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Fascinée par son « intelligence » mais aveuglée par sa prétendue propriété de toute la planète – un commandement religieux ! –, l’humanité ne semble toujours pas avoir compris que le réchauffement climatique n’est plus une option : le rapport du Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) qui a fuité et dont on se demande bien pourquoi il aurait fallu attendre un an de plus pour en connaître l’alerte n’offre aucun autre délai : il est du reste déjà trop tard pour échapper aux catastrophes que vivent les populations. Un mégot criminel dévaste des milliers d’hectares en France (et tellement plus ailleurs dans le monde) parce que juillet 2021 fut le mois le plus chaud depuis que les mesures de température existent. Sous peu, les calottes glaciaires relâchées dans les océans vont provoquer l’engloutissement d’îles et des ravages côtiers. Les vignes et les cultures changent déjà de « nature ». Or les politiques au pouvoir d’agir se montrent à l’évidence déphasés par rapport au phénomène qui va bouleverser nos modes de vie et de production.
C’est depuis quatre ans que le président de la République, parce que ses prédécesseurs n’ont pas bougé, aurait dû, en France, de concert avec les autres dirigeants du monde, instituer une République écologique. Pour donner les moyens d’adapter l’industrie aux conditions nouvelles vitales : filer dare-dare vers le 0 carbone et basculer vers des énergies renouvelables (dans un pays favorisé par son énergie nucléaire). Rien ou presque n’a changé. L’Europe commence à peine à mettre en place un cadre législatif contraignant assorti d’objectifs (page xx). Sous peu, c’est le crime d’écocide qui risque de jeter en prison ou de condamner à de fortes amendes des dirigeants au mauvais réflexe : déporter la production vers un étranger plus laxiste ! Le prospectiviste Philippe Cahen, spécialiste des signaux faibles, identifie bien la paralysie des politiques : la pensée en silo. « L’écologie protège son silo de pensée, écrivait-il en juin, l’économie protège son silo de pensée […] La France perd son industrie, ses agriculteurs, ses éleveurs. La crise climatique dans laquelle nous sommes exige un regard multiple, hors de la pensée en silo. Un regard de prospective. »
Ce regard, les entrepreneurs seront les premiers à le porter au-delà du monde ancien. Encore faut-il que les politiques leur en donnent les moyens. Le « prétexte » de la covid – provoquée par le réchauffement et la déforestation – ne doit plus servir de paravent à l’urgence du changement de paradigme de production. Elle a montré que l’on sait fort bien mobiliser des capitaux dont les hémorragies ne sont pas près de se juguler. Après tout, la survie n’a pas de prix.
Olivier Magnan
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