Temps de lecture estimé : 4 minutes

Elle n’épargne aucun pays. L’inflation mondiale s’offre une tournée internationale en 2022. Premier moteur de la flambée des prix : la guerre. Le conflit ukrainien fait exploser le cours de l’énergie sur tout le globe puisque la Russie reste le deuxième pays producteur et exportateur de pétrole dans le monde. L’envahissement du grenier de l’Europe fait grimper le prix du blé et les sanctions prises à l’encontre de Moscou font sombrer les pays dépendants des importations russes. Au contexte géopolitique instable s’ajoutent la fin de la crise pandémique, les aléas climatiques qui endommagent les cultures, les pénuries… Au deuxième trimestre de 2022, plus aucun secteur n’est épargné. La crise mondiale inflationniste atteint des niveaux historiques et le feu n’est pas près de mourir.

 

ÉTATS-UNIS : 6,3 %

Dans un contexte d’inflation mondiale, même un léger recul est bon à prendre. Au mois de mai, les États-Unis enregistrent une inflation à 6,3 % sur un an, contre 8,5 % au mois de mars selon le département du Travail. Des chiffres qui entachent la présidence de Joe Biden, considéré comme responsable de l’augmentation des prix. « Je veux que tous les Américain·es sachent que je prends l’inflation très au sérieux et que c’est ma priorité numéro un en politique intérieure », a assuré le président lors d’une conférence à Washington mardi 10 mai.

Les mesures : à l’approche des élections de mi-mandat, le démocrate défend son programme : « Mon plan s’attaque à l’inflation et fait croître l’économie en réduisant les coûts pour les familles, en accordant des augmentations bien méritées aux travailleurs, en réduisant le déficit à des niveaux historiques et en obligeant les grandes entreprises et les Américains les plus riches à payer leur juste part. »

 

Mexique : 7,45 %

Sur les terres de la quinzième économie mondiale, l’inflation atteint son plus haut niveau depuis vingt ans, en mars, 7,45 %. Un désastre social pour un pays qui compte 43,9 % d’habitant·es sous le seuil de pauvreté. Pour tenter de contenir la flambée des prix, le gouvernement a déjà mis en place des subventions pour le secteur des combustibles, une distribution d’engrais pour pallier les sanctions prises contre la Russie et l’augmentation de la production de maïs, riz et haricots, principales denrées alimentaires du pays.

Les mesures : pour sauvegarder le pouvoir d’achat de sa population, le président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, a annoncé avoir trouvé un accord « de bonne volonté » avec le secteur privé pour bloquer les prix de vingt-quatre produits de première nécessité. « Il ne s’agit pas d’un contrôle des prix. C’est un accord, une alliance pour garantir que le panier des aliments de base soit à un juste prix », a-t-il affirmé.

 

Brésil : 12,13 %

Une conséquence directe de l’explosion des prix du pétrole mais aussi de l’alimentation qui ont grimpé de 2,06 % ce même mois. Dans le même temps, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a décidé d’exclure Bento Albuquerque, ministre des Mines et de l’Énergie de son gouvernement en raison de désaccords au sujet des prix des combustibles qui ne cessent d’augmenter.

Les mesures : le Brésil n’en finit plus de relever son taux directeur. Pour la dixième fois depuis mars, la Banque centrale du Brésil a procédé à sa réévaluation d’un nouveau point. Désormais fixé à 12,75 %, il n’égale pas encore le record de février 2017 (13 %). Des mises à jour rendues nécessaires par la hausse de l’inflation qui a atteint les 12,13 % au mois d’avril, soit son plus haut niveau depuis octobre 2003.

 

Kenya : 6,47 %

Pas d’exception pour l’Afrique. Au Kenya, l’inflation atteint 6,47 % au mois d’avril. Les produits d’alimentation sont les premiers touchés, notamment ceux provenant des cultures locales en raison des sanctions sur l’engrais russe.

Les mesures : pour tenter de soutenir sa population, le président a annoncé l’augmentation du salaire minimum de 12 %.

 

Turquie : 69,97 %

Record absolu pour la Turquie. L’inflation explose et atteint 69,97 % sur un an en avril selon les chiffres officiels. Conséquence de l’effondrement de la livre turque mais aussi de l’augmentation des cours de l’énergie. Le pays n’a toutefois pas augmenté son taux directeur depuis la fin de l’année 2021. Pire, certains économistes indépendant·es accusent l’institution officielle des statistiques de grandement sous-estimer les chiffres de l’inflation. Le Groupe de recherche sur l’inflation (Enag) estime à 156,86 % l’inflation de la Turquie sur un an. Grand écart…

Les mesures : néant…

 

Grande-Bretagne : 9 %

En 30 ans, la vie des Britanniques n’a jamais été aussi chère. Et la situation ne devrait pas s’arranger. Pire, selon les prévisions de la Banque d’Angleterre, l’inflation pourrait atteindre « un peu plus de 10 % » en octobre 2022. Au mois de mai, l’inflation atteignait 9 % sur un an.

Les mesures : la Banque d’Angleterre a augmenté son taux directeur de 0,25 point, à 1 % jeudi 5 mai. Il s’agit de la quatrième hausse de la banque centrale britannique pour contrer l’inflation record qui mine le Royaume-Uni.

 

Allemagne : 8,7 %

L’institut fédéral Destatis a annoncé une inflation record de 8,7 % sur un an au mois de mai en Allemagne. Soit une augmentation des prix à la consommation de 0,1 point par rapport à mars. L’inflation n’a jamais été aussi importante depuis la réunification du pays en 1990. Les prix ont globalement augmenté de 0,8 % en avril. L’arrêt des importations énergétiques pourrait faire grimper l’addition à 10 % en 2022.

Les mesures : une, spectaculaire, la réduction de la taxe sur les carburants et la quasi-gratuité des transports en commun pendant trois mois. Les Allemand·es voyageront dans les transports en commun pour le prix de 9 euros par mois.

 

Russie : 17,8 % 

Selon un rapport sur l’Europe, publié par le Fonds monétaire international (FMI), l’inflation en Russie devrait dépasser les 17,8% en 2022. Et c’est « l’épine dorsale » de Moscou qui est attaquée : « L’Allemagne et de nombreux pays de l’UE ont effectivement commencé à sevrer leurs économies des sources d’énergie russes. » Selon le FMI, dans les prochaines années, la demande en pétrole et gaz naturel russes pourrait chuter de 60 à 70 %. Des estimations qui correspondent aux données de la Banque centrale russe datée du 21 avril 2022. Les analystes estiment que l’inflation devrait atteindre 22 % cette année en conséquence des sanctions prises par les pays occidentaux à l’encontre de la politique de Poutine.

Les mesures : « Il faut créer une (nouvelle) infrastructure, nous en avons les moyens mais cela prendra aussi du temps. Les difficultés apparaissent dans tous les secteurs, dans les grandes comme les petites entreprises », a annoncé Elvira Nabioullina, présidente de la banque centrale devant les députés russes.

 

Japon : 1,2 %

Le pays du Soleil levant tire quelque peu son épingle du jeu. Sur un an en mars, les prix à la consommation n’ont augmenté que de 0,8 % – un chiffre qui exclut néanmoins les produits frais et l’énergie. Au total, l’inflation s’établit à 1,2 % et devrait monter jusqu’à 2 % dans les prochains mois.

 

Chine : 2,1 %

Avec le retour de la covid et les restrictions sanitaires, la Chine voit, elle aussi, l’inflation s’accélérer sur son territoire. En avril, l’indice des prix à la consommation a pris 2,1 % sur un an contre 1,5 au mois de mars d’après le Bureau national des statistiques. Sur un mois, les prix augmentent de 0,4 % et, selon les économistes, il s’agit de la plus forte accélération de l’inflation mondiale depuis fin 2021. Les augmentations de prix résultent directement de la nouvelle vague qui frappe le pays depuis quelques mois, en raison de pénuries dues aux achats de panique des habitant·es.

Les mesures : elles sont au nombre de 33, prises par l’exécutif du Conseil des affaires d’État pour « stabiliser l’économie ». Xi a ordonné aux départements gouvernementaux de réagir avant la fin du mois de fin mai et le Conseil des Affaires d’État missionne des groupes de travail dans douze provinces pour superviser le travail local. À la chinoise…

 

Sommaire :

  1. La France au défi du plein-emploi
  2. La hausse des salaires ou le triomphe du « oui, mais… » 
  3. « L’inflation est structurelle, non transitoire »
  4. L’inflation incendie toutes les Bourses

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.