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Les deux candidats ont déjà occupé la fonction suprême, quel bilan écologique peut-on tirer de leurs présidences respectives ? À quoi peut-on s’attendre pour les trois prochaines années ?

Au Brésil, dimanche 2 octobre, s’est déroulé le premier tour des élections présidentielles. Lula, que l’on attendait gagnant à la majorité absolue n’a obtenu « que » 48,43 % des voix. Son opposant, le président sortant Jair Bolsonaro a, lui, recueilli 43,2 % des suffrages. Dans un contexte d’urgence écologique, qui est le mieux préparé pour protéger le berceau de la forêt amazonienne ?

Le Brésil entame une nouvelle phase de ses élections présidentielles. Après un premier tour plus surprenant que prévu, Luiz Inacio Lula da Silva dit « Lula » n’a pas obtenu la majorité absolue qu’il convoitait. L’ancien président brésilien de 2003 à 2011 devra remonter dans l’arène le 30 octobre pour un deuxième tour face au président sortant Jair Bolsonaro. Ce duel entre deux candidats qui ont déjà occupé la fonction suprême permet de confronter leur bilan, notamment sur la préservation de la forêt amazonienne.

Parlons chiffres. Lula, durant son premier mandat de 2003 à 2006, a déforesté 86 000 km². Si l’on y ajoute sa deuxième présidence le bilan s’élève à 126 000 km². Face à lui, Bolsonaro est à l’origine d’environ 50 000 km² de déforestation de 2019 jusqu’à aujourd’hui. Peut-on alors parler de bilan plus positif pour le candidat d’extrême droite ? Pas vraiment…

Des chiffres à remettre dans leurs contextes

Lors de son arrivée au pouvoir en 2003, Lula dit vouloir mener une politique écologiste et freiner le rasage de l’Amazonie. Avant son accession les chiffres de la déforestation sont catastrophiques. Un pic en 1995 va même avoisiner les 30 000 km² de forêt rasée en seulement 1 an. Un record absolu. Pour inverser la tendance, Lula nomme à l’Environnement Marina Silva, connue pour ses fortes convictions environnementales.

Elle mène son combat à travers la régulation des droits d’agricultures et des systèmes de surveillances satellites pour empêcher la déforestation illégale. Et les premiers résultats se font ressentir dès 2005. La dynamique continuera en ce sens durant toute la présidence de Lula. À son terme, en 2012, le taux de déforestation annuel de l’Amazonie représente seulement un cinquième de celui de 2004. Malgré des connivences évidentes avec certains lobbies agricoles et le scandale du barrage de Belo Monte, l’opinion publique accorde du crédit au bilan écologique de Lula. Pour briguer ce nouveau mandat présidentiel, Lula développe dans son programme 121 points pour protéger l’environnement.

« La forêt amazonienne ne fait pas partie du patrimoine de l’humanité »

De son côté Jair Bolsonaro a pratiqué une toute autre politique pendant son mandat. À son arrivée au pouvoir en 2019, le représentant de l’extrême droite brésilienne a repris un rythme de déforestation important. Dès 2020, le seuil des 10 000 km² annuel est à nouveau dépassé. La même année, Ibama, l’organisme public brésilien de préservation de l’environnement voit son budget réduit de 25 %.  De manière plus générale, toutes les agences chargées de ces questions environnementales ont été restreintes à des tâches administratives durant ces 3 dernières années. Bolsonaro avait prévenu. Lors d’une allocution au siège de l’ONU en 2019 il exprimait sa réticence face aux lanceurs d’alertes  : « La forêt amazonienne ne fait pas partie du patrimoine de l’humanité. Les scientifiques savent qu’il est fallacieux de dire que l’Amazonie est le poumon de notre planète. » Et trois ans plus tard, en 2022, la barre des 15 000 km² de déforestation annuelle pourrait être à nouveau dépassée. Une première depuis 2005 et un retour à des standards pré-Lula. Pour son deuxième mandat, Bolsonaro prévoit de nouvelles lois anti-environnementales. Au programme : l’assouplissement de l’utilisation de pesticides, la libéralisation de l’exploitation des terres indigènes et une politique laxiste autour de la déforestation.

Dans ce contexte d’élection, les lobbies agricoles ont davantage mis le pied sur l’accélérateur. Déforester au maximum avant d’être à nouveau restreint dans le cas où Lula serait élu. Une nouvelle preuve, si tant est qu’il en fallait d’autres, sur le niveau de liberté offert par le gouvernement actuel aux géants de l’industrie agricole.

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