérite toute notre attention, et compte sur l’émergence d’acteurs du changement. Il est temps de remettre au goût du jour l’optimisme. Il est temps d’innover.
