Pour un football écologique !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

La dernière consultation nationale de l’association Football Écologie France révèle que près de deux Français sur trois considèrent que le football n’est pas écologique ! Et pour 80 % d’entre eux, il faudrait plus d’engagement environnemental dans ce sport.

L’humanité est en train de suivre la Coupe du monde de football au Qatar. Cet événement sportif est au cœur des polémiques : du non-respect des droits de l’homme au désastre environnemental en passant par la condition des travailleurs immigrés. Et une question taraude l’opinion publique, le football peut-il être écologique ?

Pour cette 22e Coupe du monde, côté écologie, les jeux sont faits ! Selon un rapport de la FIFA, plus de 3,5 millions de tonnes de CO2 seront émises durant cette compétition contre un peu plus de deux millions pour celle de 2018 qui s’est déroulée en Russie. Mais les calculs de Greenly, société spécialisée dans l’évaluation de l’empreinte carbone, annoncent que ce mondial va rejeter dans l’atmosphère l’équivalent de 6 millions de tonnes de CO2. Bien au-delà donc du chiffre affiché par la FIFA. Greenly prend justement en compte le poids des infrastructures, des transports de voyageurs et l’organisation de l’événement.

Rappelons que les organisateurs de la Coupe du monde de foot se sont engagés à rendre l’événement neutre en carbone, compensé grâce à l’achat de crédits carbone. Une opération d’investissement dans des projets pour se dédouaner de leurs responsabilités ! Sensibles aux alertes qui ont dénoncé les conditions de vie des travailleurs étrangers sur les chantiers des infrastructures et la présence de climatiseurs dans les stades, les joueurs de l’équipe de France ont fait part de leur intention de soutenir les ONG qui œuvrent pour la protection des droits humains, au travers du fonds de dotation Génération 2018, lancé en octobre 2021 et qui vise à financer des projets à impact autour de la solidarité et la justice.

Un engagement nécessaire

La dernière consultation nationale de l’association Football Écologie France révèle que près de deux Français sur trois considèrent que le football n’est pas écologique ! Et pour 80 % d’entre eux, il faudrait plus d’engagement environnemental dans ce sport. Signe positif : l’association accompagne les acteurs du football dans leur transition écologique. Ces dernières années, il y a eu une véritable prise de conscience dans les clubs de football amateur. Des outils comme le Passeport d’éco-supporters, un livret pédagogique pour les 10-17 ans ont été mis en place. Et certains clubs volontaires ont procédé à un diagnostic écologique pour évaluer leur impact carbone. Mais malheureusement, le football professionnel reste encore réticent à cette pratique écologique. Certes, il tente néanmoins de rattraper son retard sur la question environnementale. L’ONG britannique, Sport Positive Leagues a établi un classement des clubs des différentes ligues européennes selon leurs actions prises pour une durabilité environnementale. Des notes sont accordées selon plusieurs critères : gestion des déchets, réduction ou retrait du plastique ou encore biodiversité.

En 2017, le ministère des Sports, avec le soutien de l’ONG WWF, a élaboré la Charte des 15 engagements écoresponsables, dont la Fédération Française de Football est signataire. Ces engagements portent entre autres sur l’alimentation responsable, la mobilité durable, la consommation d’eau et d’énergie, la protection de la biodiversité, la lutte contre les discriminations, l’éducation au développement durable. Il reste à évaluer le respect de cette charte au regard des moyens mis en œuvre, l’atteinte des objectifs et sa crédibilité.

Fair Play For Planet a développé le premier label environnemental destiné aux clubs, aux sites et aux événements sportifs. Le label FPFP conçu autour d’une approche globale de la lutte contre le dérèglement climatique, permet aux entités sportives d’améliorer leur modèle de développement économique en prenant soin de l’environnement. Fair Play For Planet a lancé en 2021, en partenariat avec l’Agence de la Transition Écologique (Ademe), une campagne « Les 10 actions pour un sport plus vert ! » pour sensibiliser les nouvelles générations de sportifs à la protection de l’environnement. Des bonnes initiatives à saluer mais le monde du football doit cesser de prendre à la légère la crise climatique et environnementale. Il est temps que la FIFA s’engage enfin dans des changements profonds face à l’urgence climatique. Peut-elle penser que les Coupes du monde et les investissements qu’elles génèrent devraient être utilisés un jour pour accompagner aussi la transformation systémique des pays hôtes vers un avenir vert ?

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