Temps de lecture estimé : 1 minute

professionnel de la communication et directeur général de Ionis Education Group
La guerre en Ukraine nous touche parce que la mort est en Europe, à vingt heures en voiture de nos supermarchés.
C’est vendredi. Les harengs haranguent et le temps est à la réflexion.
Et je suis triste quand je vois défiler la guerre d’Ukraine à la télévision, accompagnée de commentaires d’une certaine naïveté. Car les milliards d’armements construits par la Russie, comme tous les autres pays, ne sont pas destinés à rester inutilisés. Les milliers d’ogives nucléaires ne sont pas faits pour décorer des petits villages dans le Don ou en Sibérie. Les interventions militaires discrètes des uns et des autres ne sont pas que des coups de mains amicaux.
Nous ne voulons pas admettre, tant la vérité est inquiétante, que notre paix n’est qu’un long moment de tranquillité entre deux guerres. Et ma génération, la première depuis des siècles à n’avoir pas subi directement la guerre, ne peut supporter ces relents des années 1930.
La tragédie ukrainienne nous touche parce que la mort est en Europe, à vingt heures en voiture de nos supermarchés. Mais la mort en Afrique ? Le génocide au Rwanda ? Les massacres en Irak et en Syrie, en Éthiopie et en Érythrée ? On oublie ou on évite ces conflits locaux et régionaux, dont les populations payent le prix fort et dont le « complexe militaro-industriel » récolte les bénéfices tandis que les charniers pourrissent.
Puisse ce conflit nous rappeler que d’autres meurent par les mêmes marques de fusils, de canons, dans un total silence parce qu’ils sont loin. Parce qu’ils ne nous ressemblent pas… ils n’ont pas de présence médiatique !
La Russie impose cette guerre et nous avons raison de la condamner.
Mais il n’y a pas de petite guerre. Il n’y a pas de guerre propre.