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Se prépare le quatrième parc éolien offshore de Normandie.
La France tente de combler son retard. Lundi 26 avril, le ministère de l’Écologie a rendu publique la liste des candidatures en lice pour développer le huitième parc éolien en mer du pays. Qui doit voir le jour au large des côtes de Normandie. Sept autres parcs éoliens sont en préparation pour des mises en service qui s’étalent entre 2022 et 2027. Par rapport à ses voisins européens, la France fait figure de mauvais élève. Et pourtant, elle détient la deuxième surface maritime du monde. Avec 11 millions de kilomètres carrés et quatre façades maritimes en métropole.
Saint-Nazaire, Fécamp, île d’Yeu-Noirmoutier, Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer, Dieppe-Le Tréport et Dunkerque. Voilà la liste des parcs éoliens posés en mer dont la France dispose. Avant donc l’annonce du petit nouveau, Barfleur, situé dans le Cotentin. Et d’une puissance maximale de 1 000 mégawatts. Soit le plus grand parc mis sur le marché à ce jour en France.
Une forte concurrence
Six candidats prétendent exploiter le quatrième parc éolien offshore de Normandie. Parmi lesquels la société Éoliennes en Mer Manche Normandie (EDF avec les canadiens Enbridge et CPPIB), l’espagnol Iberdrola, la coentreprise Ocean Winds (Engie avec le portugais EDPR) et le groupe anglo-néerlandais Shell. Sans oublier le consortium franco-allemand Total-RWE et enfin le consortium formé par le suédois Vattenfall, l’allemand Wpd et la Banque des Territoires. Bref, une concurrence féroce. À l’arrivée, seul le champion danois de l’énergie Orsted manque à l’appel. Pourquoi eux ? « Au regard de leurs capacités techniques et financières », justifie le ministère de la Transition écologique dans un communiqué. Démarre alors une phase dite de « dialogue concurrentiel ». Qui vise à « réduire les coûts des projets et à sécuriser leur réalisation, en donnant la possibilité aux candidats d’améliorer leurs offres au cours de la procédure ».
Les candidats feront une offre au cours de l’année. La ministre Barbara Pompili (Environnement) entend attribuer le projet avant l’élection présidentielle de 2022. Cette compétition entre des cadors de l’énergie arrange les pouvoirs publics. Puisque les prix auront tendance à baisser. Un prix, très indicatif, s’établit pour l’heure à 60 euros par MWh pour le parc en question. Mais il devrait sans surprise se négocier bien en dessous. Autour de 44 euros par MWh – ce qui est proposé par EDF à Dunkerque. Au ministère, on s’attend à la mise en service du parc éolien de Barfleur en 2028. Ambitieux, trop peut-être. Car pour le directeur général de WPD France, Vincent Balès, « six ans de développement, ce sont plutôt les standards des Pays-Bas ou du Danemark » ! Une mise en service entre 2028 et 2030 serait plus « réaliste », selon lui.
Les pêcheurs réticents au projet
Avec ce projet, la France espère rattraper son retard et oublier ce chiffre d’une seule éolienne en mer posée fin 2019 dans le pays. À cette même date, le Royaume-Uni en comptait plus de 2 000 ! Près de 1 470 en Allemagne, 559 au Danemark. « Une pour la France, une, alors que notre pays possède le plus grand gisement d’énergie éolienne en mer de l’Union européenne », déplorait en novembre la ministre de la Mer Annick Girardin dans une tribune publiée par le Journal Du Dimanche. La ministre avait alors souhaité que 25 % de la production énergétique du pays proviennent de l’éolien en mer à horizon 2050.
La nouvelle n’a pas de quoi ravir les pêcheurs. Fin 2020, alors que le projet d’un nouveau parc éolien se précise, ils s’inquiètent. « Il faut nous donner les moyens de pouvoir accompagner notre profession à passer à travers ces développements industriels qui ont déjà coûté très cher aux pêcheurs », explique le président du comité régional des pêches de Normandie, Dimitri Rogoff. Qui soutient que les autorités nient les questions posées par les pêcheurs. « La pêche, c’est le premier secteur impacté par les parcs éoliens en mer, ce n’est pas le secteur de la résidence secondaire avec l’impact des pollutions visuelles ! », a-t-il également scandé. Mais la France a bien décidé d’accélérer le rythme – et pas seulement pour l’éolien en mer. Et espère parvenir à son objectif de capacité de production d’électricité renouvelable en mer à 2,4 gigawatts (GW) en 2023 et entre 5,2 GW et 6,2 GW en 2028.
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