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Les chef·fes d’État et les eurodéputé·es sont parvenu·es à un accord sur l’objectif d’une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990.
À chaque année son nouveau lot de promesses et d’objectifs annoncés par les grandes puissances pour réduire leur trace carbone. Les pays membres de l’UE sont parvenus à un accord historique, visant une réduction drastique des émissions de carbone du continent. Un accord qui reste en-deçà des objectifs des eurodéputé·es.
Les négociations furent âpres et les débats houleux. Depuis des mois, les dirigeant·es des Vingt-Sept et le Parlement européen s’écharpent sur la question de la réduction des gaz à effet de serre. Après quatorze heures de négociations ce mercredi 21 avril, les pays membres et les eurodéputé·es sont finalement parvenu·es à un accord. L’objectif: une réduction nette d’ « au moins 55 % » des émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’ici à 2030. Et ce par rapport au niveau de 1990, comme annoncé par la Commission européenne. Cette accord, déjà qualifié de « moment historique », sera formellement intégré dans une « loi climat » européenne, actuellement en gestation. Plus tôt dans la semaine, le Premier ministre britannique Boris Johnson promettait déjà de réduire les émissions de CO2 du Royaume-Uni de 78 % d’ici à 2035 par rapport à leur niveau de 1990. Un objectif très ambitieux et un signal fort, à sept mois de la COP26 sur le changement climatique qui se tiendra en novembre à Glasgow.
Surtout, cette annonce intervient à la veille d’un sommet sur le climat initié par un Joe Biden prêt à rattraper le temps perdu par son prédécesseur. À cette occasion, les États-Unis doivent dévoiler leur propre objectif révisé pour 2030. Dans un contexte tendu, le président chinois Xi Jinping a tout de même confirmé sa participation à ce sommet virtuel sur le climat, qui doit marquer le retour en première ligne de Washington dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Un objectif contraignant
Frans Timmermans, le vice-président de la Commission chargé du « pacte vert », a salué un « moment historique pour l’UE (…) qui renforce notre position dans le monde comme un leader du combat contre la crise climatique ». Surtout, les Vingt-sept ont semble-t-il franchis un cap. « L’objectif d’une neutralité carbone pour 2050 deviendra juridiquement contraignant », explique ainsi l’eurodéputé allemand Pete Liese (PPE). Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, s’est elle félicitée de l’accord sur Twitter : « Notre engagement politique à devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050 est désormais également juridique. La loi climat place l’UE sur un chemin vers pour les générations à venir. »
Un objectif contraignant donc, puisqu’il s’appliquera collectivement à l’ensemble des Vingt-Sept, et non individuellement à chaque Etat comme le souhaitait la Pologne très dépendante du charbon. Aussi, l’objectif d’une baisse « nette » permet de compenser les émissions de CO2 réduites par des « puits de carbone » naturels, via la reforestation notamment.
Légère déception
Si l’accord conclu cette semaine est historique, l’objectif retenu (55 %) reste moins élevé que celui visé par les eurodéputé·es (60 %). De plus, l’accord politique n’est à cette heure que provisoire, les gouvernements européens et le Parlement devant encore approuver l’accord.
Parmi les mesures retenus, ONG environnementales et eurodéputé·es verts dénoncent la cible de réduction « nette » des émissions, qui tient compte du CO2 capté par les forêts et risquerait donc de réduire mécaniquement la baisse réelle exigée aux secteurs économiques et industriels polluants. « La loi climat n’est pas à la hauteur de ses ambitions », a cinglé sur Twitter Michael Bloss, eurodéputé vert allemand.
Malgré les quelques réticences de rigueur, l’avancée est à souligner. Si l’accord est imparfait pour beaucoup, il est tout de même favorablement accueilli par la plupart des élu·es écologistes, et prend la bonne direction. Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement au Parlement européen, souligne ains que « nous allons faire deux fois et demie plus en 9 ans que ce que nous avons fait au cours des 10 dernières années en Europe. »
ABA