La mémoire des mots : Dissonnances, ainsi va la désynchronisation du monde

Carte de vœux, 2015, Jane Bee
Carte de vœux, 2015, Jane Bee

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En 2015, j’ai composé un tableau en forme de carte de vœux qui a quelque chose d’étrangement prémonitoire. Il annonce cette société en rupture où dominent les mots de la violence.

Carte de vœux, 2015, Jane Bee
Carte de vœux, 2015, Jane Bee

Même les robots sont des assassins

Sur ce tableau « carte de vœux », intitulé « dissonances », on voit poindre une étrange expression. Il est question de « robots tueurs ». Des terroristes programmés pour tuer, des machines humaines entraînées à perpétrer des crimes de masse.

Dans ce contexte, se répandent des mots d’une violence sans précédent. « Barbarie », « massacre »,  « chaos » racontent ce séisme du djihad. Un djihad qui tisse sa menaçante toile grâce aux réseaux sociaux, le « cyberjihadisme » devient un sujet de débat et de guerre pour les politiques.

 

Emotion sur un temps de confrontation

De cette carte de vœux se dégage, plus que les autres années, le sentiment d’un monde qui part dans tous les sens, de façon chaotique, insensée, déhiérarchisée. Nous sommes dans un temps de confrontation et au centre, il y a « l’émotion ». « Emotion » des hommages, des marches blanches. « Emotion » qui illustre aussi des moments inattendus de l’actualité. François Hollande va ainsi mettre en avant le visage bienveillant de « Lucette ». Cette retraitée a pris le café avec le président. Cette pause-café ne va pas interrompre la valse des mots et des instants qui tourbillonnent dans cette fresque à vif.

 

Valse des mots en live

Attention : la valse est vaste et vertigineuse. Qu’il est grand en effet l’écart qui sépare ces « migrants connectés » avec des applis pour savoir où il convient de passer la frontière et ces ados qui apprennent grâce à des « tutos » sur YouTube. En toile de fond, on entend « Allah Akbar » comme  un nouveau crédo détourné. On entend encore « Ne touchez pas à nos églises » avec une pétition contre la suggestion du recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, de transformer les églises désaffectées en mosquées.

Il n’y a pas eu d’année politique, sauf le temps des « régionales » et des départementales. Il y a eu une série de bugs avec « la pollution », « Volkswagen à l’amende » qui reconnaît avoir berné les normes antipollution du marché américain. « Uber », cauchemar des taxis, et « Minions », rêve de producteurs, cohabitent. Espoir à l’horizon ? Peut-être avec les « écolos geeks », ces bricoleurs du futur qui planchent sur des inventions qui changeront notre façon de vivre.

L’année se termine donc par ces regards noirs. Regards ombragés par la pollution « COP 21 » et « l’airpocalypse », regards endeuillés par les massacres de masse, regards noirs, reflets des angoisses. Voilà une rétrospective de 2015 intense comme un « cœur dense ». Au loin, « Dark Vador » et « Mars » occupent le ciel de la fiction ou d’un monde hors de portée. Hors de portée des terroristes ? Un monde qui cherche rêves et espoirs.

En 2016, malheureusement, les mots récoltés disent encore la violence.

Jeanne Bordeau

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