Textile : l’outrance d’une surproduction !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Avec des niveaux faramineux de production, sans lien avec les réels besoins vestimentaires des populations, l’industrie textile marche sur la tête ! Ce surplus est dicté par les enseignes elles-mêmes pour devancer leurs concurrents, en proposant de plus en plus de choix de modèles.

Un récent rapport de l’ONG Les Amis de la Terre indique qu’en 2022, 3,3 milliards de vêtements ont été mis sur le marché en France, soit plus de 48 vêtements par habitant. Cette augmentation s’est accélérée après 2020, avec la montée en puissance de nombreuses enseignes d’ultra fast-fashion, qui poussent l’industrie à produire toujours plus.

L’étude met sous le projecteur les ravages environnementaux, climatiques et sociaux de Shein, le leader mondial du prêt-à-porter à très petit prix en ligne. La marque chinoise écrase tous ses concurrents grâce à des volumes de production exorbitants. Sa rançon du succès se base sur des prix dérisoires et une multiplication des modèles, appuyés par une pollution et une exploitation des travailleurs.

Ce que propose Shein, ce ne sont pas deux collections par an, mais un renouvellement continu de la mode avec la mise sur le marché de plusieurs milliers de nouveaux modèles par jour. En mai 2023, la marque a ajouté sur son site plus de 7 200 nouveaux modèles de vêtements par jour en moyenne. Cela représente au minimum 1 million de vêtements produits, soit entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 émises chaque jour.

Du simple à l’ultra…

Après le système économique dominant des enseignes de fast-fashion, s’impose maintenant celui de l’ultra fast-fashion. À l’outrance d’une surproduction, s’ajoutent les impacts sur les droits humains et l’environnement. Travailleurs sans droits, émissions de gaz à effet de serre et pollution des sols et des eaux sont les traces visibles d’une industrie dérégulée qui court vers les prix les plus bas et habituée aux plans sociaux.

Sur le plan environnemental, l’industrie textile est responsable de 10  % des émissions mondiales de CO2. Ses impacts sur l’eau et les sols deviennent de plus en plus néfastes avec 11 % des pesticides utilisés à l’échelle mondiale. Jusqu’à un cinquième de la pollution des cours d’eau. Poursuivre sur cette trajectoire de surproduction pourrait mener le secteur à être responsable d’un quart des émissions de CO2 mondiales d’ici à 2050 !

Un chiffre sans équivoque

Aujourd’hui, seulement 1 % du textile peut se voir réellement recyclé et bien que les capacités de réemploi augmentent, elles demeurent vaines face à la quantité de vêtements mis en marche.

Face à ce constat, l’ONG Les Amis de la Terre appelle à une régulation de ce secteur et l’adoption des standards qui interdisent ces pratiques délétères. Ramener la sobriété dans l’industrie du textile en interdisant le modèle d’ultra fast-fashion. Réduire la quantité produite de façon à ralentir l’augmentation puis diminuer les mises sur le marché. Encadrer aussi la production avec des normes sociales et environnementales strictes et un affichage environnemental clair et contraignant.

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