Temps de lecture estimé : 2 minutes
Temps de lecture constaté 2’30
L’organisation internationale préconise de renoncer dès aujourd’hui aux nouveaux projets d’exploitation d’énergie fossile.
À quelques mois de la COP26 qui doit marquer une nouvelle étape de la coopération mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique, l’Agence internationale de l’énergie change de paradigme et promeut la neutralité carbone. Pour atteindre les objectifs ambitieux d’ici à 2050, l’organisation invite à oublier les projets d’exploitation pétrolière ou gazière et à ne plus vendre de voiture thermique neuve au-delà de 2035.
D’un côté les objectifs annoncés ou réaffirmés des grandes puissances en termes de neutralité carbone et de limitation du réchauffement climatique, de l’autre le chemin à parcourir pour y parvenir. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la voie vers l’objectif de « zéro émission nette » en 2050 sera semée d’embûches. Et demande surtout un changement de paradigme radical et immédiat.
Dans son nouveau rapport commandé par la présidence de la COP 26 et publié le 18 mai, l’AIE, souvent accusée de trop grande timidité et taxée de conservatisme, liste les mesures drastiques qu’elle préconise pour atteindre la neutralité carbone. En premier lieu, ces objectifs impliquent de changer de paysage et de paradigme énergétique en organisant le déclin accéléré de la demande en combustibles fossiles et la montée en puissance de celle des énergies renouvelables, affirme l’AIE dans le rapport. L’organisation plaide pour renoncer dès aujourd’hui à la tentation de nouveaux projets fossiles : « Au-delà des projets déjà engagés en 2021, notre trajectoire ne prévoit aucun nouveau site pétrolier ou gazier ». Malgré les engagements des États et des grandes puissances pris ces dernières années et ces derniers mois, les actes ne suivent pas. « Il y a un énorme fossé entre la rhétorique et la réalité », affirme Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. Le secteur de l’énergie, qui est à l’origine des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre, doit se réinventer en profondeur.
Investissements massifs
En parallèle de l’abandon des projets d’énergies fossiles, l’Agence affirme la nécessité d’un bond des investissements dans les technologies bas carbone. Une condition sine qua non pour atteindre l’objectif de zéro émission d’ici à 2050. L’organisation chiffre à environ 5 000 milliards de dollars annuels l’effort déployé dans l’énergie. Soit plus du double des montants actuels. Pour justifier et argumenter ses préconisations, le rapport précise qu’un tel effort profiterait à l’économie mondiale : une analyse menée avec la FMI démontre que ces investissements ajouteraient 0,4 point de croissance annuel au PIB mondial.
De manière générale, il faudra miser sur l’innovation. Le déploiement des solutions énergétiques de remplacement déjà existantes (éolien, solaire…) devrait parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Par la suite, il faudra compter sur des technologies qui ne sont aujourd’hui peut-être qu’à l’état de prototype. « Si les gouvernements sont sérieux dans leurs engagements, ils doivent faire de l’investissement dans l’innovation l’une de leurs priorités », insiste Fatih Birol. Pour mener la transition d’ampleur qui s’engage, l’AIE a fixé dans son rapport quelque 400 « étapes » à franchir dans tous les secteurs de l’énergie. Qui doivent inciter les gouvernement à se fixer des objectifs mesurables de court terme.
Favoriser l’essor des énergies propres
Le nouveau paradigme de l’énergie doit être celui qui donne la priorité aux énergies renouvelables, les énergies « propres ». La feuille de route livrée par l’AIE donne un aperçu de ce que pourrait être notre système énergétique en 2050. Selon le scénario « zéro émission carbone », la demande mondiale en énergie aura diminué de 8 %, pendant que la demande en électricité aura doublé. Dans le même temps, la part du renouvelable aura été multiplié par huit, en passant de 29 % de la production totale d’électricité en 2020 à 90 % en 2050. Surtout, les énergies fossiles seront une ressource dépassée : le recours au charbon chute de 90 %, celui du pétrole de 75 % (elles fournissent aujourd’hui quatre cinquièmes de l’énergie, elles n’en fourniront plus qu’un cinquième en 2050). Au profit des énergies propres, comme l’hydrogène dont l’usage a été multiplié par six. Le rapport se résume : « Les principaux piliers de la décarbonation du système énergétique mondial sont l’efficacité énergétique, les changements de comportement, l’électrification, les renouvelables, l’hydrogène et les carburants à base d’hydrogène, les bioénergies et la capture et le stockage de carbone. »
Pour la décennie à venir, l’AIE appelle à « mettre le paquet » sur l’électrique, et à un déploiement « immédiat et massif » des énergies propres. Pour cela, 630 GW (gigawatts) de panneaux solaires photovoltaïque et 390 GW d’éolien devront être installés chaque année jusqu’à 2030. Soit quatre fois les niveaux records atteints en 2020. Le chemin sera long.
ABA