Anthony Martin’s Misse : L’entrepreneuriat hyperactif pour dépasser le handicap

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Groupe TRG

Anthony Martin’s Misse n’a que 32 ans, mais il a déjà connu plusieurs vies. De judoka paralympique à entrepreneur compulsif en passant par chroniqueur et même DJ, l’inaction ne fait pas partie de son vocabulaire. Et son handicap, une cécité totale depuis l’âge de sept ans, est loin d’être un frein à sa vie haute en projets. Anthony Martin’s Misse n’a plus la vue, mais il a une vision, une volonté permanente de mener sa barque comme il l’entend. En toute liberté.

Il multiplie les casquettes et les responsabilités. Ou, comme il aime à le dire avec malice, «plutôt multilunettes (de soleil), je ne suis pas très casquette». Car ses lunettes teintées ne le quittent jamais, toujours nichées sur son nez. Anthony Martin’s Misse est aveugle depuis l’âge de sept ans. Qu’importe, «pour quelqu’un qui n’a pas de regard, j’ai une vision», lance l’entrepreneur. Le handicap est une chose, la volonté d’entreprendre, de tracer son chemin et de dévorer la vie à pleines dents en sont d’autres qui caractérisent bien mieux notre entrepreneur invétéré. De sportif de haut niveau à chef d’entreprise multilunettes en passant par DJ et musicien, Anthony Martin’s Misse ne s’est jamais arrêté. L’immobilisme, il ne connaît pas. L’esprit de compétition et la soif de projets et de réussite, il a ça dans le sang. Une personnalité qui s’est notamment forgée au gré de sa carrière de sportif de haut niveau. Membre de l’équipe de France de judo paralympique et vainqueur de deux titres de champions du monde junior, le bonhomme ne faisait pas dans la figuration. «Le judo, c’est ma famille», dit-il. Cette carrière de haut niveau prend fin en 2007 – mais pas cette idylle car notre électron libre est toujours investi –, lorsque le judoka doit choisir entre passer d’importants partiels à l’université et participer à des championnats d’Europe. 

À l’époque, sport étude et handicap ne font pas bon ménage. Il choisit la raison et ses partiels, et est sanctionné lourdement par la fédération handisport. Une injustice difficile à digérer. Mais une simple épreuve de plus. Après le sport et sa démission de l’équipe, place à l’entrepreneuriat.

Cascade de projets

«L’épisode de ma sanction sportive ne m’a pas donné la hargne d’entreprendre, hargneux je le suis depuis longtemps», lance Anthony. Sa carrière d’entrepreneur commence par la création d’une agence de communication, première affaire. Viennent ensuite plusieurs projets, jusqu’au lancement, en 2017, du Groupe TRG avec son associé Johann Simone. À l’origine, TRG accompagne marques et foncières dans la création de nouveaux commerces. Très vite, les deux associés font le choix de ne pas se verser de salaire la première année, et d’investir dans des projets ambitieux. Aujourd’hui, le groupe en porte toute une série, d’une société de conciergerie virtuelle à une marque de parfum et de luxe en passant par une marque de désinfectant hydroalcoolique, cette dernière en association avec Didier Roche, cofondateur des restaurants Dans le noir. Ainsi que Vioo! un projet qui ambitionne de révolutionner le guidage pour aveugles et malvoyants en décrivant avec précision le bâtiment et le lieu qui entoure la personne grâce à des technologies de télémétrie laser et d’imagerie photo. «J’ai constaté que les solutions étaient coûteuses et peu précises. J’ai ensuite découvert la technologie exploitée par My digital building – une des filiales du groupe – et ai tout de suite imaginé une adaptation pour le guidage», résume notre électron libre. Vioo! est donc né en 2019, et déjà une première mouture de l’application est en phase d’expérimentation. Un projet qui anime Martin’s Misse: «Ce genre de projets n’était pas mon ambition première, mais j’ai vite compris son potentiel impact social et sur ma propre autonomie. L’échec n’est pas une option. Sur les cinq prochaines années, c’est le projet que je vais porter avec force.»

Entrepreneuriat et liberté

L’ancien judoka n’est pas avare de formules: «J’aime me définir comme un entrepreneur aux 1 000 rêves et autant de projets.» Surtout, son handicap n’est pas un poids ou une barrière, «c’est une motivation, c’est parce que j’ai un handicap que je vais croquer le monde, plus on me dit que je ne vais pas pouvoir, plus je vais le faire. J’emmerde qui me dit non, si je me plante ce n’est pas grave, j’apprends», lance-t-il avec fougue. Pour autant, notre chef d’entreprise reste lucide: «Quand on voit que 20% de la population en situation de handicap est au chômage, que 75% de la population déficiente visuelle est au chômage, on se dit effectivement qu’il y a un problème.» Il reste toujours plus compliqué pour une personne en situation de handicap de se faire une place, même si des organismes tels que H’up Entrepreneurs œuvrent pour la diversité dans le monde de l’entreprise.

L’entre-soi et le code de la peur qui dissuadent d’entreprendre, très peu pour Anthony Martin’s Misse. Son groupe est un véhicule pour ses projets et son entrepreneuriat est une échappatoire, lui qui se dit inadapté au salariat. La liberté, une valeur fondamentale et cardinale pour notre patron aux lunettes noires. La liberté d’entreprendre, de réussir, de se tromper, de mener sa vie et ses projets comme il l’entend. Associez le tout à un entrepreneuriat hyperactif, à de très jolies réussites et à des projets prometteurs – dont quelques-uns avec EcoRéseau Business où son appétit sans limite le conduira, peut-être, à nous partager régulièrement sa vision éclairé – , et vous avez… un modèle d’électron libre.

Adam Belghiti Alaoui

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