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Les Trophées Optimistes d’EcoRéseau Business, en partenariat avec le Printemps de l’Optimisme et avec le soutien d’Audencia Business School, ont été décernés pour la première fois le 18 mars 2016 au Conseil Economique, Social & Environnemental. En présence de M. Emmanuel Macron, deux lauréats apparus dans les rubriques phares du journal et correspondant à cette idée ont été récompensés.
en partenariat avec
avec le soutien de

Guillaume Rolland, l’inventeur devenu entrepreneur (cf. EcoRéseau n°24)
Avec son réveil olfactif Sensorwake, il a gagné le concours Lépine et a été le premier Français nominé au Google Science Fair, pour finalement créer son entreprise à 19 ans.

L’optimisme est-t-il un sentiment inné selon vous ?
On est naturellement optimiste quand on est jeune. L’enfant rit très souvent et ose tout. La naïveté de la jeunesse pousse à se lancer. Si on m’avait expliqué en détail tous les obstacles que j’allais rencontrer, je ne me serais peut-être pas lancé à 18 ans dans le hardware, ce qui est encore plus difficile.
Aviez-vous en tête de devenir entrepreneur ?
A 13 ans, j’ai déposé mon premier brevet pour un bras robotique qui sert à infuser le thé. A 18 ans, j’ai mis au point ce réveil qui fonctionne avec des capsules de parfum sur le modèle Nespresso du fait de mes propres difficultés à me lever, mais aussi suite aux discussions avec mon père directeur d’une maison de retraite au sujet des soucis des personnes âgées malentendantes. J’étais un inventeur dans mon garage, qui adorait relever des challenges, trouver des réponses techniques à des besoins quotidiens. Je n’avais pas du tout en tête la commercialisation d’un produit et une activité à l’international.
Quel a été l’élément déclencheur ?
Assurément la sélection en finale du Google Science Fair destiné aux innovateurs. Je n’ai pas gagné mais j’ai senti l’intérêt des investisseurs et des potentiels clients. Je me suis dit qu’il serait bête de tout arrêter. J’ai rencontré des patrons d’industries, notamment dans le luxe du côté de Baum & Mercier, des décideurs politiques comme Axelle Lemaire qui m’a présenté à des investisseurs et de futurs mentors.
Comment vous êtes-vous entouré ?
L’âge m’a beaucoup aidé, je me suis souvent entendu dire que j’avais l’âge des enfants de mes interlocuteurs, et qu’ils avaient donc envie de m’aider. On m’a conseillé de ne pas y aller seul. J’ai donc fréquenté l’écosystème start-up à Nantes où j’ai rencontré Ivan Skybyk, trentenaire, diplômé des Mines et d’un MBA à Boston, plus expérimenté en développement de business. Nous sommes complémentaires.
L’optimisme est-il essentiel dans tous les domaines selon vous ?
Dans la technique il importe de ne pas être trop enthousiaste. Nous recherchons plutôt des gens qui ont les pieds sur terre quant aux délais et contraintes techniques par exemple, afin d’éviter les échecs inattendus. Il faut ensuite compter sur un entrepreneur optimiste.
Aimez-vous le fait de constituer un exemple ?
J’ai apprécié de constater la création d’une vingtaine de travaux personnels encadrés (TPE) sur l’histoire du réveil olfactif. Mon aventure a inspiré, ce qui est gratifiant. Je suis scout, et la pédagogie tient une grande place dans les patrouilles, où on apprend quand on est jeune et enseigne quand on est plus vieux. J’aime intervenir dans les lycées et universités, pour partager mon expérience de création d’entreprise.
Les jeunes sont-ils optimistes et volontaires selon vous ?
Assurément. Ils font souvent les choses parce qu’ils ignorent que c’est impossible ! Ils ont des millions d’idées et sont en plus aidés par le contexte pro-création et start-up.
Quel serait votre scénario idéal à propos de Sensorwake ?
Nous comptons déjà dix salariés. Je souhaite à l’avenir une équipe conséquente baignée dans une culture d’entreprise forte. La bonne ambiance ne s’improvise pas. J’essaie de ne pas être le patron chiant, et pas non plus le pote avec qui on va boire une bière. L’entreprise est « management friendly » et nous avons la chance de concevoir des produits de grande consommation, les jobs sont attractifs, nous ne fabriquons pas un énième boulon du réacteur d’un avion. Je souhaitais devenir industriel, car aller dans le hardware, c’est concrétiser les choses, rentrer chez les gens avec la machine, multiplier les contacts humains. Ce n’est pas une appli sur smartphone.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes ?
A l’école primaire, les enfants ont beaucoup de rêves et pensent que tout est facile. Ils espèrent inventer les essuie-glaces pour lunettes et devenir milliardaires. Je conseille aux parents de cultiver cette créativité en achetant des boîtes de Lego et des cartes programmables adaptées. Aux collégiens et lycéens je conseille de trouver le temps de s’adonner à des activités extra-scolaires, de participer à des concours. Celui de Google était très chronophage, le dossier à constituer était démesuré, mais très challengeant et bénéfique, même quand on perd. L’institut de la consommation, les écoles de commerce… les acteurs sont nombreux à organiser des concours, auxquels peu de jeunes participent et c’est dommage. Je pense souvent aux Intel Awards auxquels prennent part une multitude d’élèves américains, ingénieurs en herbe.
Propos recueillis par Julien Tarby
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