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Les combats du siècle
Qu’on l’autorise enfin à terrasser la covid !
Électron libre ? C’est peut-être la meilleure image pour Odile Duvaux, cette médecin-chercheuse-cheffe d’entreprise-mère de famille (six enfants !) aujourd’hui à la tête de la start-up nantaise qu’elle a créée, Xenothera, en 2014. Sa promesse d’aujourd’hui : éviter aux « covid » la complication, la réanimation, l’issue fatale. Le médicament ? XAV-19, un anticorps polyclonal efficace sur les variants dont le Delta. Quand ? Dès que la Haute Autorité de santé aura délivré une autorisation d’accès précoce (AAP). Délai : trois mois maximum. Mince, combien de malades auront succombé d’ici là ?
Cet indice morbide, Odile Duvaux ne veut pas y penser. Pourtant, son sous-traitant d’Alès, le Laboratoire français de biofractionnement (LFB), est en pleine production, de quoi soigner quelque 15 000 patient·es, quand le flaconneur suisse assure le remplissage des doses. Et pour cause, le ministère de la Santé, sur ordre du Président Macron en personne, a commandé et financé il y a quelques mois 30 000 doses pour devancer les lenteurs administratives. « La vaccination ne suffit pas », répète à l’envi la CEO qui a réussi à « lever » 20 millions d’euros pour développer son entreprise. Les producteurs des vaccins l’admettent eux-mêmes : le taux de protection à deux doses connaît une chute rapide, Israël l’estime passer de 90 à 60 %. « Quid du reste des malades, se demande Odile Duvaux, des immunodéprimé·es aux non vacciné·es ? » Le Vietnam, submergé par la covid, à l’issue d’un accord qui vient dêtre signé avec Xenothera, pourrait prescrire le XAV-19… avant la France ! Et non pas au nom d’un processus accéléré qui négligerait les phases tests, tellement les pays économiquement faibles ne veulent pas jouer les cobayes…
Inscrite d’office à nos Trophées de l’optimisme…
Ce véritable combat que mènent les 18 salarié·es du labo de Nantes, nous le relayons depuis son début ou presque au fil des numéros d’ÉcoRéseau Business et de sa lettre quotidienne (ecoreseau.fr). Mais connaissions-nous le parcours de celle sans qui Xenothera, avant tout spécialiste de la lutte contre le rejet des greffes et de la prévention des maladies nosocomiales, n’existerait pas ? À peine. Odile Duvaux ne tait pas son curriculum vitae, mais elle ne le brandit pas pour autant en étendard égocentré comme le font certains patrons qui ne présentent pas le quart de ses réussites. Comme nous la propulsons sans lui demander son avis dans le concours des Trophées de l’optimisme, création d’ÉcoRéseau Business parmi les premières du genre, force nous est de présenter la surdouée Odile Duvaux, née Miret…
Le meilleur espoir contre la covid déclarée
Naissance, il y a une soixantaine d’années, à Pontoise, au sein d’une famille éclairée de polytechnicien et de professeure, où les deux garçons et la fille connaissent une éducation égalitaire et forcément intellectuellement ouverte. La « fusée » Odile Miret passe son bac à 17 ans, choisit « médecine », sort première du concours ( !), et major d’Ulm en parallèle. Le professeur Jean-Pierre Changeux, le neurobiologiste qui publie en 1983 la synthèse de ses travaux, L’homme neuronal, ne s’y trompe pas qui mettra un an à attirer dans son labo cette jeune femme de 20 ans. Dix ans de recherche à Jussieu puis à Lille où exerce son mari, médecin lui-même. Et comme cette prêtresse du résultat estime ne pas avoir les moyens que lui refuse la recherche publique, elle fonce dans le privé où Auchan (sic !) lui invente un poste de recherche des comportements dans la distribution, les magasins, la logistique. Les capacités de la mathématicienne au franc parler y font merveille. Elle passe, pour voir, le difficile concours de l’Inserm – le navire amiral de la recherche médicale – qu’elle réussit bien sûr pour… rester chez Auchan, directrice de la communication ! 1998 : première aventure entrepreneuriale par la création du cabinet conseil DMJ (conseil en transformation stratégique) qui lui vaut la clientèle d’Air Liquide, Lafarge ou L’Oréal. Du lourd chez cette toute mince patronne de moins de quarante ans qui suit son mari à Nantes où elle rencontre le professeur Jean-Paul Soulillou, « cador » de la transplantation. Il l’encourage à créer Xenothera. La start-up anonyme qu’Odile Duvaux spécialise en médicaments anti-rejets et oncologie va, sur l’intuition de notre championne hors catégorie, mettre au point ce dérivé des anticorps polyclonaux qu’est le XAV-19. Aujourd’hui le meilleur espoir mondial du soin anti-covid… quand la France lui aura enfin donné son feu vert.
D’autres combats majeurs
Odile Duvaux n’en est pas à un combat immense près. Elle vient de convaincre son conseil d’administration de consacrer à terme 50 % de la production du XAV-19 aux pays de faible économie… Et entame une autre croisade : dénoncer la préemption américaine sur les flacons, connecteurs, seringues, instruments de plastique à usage unique qui alimentent le continent de déchets en plein océan. Et aujourd’hui, comme les composants automobiles, en risque de pénurie ! Et pas seulement dénoncer : démontrer que toute cette plasturgie se recycle, se désinfecte et se réutilise. Des chercheuses-médecins, ce pays en a connues. Mais des « Curie » de la sorte, pas si souvent. Quand laissera-t-on cette patronne sauver les victimes d’une pandémie qu’elle ne demande qu’à challenger ?
Olivier Magnan