L’inquiétant recul de la consommation bio

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

« Aujourd’hui, le bio n’a plus le monopole du produit sain et de l’excellence alimentaire »

Le marché du bio traverse une période malaisée. Après la forte croissance des années fastes avec une consommation multipliée par 3,5 en dix ans, la dynamique semble s’essouffler. Les chiffres de l’Agence Bio, annoncent une diminution du chiffre d’affaires du secteur de 1,3 % en 2021. Cette tendance se confirme en 2022 avec les ventes qui reculent dans la grande distribution (-5.6 %) et dans les chaînes spécialisées (-4.8 %).

La dernière étude du think tank Terra Nova porte un éclairage intéressant sur le recul de l’agriculture biologique et formule des propositions pour que la filière réponde aux enjeux de la transition et aux attentes des consommateurs.

La France est aujourd’hui le leader européen de la production bio devant l’Espagne. 13,4 % des exploitations agricoles sont bio (contre 4 % en 2010). Nous accordons une attention exigeante du contenu de notre assiette. Une part croissante des ménages consomme des produits alimentaires bio quotidiennement (15 % en 2021 contre 13 % en 2020). En effet, le consommateur continue à s’intéresser au bio mais il subit aussi une perte de pouvoir d’achat, liée à une inflation galopante.

Aujourd’hui, le bio n’a plus le monopole du produit sain et de l’excellence alimentaire. Il est concurrencé par le développement d’autres offres, notamment des produits frais et locaux et ceux issus du commerce équitable. La démocratisation du label « Agriculture biologique » est desservie par une perte de confiance des consommateurs. Selon l’Agence Bio, un Français sur deux s’estime insuffisamment informé sur ce que le label AB garantit dans les cahiers de charge et les contrôles. « Si la demande continue de baisser, le modèle économique de l’agriculture bio, même en augmentant les subventions publiques, ne pourra trouver son équilibre et assurer sa prospérité. Faute de débouchés, le nombre de conversions en bio risque de diminuer », alerte le rapport.

Des recommandations multiples

L’étude énonce quelques propositions pour pallier à ces fragilités apparues dans le modèle économique de l’agriculture biologique : diffusion chaque année d’une grande campagne de communication sur les spécificités et bienfaits du bio. Les attentes sociales et sociétales évoluent et le bio n’y répond plus totalement. C’est cette confiance qu’il faut reconstruire pour stopper le décrochage en ajoutant au cahier des charges du label AB des obligations en termes de rémunération et de formation des salariés.

Le rapport de Terra nova recommande aussi la mise en place d’un taux de TVA très réduit à 2,1 % sur les produits bio et une incitation de la grande distribution à intégrer des produits bio français dans leurs opérations « prix bloqués ». Encourager aussi les collectivités à promouvoir et soutenir la création d’AMAP sur leur territoire pour améliorer l’accessibilité de tous à la vente directe. Améliorer l’accès de la restauration collective aux circuits courts… Autant de recommandations qui devraient consolider les bienfaits de l’agriculture biologique, remis en question par un contexte de crises qui se succèdent. Une vraie évolution des pratiques agricoles est nécessaire pour répondre aux enjeux de la transition écologique. Il est temps de résoudre l’équation prix, qualité, respect des modes de production écologique. Pour cela, il faudrait sécuriser les relations commerciales entre partenaires. Chaque acteur de la chaine a une responsabilité pour rendre le bio plus accessible.

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