Temps de lecture estimé : 8 minutes

Lui, c’est Pap. Elle, c’est Pille. Lui, c’est Raibed Tahri, cuisinier et infirmier de formation. Elle, c’est Fatiha Tahri, diplômée d’une école d’infirmière. En 2019, tous deux lancent Pap & Pille – en référence aux papilles gustatives. Des petites billes de biscuit aux saveurs corne de gazelle, coco du Brésil ou noisette de Turquie. Des recettes inspirées de leurs voyages à travers le globe. Car, oui, les deux tourtereaux, fans de Pékin Express, ont visité une trentaine de pays en trois ans. Une soif de découvrir le monde anime ce couple, issu de milieux modestes.

Petit à petit, nos amis nous réclament nos biscuits du monde, un couple nous sollicite pour leur mariage. C’est le déclic. On comprend avec Fatiha que ces biscuits-là, on peut en faire un business.

Avant, en octobre 2014, Raibed et Fatiha se rencontrent sur les bancs de l’école d’infirmiers, à Besançon, dans le Doubs. Deux camarades de classe ? Non, lui était intervenant, elle étudiante. Entre deux cours, Raibed rejoint la jeune femme pour lui dire tout ce qu’il pense d’elle, à savoir beaucoup de bien. C’est le coup de foudre. Cinq jours après, Raibed demande Fatiha en mariage. Un mois plus tard, en novembre 2014, ils deviennent officiellement mari et femme. Une vie à mille à l’heure. Laquelle sera stoppée net à l’arrivée de la pandémie. Les entrepreneurs voient leur projet s’écrouler.

S’ensuivent, pour rebondir, les réseaux sociaux, des rencontres, de l’audace et du travail. Pap et Pille redécolle, très vite. Un véritable ascenseur émotionnel. Les amoureux ont aussi fondé une famille, et élèvent leurs deux petites filles, âgées de quatre et deux ans et demi.

Entretien avec le père, Raibed.

Avant Pap et Pille, il y a une rencontre, avec Fatiha…

Une rencontre ? Un coup de foudre tu veux dire ? Fatiha finissait ses études pour devenir infirmière. Et moi, j’étais intervenant en tant qu’infirmier. Dans l’amphi, je ne faisais cours que pour elle. À la pause, je décide d’aller lui parler et de lui dévoiler ce que je ressens. Soulagé, le coup de foudre est réciproque ! Au bout de cinq jours, je la demande en mariage. Fatiha accepte. La rencontre en octobre 2014… en novembre, de la même année, on se mariait ! Tout est allé très vite, mais pourquoi attendre ? La preuve, je ne me suis pas trompé, nous sommes toujours ensemble et avons eu, depuis, deux filles – l’une a quatre ans, l’autre deux ans et demi.

Quelles étaient vos ambitions personnelles avant l’entrepreneuriat ?

Fatiha voulait devenir médecin. Mais l’environnement dans lequel elle a grandi a freiné ses ambitions. Dans une fratrie de dix enfants, elle la cadette, elle se devait de ramener à manger. Ses parents ne roulaient pas sur l’or et ont dû, nombre de fois, se rendre au Secours populaire. Elle a quand même réussi à obtenir son diplôme d’infirmière. Moi, j’ai un double diplôme : de cuisinier et d’infirmier. Je voulais être infirmier. Une seconde famille pour moi. Car je suis né avec un handicap physique : j’avais un fémur plus petit que l’autre, presque divisé par deux. Je passais la plupart de mon temps à l’hôpital et faisais des cours via le Cned. Bref, j’ai vécu avec les infirmiers, donc je souhaitais à mon tour donner de mon temps et aider les autres.

Pap et Pille

Puis, les prémices de Pap et Pille…

Pap et Pille n’existerait sans doute pas sans nos voyages. Tous ces pays qui nous inspirent au quotidien pour travailler nos recettes. En trois ans, on a parcouru une trentaine de pays. Tu as deux minutes ? L’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Angleterre, la Finlande, le Portugal, les Émirats, la Chine, l’Inde, la Thaïlande, le Brésil, le Pérou, le Canada, l’Irlande, l’Égypte, le Sénégal… Entre autres. Pas encore les États-Unis car on souhaite faire ce voyage avec les enfants. On se débrouillait, on dormait chez les gens, on dénichait les bons plans, on voyageait pas cher.

On faisait tourner un globe terrestre pour choisir la destination ! Tous ces pays constituent une mine d’or pour goûter à des gastronomies diverses. Fatiha a ensuite créé une page Facebook, en 2018 pour partager notre passion. Petit à petit, nos amis nous réclament nos biscuits du monde, un couple nous sollicite pour leur mariage. C’est le déclic. On comprend avec Fatiha que ces biscuits-là, on peut en faire un business. On lance Pap et Pille en février 2019.

Vous avez eu une relation compliquée avec les banques, elles ne croyaient pas en vous ?

Un mec d’HEC qui aurait eu le même projet que nous, on lui aurait déroulé le tapis rouge. Pour les banquiers, nous faire confiance était trop risqué.

On réalisait les premières recettes directement chez nous. À la main. On faisait tout au départ dans notre cuisine, y compris la recherche et développement. Mais pour grandir, il fallait que l’on s’équipe de machines. Celles qui permettraient de confectionner nos biscuits sous un format pop-corn. On voulait aussi avoir notre propre usine. Évidemment, tous ces projets se financent. Avec Fatiha, on décide d’aller voir les banques pour obtenir un crédit. Toutes nous tournent le dos. Les banquiers savent que le secteur du biscuit se montre ultra-concurrentiel. Et surtout, il y avait déjà de grandes pointures en place.

Personne ne misait sur nous. À côté de ça, on n’a pas fait de grandes études. On n’avait pas le profil classique des entrepreneurs qui sortent des écoles de commerce. Un mec d’HEC, qui aurait eu le même projet que nous, on lui aurait déroulé le tapis rouge. Pour les banquiers, nous faire confiance était trop risqué. Sans compter qu’à l’époque, je n’étais pas aussi à l’aise que maintenant, je bafouillais, je ne maîtrisais pas les codes. Bref, on ne nous prenait pas au sérieux. Alors il a fallu se débrouiller. Comment ? Vendre notre maison, tout simplement. Au plus grand regret de nos parents, qui ne comprenaient pas.

Vendre une maison pour créer une entreprise, pour eux c’était de la folie, ni plus ni moins. L’entrepreneuriat n’est pas inné dans nos milieux, ils préféraient nous voir en CDI, synonyme de sécurité, de stabilité financière. Ils ont fini par comprendre. Grâce aux fonds dégagés, on a pu se créer une usine, en Haute-Savoie. On franchit un cap. Notre production s’industrialise.

Comment avez-vous traversé la crise covid ?

Ne me dis pas qu’on a vendu notre maison pour retomber à zéro ? Voilà ce que je me suis dit pendant la période covid. Les ventes ont vraiment commencé à décoller en septembre 2019. Je m’étais fixé dans le business plan 2 000 euros de chiffre d’affaires (CA) pour ce mois de septembre, on fait 10 000. Pareil pour octobre. Puis 13 000 euros en novembre. C’était au-delà de nos espérances. On décroche notre premier magasin, un Super U à Bonne (Haute-Savoie, ndlr). On faisait aussi des ateliers de dégustation, les produits partaient bien. Puis arrive, en mars 2020, la pandémie. Finis les ateliers de dégustation car tout est fermé. On décollait, et voilà que notre CA est réduit à néant. Tous ces risques pris pour rien… On s’est remis en question mille fois.

Le projet entrepreneurial roulait au ralenti, et en parallèle j’ai renfilé la blouse d’infirmier pour soulager les collègues en pleine crise sanitaire. Et puis, en juin, Fatiha a l’idée de créer un site Internet. On le met en place en une nuit. Une fois le site créé, comment ramener du trafic ? Fatiha prépare un texte calibré qui résume la galère dans laquelle on se trouve. C’est vraiment un appel à l’aide. On envoie notre texte à des personnalités qui ont une forte notoriété : Moundir, Arthur, Manu Payet ou encore Vanessa Demouy. Ils nous répondent positivement. Moundir nous demande de lui livrer des biscuits. Il les goûte, aime, et en parle… 5 000 euros de CA en 24 heures! Une instragrammeuse food très connue, Marjosamira, parle aussi de nous, on redécolle.

Le tournant BFM Business, racontez-nous…

Pap et Pille survit à la crise. Certes. Mais l’on veut se développer davantage et lever des fonds. On a compris l’importance des réseaux sociaux durant l’épisode covid. On se met aussi sur LinkedIn pour tout raconter. Une journaliste de BFM Business, Lorraine Goumot, nous repère, notre histoire la touche, elle nous invite dans son émission, pour sa séquence La pépite. Je monte à Paris en voiture. Je dors dedans, au pied du plateau. J’essaie d’être présentable, un minimum.

Le tournage se passe très bien. Puis, Lorraine Goumot me conseille de me tourner vers Anthony Bourbon (fondateur de Feed, lire son odyssée dans ÉcoRéseau Business n°87, ndlr) pour notre levée de fonds. Je ne connais pas ce monsieur. Elle me laisse son adresse e-mail, moi je veux le numéro de téléphone. Je me renseigne sur Bourbon et lui passe un coup de fil. Il me répond : « C’est Chronopost ? », je ne sais pas ce qu’il me passe par la tête, je réponds « oui, c’est le livreur » ! Je prépare un colis Pap et Pille, je me dirige vers son entreprise et précise à l’accueil que j’ai un colis à remettre en mains propres à Anthony Bourbon. Je l’ai en face de moi, je lui explique tout, sans filtre, je patiente et il m’accorde quinze minutes. Il apprécie ma démarche et investit 300 000 euros. Oui, 300 000 euros…

Que retenir de l’émission Qui veut être mon associé ? présentée sur M6, à laquelle vous avez participé ?

C’est Moundir qui m’a conseillé de passer le casting de Qui veut être mon associé ? Avec Fatiha, on ne le dit à personne, même pas à Anthony Bourbon, investisseur chez nous. On réussit le casting. Bourbon m’appelle un peu plus tard, il m’informe qu’il fera partie du jury de l’émission, je trouve que c’est chouette ! « Non pas du tout », me répond-il, le jury ne doit pas connaître les entreprises qui se présentent à l’émission. Je dois rapidement en informer la production. Laquelle se montre réticente, car ça cassera la visée de l’émission, on se fait blacklister. Je raconte cette histoire à Moundir qui en parle à Arthur, pour lui non plus ce n’est pas normal – car il apprécie notre histoire et l’entreprise.

La production trouve une solution, Bourbon ne sera pas membre du jury pour la séquence Pap et Pille. En revanche, on a quatre jours à peine pour se préparer. On cherche des costumes. Qui ressortiront à l’écran, on le sait la télé repose beaucoup sur l’apparence. On se doit de marquer le coup. On essaie des costumes de pilotes d’avion avec Fatiha, bingo ! Ces costumes rappelleront nos voyages, soit le début de Pap et Pille. On révise H24 nos pitchs pour convaincre le jury d’investir. On fait l’émission, on parvient à retenir l’intérêt de Jean-Pierre Nadir. Le soir de notre diffusion sur M6, en janvier 2022, on réalise 100 000 euros de CA les heures qui suivent. Sans compter l’effet visibilité… beaucoup de gens ont connu Pap et Pille sur M6.

Pap & Pille-Biscuits

Donc Pap et Pille, aujourd’hui, ça va mieux ? Et demain ?

Aujourd’hui, oui. On boucle l’exercice 2022 avec plus de 900 000 euros – dont 16% sur notre site Internet. Presque le million. Cinq collaborateurs travaillent pour nous et deux agences (une de communication et une d’acquisition). Ainsi que des commerciaux indépendants. On produit entre trois et quatre tonnes de marchandises tous les mois et l’on propose quatre gammes de produits. On distribue dans 235 magasins Monoprix, une centaine pour Monop’, 215 pour Franprix, une quarantaine pour Carrefour Market, 30 pour Leclerc, 15 pour Intermarché. Une grande collaboration avec Auchan est en cours, ainsi qu’avec TotalÉnergies et 2 000 stations-service.

Sans oublier les épiceries fines et dark stores. En 2023, on vise 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et une collaboration avec trois nouvelles unités de production, en plus de celle d’Aix, à Laval, Châteauroux et Toulon. On s’apprête à recruter sept nouveaux collaborateurs, dont un directeur commercial. L’aventure Pap et Pille ne fait que commencer, tout reste à faire !

Raibed sur LinkedIn, ça donne quoi ?
À en croire les données de Favikon, fin 2022 Raibed Tahri se hisse au 40e rangdes meilleurs créateurs LinkedIn France. Parmi les critères pris en compte : le contenu (en termes de fond) ou encore le taux d’engagement. Raibed devance des personnalités comme Hapsatou Sy ou des chefs d’entreprise comme Michel-Édouard Leclerc et Alexandre Bompard (Carrefour). Le co-fondateur de Pap et Pille atteint même la 7ème place si l’on retient uniquement la catégorie entrepreneurs ! Raibed fait aussi partie du classement « LinkedIn Top Voices Entrepreneuriat », dévoilé mi-octobre.

Et concrètement, avec Fatiha, qui fait quoi dans l’entreprise ? Vous vous complétez ?

Fatiha est présidente, moi directeur général. Ma femme s’occupe de la production, des ressources humaines, de l’administration, de la recherche et développement, de la comptabilité. Et moi de la communication et du marketing. Je le sais, sans Fatiha, j’aurais déjà coulé la boîte ! Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, environ quatre ou cinq jours par mois, pour planifier les contenus sur Instagram. Et sur LinkedIn, là j’y passe deux ou trois heures par jour, le réseau nous le rend bien. Mais globalement, Fatiha, oui, est plus pondérée. Elle m’a sauvé la vie car elle m’a fait prendre conscience que ce que mes professeurs ont toujours pointé du doigt, mon énergie débordante notamment, constituait une force pour entreprendre.

Et l’entreprise ne vous prend pas trop de temps sur votre vie de famille ?

On essaie de garder du temps pour nos deux filles, c’est essentiel. Pap et Pille, on le vit en permanence, il n’y a pas de pause. Mais parfois, on a quelques avertissements. Je me souviens, à nos débuts, on faisait pas mal d’ateliers de dégustation. Intermarché me contacte pour en faire un, c’est à Lyon. Fatiha est enceinte. Je prends le risque d’y aller. Si la petite arrive, je reviens tout de suite. Mais j’y vais. Je suis dans le magasin, Fatiha m’appelle une première fois, je ne réponds pas je suis avec une cliente. Elle me rappelle une seconde fois, elle arrive, me dit-elle. Je ne comprends pas tout de suite. « Ta fille arrive, bouge-toi, vite ! » Fatiha perdait les eaux. La voisine emmène ma femme à l’hôpital pour accoucher.

Je suis dans ma voiture, seul. Je m’en veux, cette entreprise va me faire rater l’un des plus beaux jours de ma vie, la naissance de mon enfant. Je suis en pleurs dans la voiture.

Heureusement, j’arrive à temps et ne rate pas l’accouchement. L’entreprise compte beaucoup pour moi. Énormément même. Mais la famille reste la famille. Quand ton frère t’appelle pour te dire que papa a fait un AVC, tu lâches toutes les machines et l’usine pour lesquelles tu as tout sacrifié et tu rejoins ton père à l’hôpital. J’ai veillé sur lui. Le directeur de l’hôpital voulait que je parte, mais je restais quasi H24 auprès de lui… Je suis infirmier, je sais que vous n’avez pas le temps, alors je m’occupe, moi, de mon papa. Il se réveille et son état s’améliore. C’est lui qui me donne le feu vert pour repartir. Pas l’inverse.

Pap & Pille

C’est quoi le plus difficile, quand on vient « d’en bas » comme vous deux, pour percer et réussir ?

Nous, on a eu de la chance par rapport aux autres, on avait une maison, c’est-à-dire quelque chose à sacrifier. C’était déjà ça. Certes, on ne pouvait pas aller voir nos parents pour qu’ils nous donnent un coup de pouce financier, mais on avait cette maison, vendue pour faire décoller Pap et Pille. Mais le plus difficile, c’est le réseau, le manque de réseau au départ.

Alors que c’est l’ingrédient le plus essentiel pour réussir. Mon conseil aux entrepreneurs qui hésitent : faites des salons et du networking, allez à des événements, rencontrez des gens ! Au départ, on ne savait pas réseauter, on n’avait pas forcément les codes, mais on y allait avec audace car on croit en notre projet. Je crois à la méritocratie. Maintenant, dans les salons, les gens nous reconnaissent, viennent nous voir. Et, surtout, je n’hésite pas à rendre la pareille, c’est-à-dire aider les entrepreneurs en difficulté. Car je ne veux pas ressembler à ceux que je dénonce.

Et surtout, on est dans le pays qui accompagne le plus les entrepreneurs. La BPI, la CCI, les réseaux Initiative et Entreprendre. Il faut les contacter et s’ils ne répondent pas – très sollicités–, insistez ! Vous trouverez dans ces organismes des gens engagés et passionnés par l’entrepreneuriat. Depuis, j’ai eu la chance de rencontrer le président de la République Emmanuel Macron, Patrice Bégay et Nicolas Dufourcq (BPI) et Dominique Restino (CCI). Ils sont aujourd’hui des soutiens incroyables dans notre aventure.

Vous avez multiplié les coups d’audace pour arriver là où vous en êtes, c’est quoi la limite ? Quelque chose où vous vous diriez : là c’est trop, quand même…

Quand c’est pour la bonne cause, pas de limite ! Enfin la loi bien sûr, évidemment. Oui, pour certains, comme nous avec Fatiha, on doit en faire dix fois plus pour réussir. Ce n’est pas grave, on sera alors dix fois plus efficace. Notre envie de réussir est multipliée ! J’ai plutôt un esprit positif et un regard optimiste sur les choses et les événements. Et ça semble, jusqu’à présent, plutôt bien nous réussir.

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel et Jean-Baptiste Leprince

À retrouver également dans ce numéro :

Notre grand dossier orienté cyberattaques : comment les entreprises peuvent-elles lutter contre ce fléau du XXIe siècle ?

Parmi nos autres sujets : entreprendre en régions (les atouts ne manquent pas dans les territoires), ou encore un focus sur la Coupe du monde de football au Qatar – rarement un événement sportif n’avait autant divisé !

Découvrir le magazine

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.