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Témoin de la souffrance des êtres les plus vulnérables, des camps de réfugiés aux zones de guerre, l’homme est résolu à mettre la dignité humaine au cœur de son action et à agir pour un monde plus juste et plus durable. Une chronique signée Ezzedine El Mestiri.
« Par son appétit insatiable de croissance économique incontrôlée et inégalitaire, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive. Nous traitons la nature comme des toilettes. Et finalement, nous nous suicidons par procuration. » C’est un véritable cri d’alarme lancé à l’ouverture de la COP15 sur la diversité biologique à Montréal, au Canada. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU n’est pas adepte de la parole feutrée de la diplomatie ni de la recommandation en douceur.
Présent et entreprenant, jamais un patron de l’ONU n’a été aussi franc et courageux pour dénoncer les atteintes graves que subit notre planète. Il ne ménage aucun effort pour alerter sur la crise climatique et pointe la nécessité de changements radicaux pour contenir ce réchauffement. L’homme fustige aussi le monde économique, à la traîne et qui fait des promesses factices de neutralité carbone. « Cette tentative de dissimulation toxique pourrait faire tomber le monde de la falaise climatique. Cette imposture doit prendre fin », dit-il.
Né à Lisbonne en 1949, Antonio Guterres est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’Instituto Superior Técnico. Élu au Parlement portugais en 1976, il a présidé la Commission parlementaire de l’administration territoriale, des municipalités et de l’environnement. Il a été Premier ministre du Portugal de 1995 à 2002, avant sa nomination, comme Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de 2005 à 2015.
Réparons notre monde, il n’y a pas de planète B
Sa conscience écologique et humaniste s’est forgée durant cette période, marquée par les vagues de déplacement sans précédent de ces dernières décennies. Les conflits en Syrie, en Iraq, au Soudan du Sud, en Centrafrique, au Yémen ont obligé le HCR à multiplier ses activités alors que le nombre de déplacés qui ont fui les conflits n’a cessé de croitre.
Témoin de la souffrance des êtres les plus vulnérables, des camps de réfugiés aux zones de guerre, l’homme est résolu à mettre la dignité humaine au cœur de son action et à agir pour un monde plus juste et plus durable. « Nous faisons la guerre à la nature. La déforestation et la désertification créent des friches d’écosystèmes autrefois florissants. Notre terre, notre eau et notre air sont empoisonnés par les produits chimiques et les pesticides, et étouffés par les plastiques », dénonce-t-il.
Le secrétaire général de l’ONU ne cesse, à chaque occasion, de marteler la nécessité d’actions concrètes et immédiates pour réparer le monde. Les gouvernements doivent avoir plus d’audace, le secteur privé doit admettre que le profit et la protection doivent aller de pair et les pays développés doivent apporter un soutien financier massif aux pays du Sud, qui sont les gardiens des richesses naturelles de notre planète. « C’est à nous d’assumer la responsabilité́ des dommages que nous avons causés, et de prendre les mesures nécessaires pour les réparer. Oublions les rêveries de certains milliardaires – il n’y a pas de planète B. C’est à nous de réparer le monde que nous avons. » Antonio Guterres note au passage qu’un tiers de nos terres sont dégradées, qu’un million d’espèces sont au bord du gouffre… Et qu’il faut arrêter cette orgie de destruction, passer enfin de la discorde à l’harmonie et faire la paix avec la nature.