Vers un hydrogène vert ?

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Perçue comme le pilier de la décarbonation des industries, cette nouvelle énergie ne semble pas pouvoir nous soulager de tous nos maux…

Vecteur d’un avenir plus vert, l’hydrogène renouvelable est une alternative aux énergies fossiles. Dans les grandes lignes, sa production repose sur un processus d’électrolyse de l’eau. Un procédé tristement énergivore et compliqué à mettre en place. Sa production remet la question de la souveraineté sur le tapis européen.

Si le conflit russo-ukrainien a bien un mérite, c’est celui d’avoir éveillé les consciences sur les risques de la dépendance aux énergies fossiles. Depuis le début de la guerre, les investissements dans ce domaine ont dépassé la barre des 70 milliards d’euros.

L’Allemagne, jusqu’alors ultra-dépendante du gaz russe, vient d’entériner un partenariat avec le Canada pour la production et le commerce d’hydrogène. Le pays nord-américain, devenu maître en matière de production de cette molécule, voit dans cette nouvelle alliance de grandes opportunités financières. Les prémices d’une place de marché internationale où certains pays ne pourront pas rivaliser…

À la file derrière nos amis d’outre-Rhin, les Pays-Bas, la Belgique, le Japon et la Corée du Sud. Tous se sont relayés pour importer en masse de l’hydrogène issu des pays producteurs. La raison ? Aucun d’entre eux n’a les capacités énergétiques de produire son propre hydrogène vert. Ces pays, massivement peuplés, ne réunissent pas les conditions  nécessaires pour créer assez d’énergie verte et ainsi produire de l’hydrogène renouvelable. Il faut – entres autres – de l’espace, des cours d’eau et des conditions climatiques clémentes. Ainsi, pour les pays qui ne disposent pas de ces atouts : on en revient au même problème de dépendance structurelle qu’avec les énergies fossiles !

Un hydrogène verdâtre… voire gris

L’hydrogène n’est vert que si son mode de production repose exclusivement sur l’électricité renouvelable. Tout autre procédé qui utiliserait des hydrocarbures serait beaucoup moins avantageux pour l’environnement, on parle alors d’hydrogène gris.

« Cet hydrogène gris est à ce jour produit quasi intégralement à partir du gaz naturel, une énergie fossile, et par vaporeformage, un processus qui émet du CO2. Son utilisation représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre françaises », alertent les chercheurs de l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales).  

Jusqu’alors, sa production était pourtant préférée à celle de l’hydrogène vert pour des raisons budgétaires. C’était sans compter sur l’inflation, qui a entraîné une hausse de son prix, simultanément à celui du gaz. À l’arrivée, on se retrouve avec un hydrogène polluant soumis aux courts des matières premières et un autre plus vert, mais dont la production se cantonne à quelques régions du globe.

Et en France alors ?

La France, elle, défend un mode de production d’hydrogène vert local. Au-delà du souhait de souveraineté énergétique sur ce qui représente l’énergie de demain, l’exécutif prend compte des problèmes de transport liés à son importation. L’hydrogène est un gaz si volatil qu’il faut le liquéfier afin qu’il puisse transiter à travers les océans. Il doit être refroidi jusqu’à atteindre le zéro absolu, soit -253 degrés celsius. Son transport implique donc des réservoirs cryogéniques qui – sans surprise – consomment et polluent à grande échelle.

« Tous les experts m’expliquent qu’il serait aberrant de transporter de l’hydrogène de l’Espagne à la France », Emmanuel Macron

Et avec cette molécule un problème semble toujours en cacher un autre… Les bateaux expressément créés pour le transport de l’hydrogène renouvelable sont très inefficaces : ils affrètent 75 tonnes par voyages. En comparaison un pétrolier peut contenir jusqu’à 300 000 tonnes. Pour garantir un rendement optimal il faudrait donc une infinité de paquebots. Bref, en matière de compétitivité économique aussi, l’énergie de demain a encore une belle marge de manœuvre…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.