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Comme chaque année, je compose une carte de vœux. Cette carte est un tableau de mots qui capte subjectivement le vocabulaire des 365 jours écoulés. Voici donc cet instantané lexical.

A star is bot
2016 est l’année de la redécouverte ce que l’on nomme en Français, « les agents conversationnels ». On parle effet de « chatbot » puis de « bots ». « Bot » comme robot évidemment !
Ils sont devenus l’obsession des directions marketing. Le « bot » existe depuis plus de 50 ans. C’est le mathématicien Alan Turing qui a lancé la première machine à converser. Ensuite, Joseph Weizenbaum professeur d’informatique du MIT imagine entre 1964 et 1966 « ELIZA ». « ELIZA » est un programme informatique qui peut reformuler les affirmations d’un individu sous forme de questions.
Depuis, les progrès de la science font du « chatbot » la nouvelle recrue des sites de marques. Dans un contexte précis, ils savent assister les vendeurs et vous demander par exemple : « quelle couleur de pantalon souhaitez-vous ? ». Vous répondez « violet » et le « bot » vous mène droit au but.
Comme la technologie progresse, ces acteurs virtuels seront capables demain de trier des CV et de sélectionner un premier lot de candidats.
L’intelligence artificielle prend place dans notre réel. La question est de savoir jusqu’où ces « chatbots » sauront nous parler ? Jusqu’où sans que l’on sente soudainement la froideur d’une machine ?
Les mots du geek sont les mots de tous les jours
Ce qu’illustre cette brassée de mots, c’est que le digital et ses conséquences fourbissent de mots nouveaux.
« Pokemon Go » devient référant. Le jeu apparu en juillet se propage. Les parcs sont envahis de chasseurs de « Pokemons », le nez rivé sur le portable. C’est la réalité augmentée à la portée de tous.
Pendant ce temps, « Blockchain » est devenu le rêve des acteurs de la finance. Il s’agit en effet d’une base de donnée partagée qui permet de réaliser des transactions sécurisées. C’est révolutionnaire car cette technologie qui stocke et transmet les informations de façon transparente marche sans organe central de contrôle.
La réalité sans transition
Qu’il est violent le champ lexical de 2016. « Nice » est le symbole d’un 14 juillet ensanglanté par un attentat islamiste au camion-bélier, 86 morts et 434 blessés.
La « déradicalisation » s’incruste dans les débats médiatiques et politiques. La « déradicalisation » devient même un marché avec 80 structures autour d’un budget de 100 millions d’euros débloqués par le gouvernement.
Le démantèlement de la « jungle » de Calais : 6 000 migrants évacués. A l’été dernier la « jungle » surpeuplée témoignait de la gravité de la crise des « migrants ».
Durant l’été, on a aussi vu fleurir le « burkini ». C’est une Australienne d’origine libanaise qui aurait inventé cette tenue. Cette tenue religieuse est l’objet d’arrêtés d’interdiction. Elle aussi associée à une rixe survenue en Corse.
Cette montée de la tension explique sans doute pourquoi l’expression « identité heureuse » de Juppé retient l’attention. Sommes nous tous « Gaulois » ?
Déjà oublié ?
Oui, les successions d’événements sont si intenses et si rapides que certaines expressions s’éloignent de notre mémoire collective.
« Rio » pour les JO d’été et la France septième nation la plus médaillée.
« Fan-Zone » pour un Euro 2016 qui laisse aux Français l’amer goût de la défaite.
« Nuit debout » qui démarre le 31 mars 2016 après une manifestation contre la loi du travail. Que reste-t-il des débats Place de la République ?
Que reste-t-il des années Obama ? Le 45éme président des Etats-Unis se nomme « Trump ».
Quels seront les mots de 2016 dont on se souviendra encore dans 10 ans ?
L’effervescence du monde rend cette question insoluble.
Jeanne Bordeau