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Le réseau de clubs de chefs d’entreprise Apm, mi-ateliers de formation mi-club de réflexion entre pairs, devient une oxygénation vitale pour les décisionnaires. Enquête.

«Les dirigeants sont sans cesse soumis au temps court avec Twitter, les alertes, l’agilité exigée au sein de leur entreprise, et il est bon, une fois par mois, de prendre une pause… », énonce Frédéric Rey-Millet, dirigeant fondateur d’Ethik Consulting, animateur du club Apm Paris Invalides Management 3.0. Ainsi les hommes d’affaires membres de ce club laissent chaque mois une case vide dans leur agenda, celle d’un mercredi après-midi. Ils se retrouvent entre pairs pour échanger des idées, apprendre d’autres univers, parfaire leur culture sur des enjeux majeurs en écoutant un expert, et par ricochet faire progresser durablement leur entreprise. Ces réunions indépendantes et apolitiques, comme l’a voulu le fondateur Pierre Bellon, se veulent empruntes d’un esprit entrepreneurial. « L’Apm m’a donné l’occasion d’animer un mouvement de plusieurs milliers d’entrepreneurs qui, par essence, sont indépendants, turbulents, innovateurs, décapants », déclare-t-il. Les experts invités pour parler leadership, prise de décision rapide, politique internationale… ne passent pas des heures à débiter leur discours. « Les questions et échanges fusent au bout de cinq minutes, entre des gens qui ne sont pas dans une attitude passive d’apprentissage », décrit Frédéric Rey-Millet dont la spécificité de son club tient à la volonté collective de changement du management (d’où l’ajout « management 3.0 »). L’organisation compte aujourd’hui dans ses rangs 6500 dirigeants francophones, 333 clubs, 350 experts dans 20 pays.
Objectifs divers
Le but est pédagogique tout d’abord. « Les rencontres doivent permettre à nos adhérents d’identifier et d’approfondir les défis qui les attendent, à titre personnel comme professionnel. Nous les incitons à bûcher sur des domaines que nous estimons essentiels à la pérennité de leurs entreprises : les nouvelles formes d’organisation, la posture et les valeurs du dirigeant, la gouvernance ou la nécessité d’apprendre à apprendre », explicite Christian Barqui, Président de l’Apm. Ceux qui poussent la porte d’un des clubs cherchent aussi à rompre l’éternel isolement du dirigeant. « Chacun de ces moments leur offre l’opportunité d’apprendre des échecs et des réussites des autres et de se ressourcer dans un climat convivial et stimulant », ajoute Christian Barqui. D’où le succès rencontré. « J’ai créé le club en septembre 2014. Même s’il en existe plus d’un par arrondissement dans la capitale, je n’ai pas éprouvé de difficultés à trouver de nouveaux membres. En période d’incertitude, il est intéressant d’échanger avec les pairs sur du temps long », illustre Frédéric Rey-Millet. Enfin la question du networking et du business se pose. « Peut-être à terme des affaires seront conclues, mais cela restera très anecdotique, puisque le club ne peut compter qu’un seul représentant de chaque secteur. Ceux qui outrepassent cette règle cassent l’effet de communauté d’apprentissage, car les gens, si leurs concurrents sont dans la salle, ne vont pas parler librement des problèmes rencontrés avec leurs salariés ou leur associé », précise Frédéric Rey-Millet.
Une dynamique entretenue
Un club ne peut dépasser les 25 membres, et accueillir plus de 30% de personnes qui ne sont pas n°1 dans leur société. Des critères visant à donner confiance et à libérer la parole. La langue de bois n’est pas de rigueur pour ces chefs d’entreprise, de dix à 50 salariés en région parisienne, de 50 à 1500 en Province. Car il s’agit d’être énergiques et proactifs pour ces membres qui paient 3200 euros HT à l’année, pouvant passer cette somme sur les frais de formation. Pour ceux qui n’en ont pas assez, il existe aussi des extra-clubs, regroupant par exemple les clubs d’une même région, pour notamment des voyages d’études avec un expert en Turquie, en Chine… Il faut aussi ajouter le congrès national qui a lieu tous les deux ans et qui regroupe 4000 personnes. « Nous nous devons de proposer des contenus utiles et intéressants. Le président élu par ses pairs fait remonter les demandes, et l’animateur que je suis consulte le fichier d’experts Apm (350). Une référente pédagogique m’aide à y voir plus clair. Par exemple nous comptons une dizaine d’intervenants sur le leadership », décrit Frédéric Rey-Millet, qui sait que les besoins diffèrent selon les groupes. « Mon club compte des membres de 40 ans en moyenne, surdiplômés et évoluant dans le tertiaire quand les membres Apm ont en moyenne 49 ans et évoluent plutôt dans l’industrie. » Une mécanique bien huilée donc, qui répond aux attentes de « formation continue » des chefs d’entreprise, et qui tend à s’internationaliser.
Article réalisé par Julien Tarby