Appel aux entreprises du numérique : réduisons l’empreinte carbone de nos technologies

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Ludovic Cinquin, CEO d’OCTO Technology

Ludovic Cinquin est CEO d’OCTO Technology, un cabinet de conseil et de réalisation IT. Il revient sur la nécessaire prise de conscience des entreprises pour parvenir à une réduction de l’empreinte carbone liée aux technologies.

 

TRIBUNE. Maintenant, nous savons.

Nous savons que le dérèglement climatique est le plus grand risque qui pèse sur nos sociétés, probablement sur notre civilisation. Et certains spécialistes questionnent même la pérennité de l’espèce humaine au tournant de ce siècle. Nous savons aujourd’hui que les horizons de temps se sont raccourcis : on ne parle plus de 2050 mais désormais de 2030 avant que nos modèles de fonctionnement économiques et gouvernementaux soient profondément remis en cause. Nous savons qu’aucune action prise aujourd’hui ne nous permettra d’éviter ces changements radicaux : les déséquilibres climatiques ont une telle inertie que l’histoire proche des transformations auxquelles nous devrons faire face est déjà tracée. Il nous reste à écrire, néanmoins, la façon dont nous allons nous adapter à ces transformations. Soit avec discernement, anticipation et inclusion. Soit dans le désordre, la précipitation et l’accroissement des inégalités.

Cette matière digitale que nous manipulons est devenue une composante majeure du problème
Et à plus long terme, il nous reste à écrire la suite de la trajectoire climatique, vers un équilibre viable ou qui compromet le futur de l’humanité. La tâche peut sembler immense. Et elle l’est ! À tel point qu’il demeure essentiel que la mobilisation sur le sujet soit aussi profonde et large que possible. Si nous voulons limiter les effets de la catastrophe et nous préserver un avenir, nous devons agir en tant que citoyens, consommateurs, et en tant qu’acteurs économiques. Ces défis ne pourront être relevés que si les entreprises agissent résolument sur la réduction de leur empreinte carbone en prenant en compte toutes les externalités de la fabrication de leurs produits et services.

Les acteurs des technologies numériques ont, face à ces enjeux, une responsabilité considérable : nous savons que cette matière digitale que nous manipulons est devenue une composante majeure du problème. L’empreinte de notre industrie est celle qui croît le plus rapidement. Nous avons comme devoir de la maîtriser et de la réduire. Ce qui passera sans doute par un recentrage sur les utilisations les plus nobles de notre art : construire des solutions pour nous aider à amortir le choc, favoriser l’adaptation de nos sociétés et soutenir la diffusion de valeurs humanistes et de la connaissance. En tant qu’entreprises, nous souhaitons nous engager dans cette voie. Nous savons que nous serons maladroits, naïfs et inconstants. Mais nous sommes résolus à faire de notre mieux. Sans complaisance, sans greenwashing, sans manipulation ni fausse bonne conscience.

Prendre en considération nos externalités
La première action passe par la mesure objective de nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Le consensus est désormais que tout diagnostic sérieux dans les activités de services doit prendre en considération l’ensemble des impacts directs et indirects liés à ces activités, ce qu’on appelle la mesure en « scope 3 ». En plus du scope 1, qui mesure les émissions issues directement de l’activité de l’entreprise, et donc négligeable dans le conseil, et du scope 2, soit les émissions liées à la production des énergies qu’elle utilise, le scope 3 prend en compte toutes les externalités de l’activité de l’entreprise. Celles-ci peuvent être liées à l’amont, c’est à dire aux émissions générées par les fournisseurs, mais aussi à l’aval, soit l’empreinte carbone relative à l’utilisation de tous les produits et services fournis par l’entreprise. Pour les acteurs du conseil, les GES liés à nos produits et services représentent couramment plus de la moitié de nos émissions.

Une fois cette mesure effectuée, le travail de fond peut commencer. Ainsi, nous nous engageons sur une réduction volontariste de nos émissions de GES en scope 3 de 5 % par an sur les 10 prochaines années, afin de nous inscrire ainsi dans la trajectoire de l’accord de Paris sur le climat. Les pistes sont nombreuses pour les premières années : vigilance sur notre façon de consommer en tant qu’entreprise, allongement de la durée de vie de notre matériel informatique, réduction de nos déplacements, notamment aériens. Et bien sûr repenser nos services : concevoir des solutions logicielles frugales, compatibles avec d’anciennes générations de PC et de smartphones, qui ne fassent pas de traitements inutiles… et qui apportent un vrai service à l’utilisateur. Bref, s’avancer résolument sur les chemins encore à défricher de l’éco-design numérique.

Au-delà des trois prochaines années, c’est l’inconnu qui nous attend. La seule certitude, nous devrons repenser en profondeur notre modèle d’affaires. Mais maintenant nous savons. Et ce savoir nous impose de faire tout notre possible pour être à la hauteur des défis moraux de notre époque.

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise...). Friand de football et politiquement égaré.

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